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Une heure d’adoration planétaire, dimanche 2 juin 17h

Adoration
Adoration

Les catholiques du monde entier – de tous les fuseaux horaires – seront en communion avec le pape François, pour une heure d’adoration eucharistique, dimanche prochain, 2 juin 2013, de 17h à 18h (heure de Rome; 15h-16h, temps universel GMT).

L’évènement est une première dans l’histoire de l’Eglise, a souligné Mgr Rino Fisichella, président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, qui a présenté l’événement avec Mgr José Ruiz Arenas, secrétaire du dicastère, ce mardi matin, 28 mai 2013, au Vatican.

L’adoration eucharistique aura lieu dans le monde entier en même temps, en communion avec le pape qui présidera l’adoration silencieuse de Jésus présent dans l’Eucharistie, sur l’autel de la Confession de la basilique Saint-Pierre. Le pape François priera à genoux, en silence: on ne prévoit pas d’homélie a souligné le père Federico Lombardi.

Les cathédrales seront reliées avec Saint-Pierre de Rome en mondovision ou par liaison Internet.

Communion fraternelle planétaire

Adoration
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L’évènement, intitulé « Un seul Seigneur, une seule foi », signifie la « profonde unité », a souligné Mgr Fisichella. L’initiative a reçu une « adhésion massive » à cette initiative, s’étendant non seulement aux cathédrales, mais aussi « aux paroisses, aux congrégations religieuses, et aux associations ».

Pour l’archevêque, cette heure d’adoration autour du sacrement « source et sommet de toute la vie de l’Eglise », une première dans l’histoire de l’Eglise, est « historique ».

« Les Iles Cook, Samoa et Honolulu s’uniront à Rome à 5h du matin, et au nord, à Reykjavik en Islande, il sera 15h », a-t-il fait observer : au Vietnam il sera 22h et en Corée minuit. En Océanie, ce sera déjà le 3 juin, entre une heure et deux heures du matin.

Que ce soit dans les Iles Galapagos ou au cœur de la forêt amazonienne, ou encore là où les catholiques sont une minorité (Norvège, Bangladesh, Irak, Burkina Faso, Russie, Japon), « tous seront synchronisés sur Rome », dans une « prière de communion fraternelle et de soutien à la foi de tous », a-t-il poursuivi.

Certains, telles les églises de Papouasie Nouvelle Guinée, Iles Salomon, participeront malgré les difficultés, qu’ils expliquent dans une lettre envoyée au dicastère : « Nos villageois n’ont pas d’électricité et il est dangereux de marcher dans l’obscurité… c’est aussi la saison des pluies et comme si cela ne suffisait pas, beaucoup de paroisses et de villages ces quatre derniers mois ont été inondés par le débordement du fleuve… ».

Même plus proche, l’évêque de Carpi, au nord de l’Italie, touché par un séisme il y a un an, écrit que « dans l’église qui remplace la cathédrale, dans les petites églises encore debout et sous toutes les tentes de fortune qui tiennent lieu de paroisses, aura lieu l’adoration ».

Cinq conférences épiscopales ont donné leur adhésion en bloc – Albanie, Belarus, Hongrie, Inde, Pérou – , d’autres diocèses ont confirmé individuellement leur participation, d’autres ont donné leur accord enthousiaste oralement: la réponse cependant n’était pas obligatoire, précise Mgr Fisichella qui annonce cependant que d’autres devraient se signaler sur leur site Internet où une carte indique les réponses.

Intentions du pape

Le pape François a communiqué les deux intentions qu’il a choisies pour cette heure de prière ; une pour l’Eglise pour qu’elle soit fidèle à la parole et à son annonce et pour le monde, notamment les plus souffrants: victimes de trafics en tous genres et malades:

1. Pour l’Eglise répandue de par le monde et rassemblée aujourd’hui en signe d’unité dans l’adoration eucharistique. Que le Seigneur la rende toujours plus obéissante à sa parole, afin qu’elle se montre au monde plus belle, sans tache ni ride, sainte et immaculée (Eph 5,28). Que par le biais d’une annonce fidèle, la Parole puisse résonner comme présage de miséricorde, et provoquer un renouveau d’engagement dans l’amour qui donne du sens à la douleur, à la souffrance, et redonne joie et sérénité.

