Archives par mot-clé : père

 

Toucher par la foi – St Augustin d’Hippone

      C’est curieux: à la femme pleine de foi qui est venue chercher le corps de son Seigneur, qu’il ne lui fut pas possible de trouver dans le tombeau, le Seigneur Jésus Christ a dit: Ne me touchez pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père (Jn 20, 17). Ne voulait-il donc pas se laisser toucher avant d’être monté vers son Père? Mais il n’était pas encore monté vers son Père lorsqu’il disait à ses disciples: Voyez mes mains et mes pieds: c’est bien moi! Touchez-moi, regardez (Lc 24, 39). Il s’opposait à ce qu’on le touchât, mais il se laissait palper!

      Et pourtant, parce qu’il aimait, il se laissait bien toucher. Le Seigneur Jésus Christ siège dans le ciel, à la droite du Père, mais il souffre aussi sur la terre. Il est au ciel, mais ses membres sont ici. Il est au ciel, celui qui viendra juger les vivants et les morts; mais en même temps il est parmi les siens, dont il dira: Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (Mt 25, 40).

      Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Qu’est-ce à dire? Qu’on touche mieux le Christ par la foi que par la chair. Toucher le Christ par la foi, c’est le toucher en toute vérité.

St Augustin d’Hippone (+430),
Père de l’Église

 

Si cela dépendait de lui seul… St Jean Chrysostome

      Quant à siéger à ma droite et à ma gauche, il ne m’appartient pas de l’accorder (Mt 20, 23). Le Christ montre que ce n’est pas à lui seul d’accorder, mais aux combattants de conquérir. Si cela dépendait de lui seul, tous les hommes seraient sauvés et parviendraient à la connaissance de la vérité; si cela dépendait de lui seul, il n’y aurait pas de récompenses différentes, car il a créé tous les hommes et prend soin de tous également.

      Comme Jacques et Jean jouissaient d’une grande amitié et d’une grande liberté de parole, ils croyaient qu’ils seraient mieux traités que les autres, mais pour qu’en imaginant cela ils ne tombent pas dans la négligence, il les détourne de cette idée en leur disant: Ce n’est pas à moi de vous l’accorder, c’est vous, si vous le voulez, qui devez le conquérir et cela pour que vous montriez plus d’ardeur, que vous fassiez plus d’effort, que vous ayez beaucoup de zèle; c’est en effet selon les actes que je donne les couronnes, selon les efforts, les honneurs, selon la peine, les récompenses; pour moi, la meilleure recommandation auprès de moi, c’est la preuve par les actes.

St Jean CHRYSOSTOME (+407)
Père de l’Église, archevêque de Constantinople



Prière du Vieillard – St Ephrem

      Seigneur Jésus-Christ, Roi des rois, qui as puissance sur la vie et sur la mort; tu connais ce qui est secret et caché, ni nos pensées ni nos sentiments ne sont voilés pour toi. Guéris mes menées, j’ai fait le mal en ta présence.

      Voici que ma vie décline de jour en jour, et mes péchés ne font que croître. Ô Seigneur, Dieu des esprits et des corps, tu connais l’extrême fragilité de mon âme et de ma chair. Accorde-moi, Seigneur, la force dans ma faiblesse, et soutiens-moi dans ma misère.

      Tu sais que j’ai été pour beaucoup un sujet d’étonnement, tu es mon puissant soutien. Donne-moi une âme reconnaissante; que sans cesse je me souvienne de tes bienfaits, Seigneur plein de bonté. Ne garde pas la mémoire de mes nombreux péchés, mais pardonne toutes mes forfaitures.

      Seigneur, ne dédaigne pas ma prière – une prière de misérable – conserve-moi ta grâce jusqu’à la fin; qu’elle me garde comme par le passé. C’est elle qui m’a enseigné la sagesse: bienheureux ceux qui empruntent ses chemins, car ils recevront la couronne de gloire.

