Archives par mot-clé : âme
Prière à son âme – Grégoire de Nazianze (+ 390) – Père de l’Église.
Prière à son âme
256

Il est temps, ô mon âme, il est grand temps, si tu veux te connaître
toi-même, ton être ou ta destinée.
D’où tu viens, et où il te faut reposer.
Si la vie est ce que nous vivons, ou si nous attendons mieux.
Mets-toi au travail, ô mon âme, il faut purifier ta vie.
Cherche Dieu et ses mystères :
Ce qui fut avant le monde, ce que représente le monde pour toi,
D’où il vient et quelle est sa destinée.
Metz-toi au travail, ô mon âme, il faut purifier ta vie.
Comment Dieu gouverne-t-il et mène-t-il l’univers ?
Pourquoi le mouvement ici et là le repose.
Pour nous, nous sommes emportés par le courant de la vie.
Metz-toi au travail, ô mon âme, ne regarde plus que Dieu.
Ce qui fut mon orgueil, aujourd’hui est devenu ma honte.
Quel est mon lien avec la vie, quelle en est la fin ?
Eclaire mon esprit, dissipe toute erreur.
Mets-toi au travail, ô mon âme, ne succombe pas à la peine.
Grégoire de Nazianze (+ 390) – Père de l’Église.
Prières des premiers chrétiens A. HAMMAN o.f.m.
La prière est la lumière de l’âme – St Jean Chrysostome
La prière est la lumière de l’âme
« Le bien suprême, c’est la prière, l’entretien familier avec Dieu. Elle est communication avec Dieu et union avec lui. De même que les yeux du corps sont éclairés quand ils voient la lumière, ainsi l’âme tendue vers Dieu est illuminée par son inexprimable lumière. La prière n’est donc pas l’effet d’une attitude extérieure, mais elle vient du coeur. Elle ne se limite pas à des heures ou à des moments déterminés, mais elle déploie son activité sans relâche, nuit et jour.
En effet, il ne convient pas seulement que la pensée se porte rapidement vers Dieu lorsqu’elle s’applique à la prière; il faut aussi, même lorsqu’elle est absorbée par d’autres occupations – comme le soin des pauvres ou d’autres soucis de bienfaisance -, y mêler le désir et le souvenir de Dieu, afin que tout demeure comme une nourriture très savoureuse, assaisonnée par l’amour de Dieu, à offrir au Seigneur de l’univers. Et nous pouvons en retirer un grand avantage, tout au long de notre vie, si nous y consacrons une bonne part de notre temps.
La prière est la lumière de l’âme, la vraie connaissance de Dieu, la médiatrice entre Dieu et les hommes.
Par elle, l’âme s’élève vers le ciel, et embrasse Dieu dans une étreinte inexprimable; assoiffée du lait divin, comme un nourrisson, elle crie avec larmes vers sa mère. Elle exprime ses volontés profondes et elle reçoit des présents qui dépassent toute la nature visible.
Car la prière se présente comme une puissante ambassadrice, elle réjouit, elle apaise l’âme.
Lorsque je parle de prière, ne t’imagine pas qu’il s’agisse de paroles. Elle est un élan vers Dieu, un amour indicible qui ne vient pas des hommes et dont l’Apôtre parle ainsi: Nous ne savons pas prier comme il faut, mais l’Esprit lui-même intervient pour nous par des cris inexprimables.
Une telle prière, si Dieu en fait la grâce à quelqu’un, est pour lui une richesse inaliénable, un aliment céleste qui rassasie l’âme. Celui qui l’a goûté est saisi pour le Seigneur d’un désir éternel, comme d’un feu dévorant qui embrase son coeur.
Lorsque tu la pratiques dans sa pureté originelle, orne ta maison de douceur et d’humilité, illumine-la par la justice; orne-la de bonnes actions comme d’un revêtement précieux; décore ta maison, au lieu de pierres de taille et de mosaïques, par la foi et la patience. Au-dessus de tout cela, place la prière au sommet de l’édifice pour porter ta maison à son achèvement. Ainsi tu te prépareras pour le Seigneur comme une demeure parfaite. Tu pourras l’y accueillir comme dans un palais royal et resplendissant, toi qui, par la grâce, le possèdes déjà dans le temple de ton âme. »
Saint Jean Chrysostome (+407 Père de l’Église): Homélie du Ve siècle
L’engagement chrétien – Georges Bernanos
S’engager tout entier… Vous le savez, la plupart d’entre nous n’engagent dans la vie qu’une faible part, une petite part, une part ridiculement petite de leur être, comme ces avares opulents qui passaient, jadis, pour ne dépenser que le revenu de leurs revenus. Un saint ne vit pas du revenu de ses revenus, ni même seulement de ses revenus, il vit sur son capital, il engage totalement son âme. C’est d’ailleurs en quoi il diffère du sage qui sécrète sa sagesse à la manière d’un escargot sa coquille, pour y trouver un abri. Engager son âme! Non ce n’est pas là simple image littéraire. […]
On se dit avec épouvante que des hommes sans nombre naissent, vivent et meurent sans s’être une seule fois servis de leur âme, réellement servis de leur âme, fût-ce pour offenser le Bon Dieu. Qui permet de distinguer ces malheureux? En quelle mesure n’appartenons-nous pas nous-mêmes à cette espèce? La damnation ne serait-elle pas de se découvrir trop tard, beaucoup trop tard, après la mort, une âme absolument inutilisée, encore soigneusement pliée en quatre, et gâtée comme certaines soies précieuses, faute d’usage? Quiconque se sert de son âme, si maladroitement qu’on le suppose, participe aussitôt à la vie universelle, s’accorde à son rythme immense, entre de plain-pied, du même coup, dans cette communion des saints, qui est celle de tous les hommes de bonne volonté auxquels fut promise la paix.
Georges Bernanos (+ 1948)
Avec une infinie confiance – Charles de Foucauld
Mon Père,
Je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira.
Quoi que tu fasses de moi, je te remercie.
Je sus prêt de tout, j’accepte tout.
Pourvu que ta volonté se fasse en moi, en toutes tes créatures,
je ne désire rien d’autre, mon Dieu.
Je remet mon âme entre tes mains.
Je te la donne, mon Dieu, avec tout l’amour de mon coeur,
parce que je t’aime, et que ce m’est un besoin d’amour de me donner,
de me remettre entre tes mains sans mesure,
avec une infinie confiance, car tu es mon Père.
Charles de Foucauld