2. Pour tous ceux qui souffrent de par le monde, victimes de nouveaux esclavages, de la guerre, de la traite des personnes, du narcotrafic et du travail forcé, pour les enfants et les femmes victimes de violences, afin que leur cri silencieux soit entendu par l’Eglise et qu’ils demeurent confiants dans le Crucifié, que l’on n’oublie pas nos frères et soeurs soumis à la violence. Pour tous ceux qui sont en état de précarité matérielle, spécialement les chômeurs, les personnes âgées et les émigrés, les sans-abri et les détenus, tous les marginaux. Que la prière et la solidarité de l’Eglise les confortent, les soutiennent dans l’espérance, leur donne la force de défendre leur dignité de personne.

Le livret de la célébration est d’ores et déjà accessible en ligne sur le site du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation et sur le site des Célébrations liturgiques pontificales. Pour le moment en italien, il sera traduit en 7 langues.

Mgr Fisichella a fait observer qu’un projet similaire avait été évoqué, sans pouvoir être concrétisé, par une religieuse italienne, la bienheureuse Elena Guerra (1835-1914), apôtre de l’Esprit Saint. Le pape Léon XIII, qui l’avait reçue en audience en 1897, l’avait approuvée.

Pour sa part, Mgr José Ruiz Arenas a expliqué les quatre caractéristiques de cet événement « historique »: profond sens de communion ecclésiale avec le pape et de l’universalité de l’Eglise; les deux intentions communes proposées par le pape pour l’Eglise et pour le monde; le schéma de la célébration déjà disponible en italien; toutes les nations n’apparaissent pas sur la carte, mais des réponses doivent encore arriver jusqu’à dimanche.

Rendez-vous de l’Année de la foi

Quant à l’Année de la foi, Mgr Fisichella a indiqué le chiffre des pèlerins venus à Rome: 4,3 millions fidèles sont venus de façon organisée, en groupes, mais il faut y ajouter les nombreuses personnes venant pour un seul jour, individuellement, à l’occasion par exemple de l’angélus du dimanche.

Les prochains rendez-vous sont: les 4-7 juin, le pèlerinage des séminaristes et novices, de ceux qui sont en chemin vocationnel; les 15-16 juin les Journées Evangile de la Vie; le 22 juin, à 17h30, le concert donné en la salle Paul VI du Vatican en présence du pape François, avec au programme la 9e symphonie de Beethoven.



Fête du Saint-Sacrement 2012: homélie de Benoît XVI – Ne pas opposer la célébration et l’adoration eucharistiques

Fête du Saint-Sacrement 2012: homélie de Benoît XVI

Ne pas opposer la célébration et l’adoration eucharistiques

Homélie de Benoît XVI :

Chers frères et sœurs,

Ce soir, je voudrais méditer avec vous sur deux aspects, liés entre eux, du Mystère eucharistique : le culte de l’Eucharistie et son caractère sacré. Il est important de les prendre à nouveau en considération pour les préserver contre des visions incomplètes du Mystère lui-même, comme celles que l’on a constatées dans un passé récent.

Avant tout, une réflexion sur la valeur du culte eucharistique, en particulier de l’adoration du Saint-Sacrement. C’est l’expérience que nous vivrons ce soir aussi après la messe, avant la procession, pendant son déroulement et à son terme. Une interprétation unilatérale du concile Vatican II a pénalisé cette dimension en réduisant la pratique de l’Eucharistie au moment de la célébration. En effet, il a été très important de reconnaître le caractère central de la célébration, à laquelle le Seigneur convoque son peuple, où le rassemble autour de la double table de la Parole et du Pain de vie, le nourrit et l’unit à lui dans l’offrande du Sacrifice. Cette mise en valeur de l’assemblée liturgique dans laquelle le Seigneur agit et réalise son mystère de communion, demeure naturellement valable, mais elle doit être resituée dans un juste équilibre.

En effet, comme il arrive souvent, pour souligner un aspect on finit par en sacrifier un autre. Dans ce cas, l’accent mis sur la célébration de l’eucharistie s’est faite aux dépends de l’adoration, en tant qu’acte de foi et de prière adressée au Seigneur Jésus, réellement présent dans le Sacrement de l’autel. Ce déséquilibre a aussi eu des répercussions sur la vie spirituelle des fidèles. En effet, si l’on concentre tout le rapport avec Jésus Eucharistie dans le seul moment de la Sainte Messe, on risque de vider de sa présence le reste du temps et de l’espace essentiels. Et l’on perçoit ainsi moins le sens de la présence constante de Jésus au milieu de nous et avec nous, un présence concrète, proche, au milieu de nos maisons, comme « Cœur palpitant » de la ville, du pays, du territoire et de ses différentes expressions et activités. Le Sacrement de la Charité du Christ doit pénétrer toute la vie quotidienne.