      Seigneur, je te loue et te glorifie, malgré mon indignité, parce que ta miséricorde à mon égard n’a pas eu de borne. Tu as été pour moi aide et protection. Que le nom de ta majesté soit loué à jamais!

      A toi, ô notre Dieu, la gloire!

St EHREM (+373) – Père de l’Église.
Prières des premiers chrétiens, prière n°267
A. HAMMAN o.f.m.



Méditation autour du « Notre Père »

Méditation autour du « Notre Père » avec la Communauté Saint-Martin

La Communauté Saint-Martin

La Communauté Saint-Martin est une association de prêtres et de diacres séculiers au service de l’Église, vivant leur apostolat en commun. Elle répond aux besoins des évêques désireux de leur confier des missions apostoliques variées: paroisses, sanctuaires, aumôneries de collèges et d’internat, maisons de retraites… www.communautesaintmartin.org

Notre Père qui es aux cieux

Méditation

Dieu est « Père »: il est une vraie personne en relation avec nous. Être père signifie être proche. Du coup, dire qu’il est « aux cieux » signifie non pas que Dieu est par-delà les nuages mais que le ciel se trouve partout où l’amour de Dieu est présent. Et même seul dans une chambre fermée, le chrétien ne dit pas « Mon Père », mais « Notre Père », car il a conscience que c’est ensemble et dans le Christ que tous les baptisés sont enfants du même Père.

Par le baptême, nous avons reçu l’Esprit qui fait de nous des fils adoptifs et par lequel nous crions: « Abba, Père! ».

Que ton nom soit sanctifié

Méditation

Dieu veut avoir un Nom, car il ne veut pas rester incognito: il révèle son Nom pour que nous puissions nous adresser à lui. Ce cadeau demande à être honoré, nous sanctifions son Nom en l’adorant. Et en retour l’adoration nous sanctifie. La sainteté des enfants manifeste celle du Père: « Soyez saints parce que moi je suis saint » (Lv 11, 44).

Portons dignement notre nom de chrétien et montrons à nos frères la sainteté de Dieu en adorant chaque jour Notre Père.

Que ton règne vienne

Méditation

Nous appelons le règne de Dieu, qui n’est pas une domination, mais le rayonnement de son Coeur de Père. Le règne de Dieu c’est la vie, l’amour, la paix et la joie de Dieu répandus dans nos coeurs. C’est ce en quoi consiste la Bonne Nouvelle apportée par le Christ. Ce règne nous ne pouvons que l’appeler chaque jour et pour toujours: vouloir tout ce que Dieu veut, le vouloir toujours et en toutes circonstances, c’est le règne de Dieu tout au fond de nous. il sera définitivement présent à la fin des temps avec le retour du Christ. C’est notre espérance: viens Seigneur Jésus!

Que ta volonté soit faite

Méditation

Souvent nous demandons au Seigneur: que ma volonté soit faite! Or, Dieu veut infiniment plus et infiniment mieux pour nous que ce que nous pouvons désirer par nos propres forces. S’ouvrir à la volonté de Dieu c’est donc le laisser agir dans notre vie. Car, même s’il est tout-puissant, il a voulu avoir besoin de notre « oui ». Alors il fait des merveilles comme dans la vie de la Vierge Marie, elle qui a dit: « Qu’il me soit fait selon ta parole. »

Mettons notre confiance dans la volonté du Seigneur, qui n’est jamais contre nous, mais qui veut toujours notre plus grand bien!

Sur la terre comme au ciel

Méditation

Tout vient de Dieu. Il a tout créé au ciel et sur la terre. En demandant que sa volonté soit faite partout, nous désirons que rien n’échappe à son amour, qu’il soit tout en tous. En effet, nous peinons à comprendre sa volonté et nous y opposons souvent nos propres projets, nos souhaits et nos idées. Alors la terre ne peut pas devenir le ciel. Et si la terre n’est pas orientée vers le ciel, elle devient un enfer, c’est-à-dire un lieu où est exclu l’amour de Dieu.

