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Le sacrifice d’Abraham – Origène

Le sacrifice d’Abraham* – Origène (+253/54)

*Homélie 8 sur la Genèse. P. G., 12, 203. Le texte grec est perdu. Il ne reste que la version latine de Rufin.

      1. Prêtez ici l’oreille, vous qui êtes venus auprès du Seigneur, qui prétendez être fidèles; mettez tous vos soins à considérer, dans le récit qui vous a été lu, comment la foi des fidèles est mise à l’épreuve. Il arriva, dit l’Écriture, après ces paroles, que Dieu éprouva Abraham et lui dit: Abraham, Abraham. Et celui-ci lui répondit: Me voici. Considère chaque détail de l’Écriture. Pour qui sait creuser profond, chacun renferme un trésor. Là même où peut-être on s’y attend le moins, se cachent les joyaux précieux des mystères.

      L’homme dont nous parlons s’appelait d’abord Abram. Nous ne lisons nulle part que Dieu l’ait appelé de ce nom ou lui ait dit: Abram, Abram. Dieu ne pouvait l’appeler du nom qu’il allait supprimer. Il l’appelle du nom qu’il lui a donné. Il ne se contente pas de lui donner ce nom, il le répète. A sa réponse: Me voici, Dieu poursuit: Prends Isaac, ton fils très cher que tu aimes, et tu me l’offriras. Va, ajouta-t-il, en un lieu élevé, et tu me l’offriras en holocauste, sur une montagne que je t’indiquerai.

      Dieu lui-même expliqua le nom d’Abraham qu’il lui donna: « Car, dit-il, je t’ai établi père d’une multitude de peuples » (Genèse, 17, 5). Dieu lui fit cette promesse, alors qu’il n’avait comme fils qu’Ismaël; mais il lui donna l’assurance que la promesse se réaliserait, quand Sara lui donnerait un fils. Il avait allumé en son coeur l’amour paternel, non seulement en lui donnant une postérité, mais en lui faisant espérer l’accomplissement des promesses.

      Et voici que ce fils qui porte des promesses si grandes et si merveilleuses, ce fils, dis-je, qui lui a valu le nom d’Abraham, il lui est demandé de l’offrir en holocauste au Seigneur sur une des montagnes.

      Qu’en dis-tu, Abraham? Quelles pensées bouleversent ton coeur? La voix de Dieu a parlé pour ébranler ta foi et l’éprouver. Qu’en dis-tu? Qu’en penses-tu? Est-ce que tu te ravises? Tu te dis peut-être, en ton coeur, en réfléchissant: Si la promesse m’a été donnée en Isaac, et que je l’offre maintenant en holocauste, il ne me reste donc plus de promesse à attendre? Ne penses-tu pas bien plutôt: il est impossible, te dis-tu, que celui qui a fait la promesse ait menti. Quoi qu’il arrive, la promesse demeurera.

      Moi, il est vrai, je suis bien trop petit, je ne suis pas à même de scruter les pensées d’un si grand patriarche. Jamais je ne connaîtrai les réflexions, les sentiments qui ont aginté son coeur, quand la voix de Dieu l’a mis à l’épreuve, en lui ordonnant d’immoler son fils unique. Mais comme l’esprit des prophètes est soumis aux prophètes (1Corinthiens, 14, 32), l’apôtre Paul a connu, je crois, par l’Esprit, les sentiments et les réflexions d’Abraham. Il les précise, quand il écrit: Dans sa foi, Abraham n’hésita point quand il offrit son fils unique, sur qui reposait la promesse; il se dit que Dieu est assez puissant pour ressusciter les morts (Hébreux, 11, 17).

      L’Apôtre nous a donc livré les pensées de cet homme de foi; la foi en la résurrection est apparue pour la première fois, avec l’histoire d’Isaac. Abraham espérait qu’Isaac allait ressusciter; il a eu foi que se réaliserait ce qui n’était pas encore accompli. Comment peuvent-ils être fils d’Abraham ceux qui ne croient pas accompli dans le Christ ce qu’Abraham a cru devoir s’accomplir en Isaac? Et même, pour parler plus clairement, Abraham savait qu’il préfigurerait la vérité à venir, il savait que, de sa postérité, naîtrait le Christ, qui serait réellement offert en victime pour l’univers entier et ressusciterait d’entre les morts.

      2. Or, dit l’Écriture, Dieu éprouverait Abraham et lui commanda: Prends ton fils très cher, celui que tu aimes. Il ne se contente pas de dire: ton fils, mais il ajoute très cher. Passons! mais pourquoi ajouter celui que tu aimes? Songe combien lourde est l’épreuve. Ces appellations d’amour et de tendresse encore et toujours répétées rendent plus vifs les sentiments d’un père: le souvenir vivant de cet amour fait hésiter la main du père, qui doit immoler son fils; toute la cohorte de la chair se dresse contre la foi de l’esprit. A l’heure de l’épreuve, il entend: Prends donc ton fils très cher, dit-il, celui que tu aimes, Isaac.

      Passe encore, Seigneur, que tu fasses mémoire d’un fils à son père, mais tu appelles très cher celui que tu ordonnes d’immoler! C’en est assez pour le supplice du père! Tu ajoutes encore: celui que tu aimes. Ce qui rend le supplice pour le père trois fois plus grand. A quoi bon en rappeler le nom: Isaac? Abraham pouvait-il ignorer que son fils très cher, celui qu’il aimait, s’appelait Isaac? Pourquoi le rappeler à cette heure? Pour qu’Abraham se souvienne que tu lui avais dit: en Isaac résidera ta descendance qui perpétuera ton nom (Genèse, 21, 1). En Isaac se réaliseront pour toi les promesses. Il rappelle le nom pour mettre en doute les promesses faites en ce nom. Tout cela, pour éprouver la foi d’Abraham.

      3. Qu’y a-t-il après? Va-t-en, lui dit-il, en un lieu élevé sur une des montagnes que je te montrerai. Là tu immoleras l’holocauste. Considérez par le détail la progression de l’épreuve. Va-t-en en un lieu élevé. Pourquoi ne pas conduire Abraham avec l’enfant en ce lieu élevé et lui désigner la montagne choisie par le Seigneur, et là lui demander d’offrir son fils? Mais non: Il lui est d’abord demandé d’offrir son fils, puis de se rendre en un lieu élevé et là de gravir une montagne. Dans quelle intention?

      Pour qu’en route, chemin faisant, il soit, tout au long du parcours, tiraillé par ses réflexions, qu’il soit tour à tour écartelé par l’ordre qui le presse et par l’amour de son fils unique qui se révolte. Voilà pourquoi il doit faire la route, gravir la montagne, pour donner, tout au long du trajet, le temps de s’affronter à son coeur et à sa foi, à l’amour de Dieu et à l’amour de la chair, à la joie de ce qui est présent et à l’attente des biens futurs.

      Il lui faut aller en un lieu élevé. Il ne suffit pas au patriarche pour accomplir une si grande oeuvre au nom du Seigneur, de se rendre en un lieu élevé; il lui faut gravir une montagne, ce qui veut dire: il lui faut quitter, porté par la foi, les choses de la terre pour monter vers celles d’en haut.

      4. Abraham se leva donc de bon matin, sella son ânesse et fendit le bois de l’holocauste. Il prit avec lui son fils Isaac et deux serviteurs; il parvint au lieu que Dieu lui avait fixé le troisième jour. Abraham se leva le matin. En ajoutant le matin, l’Écriture veut peut-être montrer que l’aube de la lumière brillait déjà dans son coeur. Il sella son ânesse, prépara le bois et prit son fils. Il ne délibère pas, ne tergiverse pas, ne parle à personne de son dessein, mais immédiatement se met en route.

      Et il parvint au lieu que Dieu lui avait fixé le troisième jour. Pour le moment, je laisse de côté le mystère exprimé par le troisième jour, pour ne considérer que la sagesse et le dessein de celui qui met à l’épreuve. Les alentours ne présentaient pas de montagne, alors que tout devait se passer sur les sommets; la route se prolonge donc pendant trois jours, trois jours durant lesquels les inquiétudes l’assaillent, sa tendresse de père est torturée. Et tout au long de cette attente, le père peut contempler son fils à loisir, il prend avec lui ses repas, se blottit contre sa poitrine, repose contre son coeur. Voyez: l’épreuve est à son comble.

      Le troisième jour est toujours plein de mystères. Le peuple qui sortit de l’Égypte, le troisième jour offre à Dieu un sacrifice, le troisième jour il se purifie. La résurrection du Seigneur a lieu le troisième jour. Ce jour renferme bien d’autres mystères…

Origène (+253/54)   



Priez le maître d’envoyer des ouvriers pour sa maison

      Ceux qui n’ont pas encore reçu l’Évangile, sous des formes diverses, eux aussi sont ordonnés, au peuple de Dieu. Et, en premier lieu, ce peuple qui reçut les alliances et les promesses, et dont le Christ est issu selon la chair, peuple très aimé du point de vue de l’élection, à cause des pères, car Dieu ne regrette rien de ses dons ni de son appel.

      Mais le dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui professent avoir la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier jour.

      Et même des autres, qui cherchent encore dans les ombres et sous des images un Dieu qu’ils ignorent, Dieu n’est pas loin, puisque c’est lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses, et puisqu’il veut, comme Sauveur, que tous les hommes soient sauvés.

Concile de VATICAN II   



La parabole de l’ivraie – Mgr Jean-Baptiste PHAN MINH MAN

Dieu avait besoin d’un père pour son peuple.
Il choisit un vieillard.
Alors Abraham se leva…

Il avait besoin d’un porte-parole.
Il choisit un timide qui bégayait.
Alors Moïse se leva…

Il avait besoin d’un chef pour conduire son peuple.
Il choisit le plus petit, le plus faible.
Alors David se leva…

Il avait besoin d’un roc pour poser l’édifice.
Il choisit un renégat.
Alors Pierre se levat…

Il avait besoin d’un visage pour dire aux hommes son amour.
Il choisit une prostituée.
Ce fut Marie de Magdala…

Il avait besoin d’un témoin pour crier son message.
Il choisit un persécuteur.
Ce fut Paul de Tarse…

Il avait besoin de quelqu’un pour que son peuple se rassemble et qu’il aille vers les autres.
Il t’a choisi(e).
Même si tu trembles, pourrais-tu ne pas te lever?

Mgr Jean-Baptiste PHAN MINNH MAN   
cardinal-archevêque de Ho Chi Minh-ville (Vietnam).