Seigneur, fais qu’aucun lieu de cette terre n’échappe à ton amour, et surtout pas mon propre coeur!

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour »

Méditation

Dieu est pour nous un père qui pourvoit à nos besoins les plus fondamentaux: c’est la Providence. Ce pain de chaque jour c’est lui-même qui se donne à nous: l’Eucharistie, vrai Pain de vie, sa Parole, son Église, ses sacrements, sa grâce. Or, si Dieu nous donne, c’est pour que nous donnions à notre tour: nous devons être la Providence de Dieu pour nos frères.

Seigneur, apprends-nous à chercher d’abord le Royaume de Dieu, à recevoir tout par surcroît, et à donner gratuitement à ceux qui attendent de nous!

Pardonne-nous nos offenses

Méditation

L’amour de Dieu pour nous est absolu, unique et sans condition. Aucun péché ne pourra jamais empêcher Dieu de nous aimer, alors même que pécher c’est offenser son amour. Dieu n’attend que notre repentir pour déverser son coeur dans le nôtre en nous offrant sa miséricorde. nous sommes alors purifiés de nos péchés, renouvelés au plus profond de notre âme et rendus capables d’aimer et d’aimer comme Jésus.


Seigneur, donne-nous le désir fréquent de nous confesser: que nous puissions vivre de ta miséricorde et en être les témoins auprès de ceux qui doutent de ton amour!

Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés

Méditation

Si quelqu’un dit: « J’aime Dieu » et qu’il déteste son frère, c’est un menteur: « Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer le Dieu qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20). Qui sommes-nous pour ne pas pardonner à ceux qui nous ont offensés? Sommes-nous plus grands que Dieu, nous qui ne pourrions pas vivre sans sa miséricorde? En effet, quand nous faisons l’expérience du pardon de Dieu, qui nous a aimés le premier, nous sommes rendus capables d’être miséricordieux envers nos frères.

Seigneur, fais-nous la grâce d’aimer pardonner inlassablement à nos frères par amour de toi!

Et ne nous soumets pas à la tentation

Méditation

Satan est l’ennemi de Dieu et donc aussi le nôtre. Il veut nous faire chuter pour faire échec à l’amour de DIeu: c’est la tentation. Jésus à subi ces tentations et les a surmontées. Nous partageons la victoire du Christ lorsque nous ne succombons pas aux tentations: orgueil, mensonge, égoïsme, impureté et vie sans Dieu. Et si nous sommes exposés à la tentation, c’est que Dieu le permet pour nous faire grandir dans l’humilité, la liberté et la sainteté.

Seigneur, donne-nous la force de te choisir et de te rechoisir sans cesse, sûrs que nous ne serons jamais tentés au-delà de nos forces!

Mais délivre-nous du mal

Méditation

Le mal désigne tout ce qui nous détourne de Dieu et détruit peu à peu notre ressemblance à Dieu. Ayant été créés libres, le mal nous rend esclaves. Demander d’être délivrés du mal, c’est reconnaître que nous ne pouvons pas nous en libérer nous-mêmes: nous avons besoin du salut de Dieu donné en Jésus-Christ, mort et ressuscité pour nous.

Seigneur, apprends-nous à discerner le bien du mal, et fais grandir en nous le désir de ton salut

Par notre Amen, donne-nous de confirmer notre foi en toi et notre adhésion à ton amour!

 

Sur le chemin de la Sainteté – Origène

      Il n’est pas vrai, comme certains le pensent, que, dès qu’on devient un saint, on ne puisse pus pécher et qu’on doive, du coup, être considéré comme exempt de péché. Si le saint ne péchait pas, il ne serait pas écrit: Vous prendrez les péchés des saints (Nb 18, 1).

      On appelle saints, – et ce sont aussi des pécheurs – ceux qui se sont consacrés à Dieu et ont soustrait leur vie à l’état commun pour le service du Seigneur.

      Mais il peut arriver que, dans le service même du Seigneur, [le saint] ne se conduise pas en tout comme il le devrait, qu’il se relâche en quelque occasions et qu’il pèche.

      Or celui qui se sépare et se soustrait aux autres activités pour cultiver une science, par exemple la médecine ou la philosophie, ne devient pas, dès qu’il aborde ces disciplines, parfait au point de ne pas commettre d’erreur; bien plutôt, c’est en se trompant maintes et maintes fois qu’il parviendra à grand-peine, un jour, à la perfection; pourtant, dès qu’il s’est adonné à ces études, on le compte sans hésiter au nombre des médecins ou des philosophes.

      Il en va de même pour les saints; à partir du moment où quelqu’un s’engage dans les études de la sainteté, on doit l’appeler saint du fait qu’il s’est proposé de le devenir. Mais comme il commettra nécessairement des fautes en maintes occasions, jusqu’à ce que l’exercice, l’étude et le zèle aient, en lui, retranché l’habitude du péché, on l’appellera aussi un pécheur.

Origène (+ v.254) Père de l’Église

 

La prière est la lumière de l’âme – St Jean Chrysostome

      La prière est la lumière de l’âme

« Le bien suprême, c’est la prière, l’entretien familier avec Dieu. Elle est communication avec Dieu et union avec lui. De même que les yeux du corps sont éclairés quand ils voient la lumière, ainsi l’âme tendue vers Dieu est illuminée par son inexprimable lumière. La prière n’est donc pas l’effet d’une attitude extérieure, mais elle vient du coeur. Elle ne se limite pas à des heures ou à des moments déterminés, mais elle déploie son activité sans relâche, nuit et jour.

En effet, il ne convient pas seulement que la pensée se porte rapidement vers Dieu lorsqu’elle s’applique à la prière; il faut aussi, même lorsqu’elle est absorbée par d’autres occupations – comme le soin des pauvres ou d’autres soucis de bienfaisance -, y mêler le désir et le souvenir de Dieu, afin que tout demeure comme une nourriture très savoureuse, assaisonnée par l’amour de Dieu, à offrir au Seigneur de l’univers. Et nous pouvons en retirer un grand avantage, tout au long de notre vie, si nous y consacrons une bonne part de notre temps.

La prière est la lumière de l’âme, la vraie connaissance de Dieu, la médiatrice entre Dieu et les hommes.

Par elle, l’âme s’élève vers le ciel, et embrasse Dieu dans une étreinte inexprimable; assoiffée du lait divin, comme un nourrisson, elle crie avec larmes vers sa mère. Elle exprime ses volontés profondes et elle reçoit des présents qui dépassent toute la nature visible.

Car la prière se présente comme une puissante ambassadrice, elle réjouit, elle apaise l’âme.

Lorsque je parle de prière, ne t’imagine pas qu’il s’agisse de paroles. Elle est un élan vers Dieu, un amour indicible qui ne vient pas des hommes et dont l’Apôtre parle ainsi: Nous ne savons pas prier comme il faut, mais l’Esprit lui-même intervient pour nous par des cris inexprimables.

Une telle prière, si Dieu en fait la grâce à quelqu’un, est pour lui une richesse inaliénable, un aliment céleste qui rassasie l’âme. Celui qui l’a goûté est saisi pour le Seigneur d’un désir éternel, comme d’un feu dévorant qui embrase son coeur.

Lorsque tu la pratiques dans sa pureté originelle, orne ta maison de douceur et d’humilité, illumine-la par la justice; orne-la de bonnes actions comme d’un revêtement précieux; décore ta maison, au lieu de pierres de taille et de mosaïques, par la foi et la patience. Au-dessus de tout cela, place la prière au sommet de l’édifice pour porter ta maison à son achèvement. Ainsi tu te prépareras pour le Seigneur comme une demeure parfaite. Tu pourras l’y accueillir comme dans un palais royal et resplendissant, toi qui, par la grâce, le possèdes déjà dans le temple de ton âme. »

Saint Jean Chrysostome (+407 Père de l’Église): Homélie du Ve siècle