En réalité, c’est une erreur que d’opposer la célébration et l’adoration, comme si elles étaient concurrentes. C’est justement le contraire : le culte du Saint Sacrement constitue comme le « milieu » spirituel dans lequel la communauté peut célébrer l’Eucharistie bien et en vérité. C’est seulement lorsqu’elle est précédée, accompagnée et suivie de cette attitude intérieure de foi et d’adoration que l’action liturgique peut exprimer toute sa signification et sa valeur. La rencontre avec Jésus dans la Sainte Messe se réalise vraiment et pleinement lorsque la communauté est en mesure de reconnaître que, dans le Sacrement, il habite dans sa maison, nous attend, nous invite à sa table, et puis, après que l’assemblée s’est dispersée, il reste avec nous, par sa présence discrète et silencieuse, et il nous accompagne de son intercession, en continuant à recueillir nos sacrifices spirituels et à les offrir au Père.

A ce propos, j’aime à souligner l’expérience que nous allons vivre ensemble aussi ce soir. Au moment de l’adoration, nous sommes tous sur le même plan, à genou devant le Sacrement de l’Amour. Le sacerdoce commun et le sacerdoce ministériel se trouvent rapprochés dans le culte eucharistique. C’est une expérience très belle et très significative que nous avons vécue à différentes reprises en la basilique Saint-Pierre, et aussi lors des inoubliables veillées avec les jeunes : je me souviens par exemple de celles de Cologne, de Londres, de Zagreb, de Madrid. Il est évident pour tous que ces moments de veillée eucharistique préparent la célébration de la Sainte Messe, préparent les cœurs à la rencontre, si bien qu’elle en devient plus féconde. Etre tous en silence de façon prolongée devant le Seigneur présent dans son sacrement, est l’une des expériences les plus authentiques de notre être Eglise, qui est accompagnée de façon complémentaire par celle de la célébration de l’Eucharistie, en écoutant la Parole de Dieu, en chantant, en s’approchant ensemble de la table du Pain de vie. Communion et contemplation ne peuvent pas être séparées, elles vont ensemble. Pour communiquer vraiment avec une autre personne, je dois la connaître, savoir être auprès d’elle en silence, l’écouter, la regarder avec amour. Le vrai amour et la vraie amitié vivent toujours de cette réciprocité de regards, de silences intenses, éloquents, pleins de respect, et de vénération, si bien que la rencontre soit vécue en profondeur, de façon personnelle et non pas superficielle. Et hélas, s’il manque cette dimension, même la communion sacramentelle peut devenir, de notre part, un geste superficiel. En revanche, dans la vraie communion, préparée par le colloque de la prière et de la vie, nous pouvons dire au Seigneur des paroles de confiance, comme celles qui viennent de résonner dans le psaume responsorial : « Je suis ton serviteur, el fils de ta servante : tu as rompu mes chaînes. Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce et j’invoquerai le nom du Seigneur (Ps 115,16-17).

Je voudrais maintenant passer brièvement au deuxième aspect : le caractère sacré de l’Eucharistie. Là aussi, on a, dans un passé récent, perçu un certain malentendu sur le message authentique de la Sainte-Ecriture. La nouveauté chrétienne concernant le culte a été influencée par une certaine mentalité sécularisée des années soixante et soixante-dix, du siècle dernier. Il est vrai, et cela reste toujours valable, que le centre du culte n’est plus désormais dans les rites et dans les sacrifices anciens mais dans le Christ lui-même, dans sa personne, dans sa vie, dans son mystère pascal. Et cependant, on ne doit pas déduire de cette nouveauté fondamentale que le sacré n’existe plus, mais qu’il a trouvé son accomplissement en Jésus-Christ, Amour divin incarné. La Lettre aux Hébreux que nous avons écoutée ce soir dans la seconde lecture, nous parle justement de la nouveauté du sacerdoce du Christ, « grand prêtre des biens à venir » (He 9,11), mais il ne dit pas que le sacerdoce est terminé. Le Christ « est médiateur d’une alliance nouvelle » (He 9, 15), scellée dans son sang, qui purifie « notre conscience des oeuvres de mort » (He 9,14). Il n’a pas aboli le sacré, mais il l’a porté à son accomplissement, en inaugurant un culte nouveau, qui est pleinement spirituel, mais qui cependant, tant que nous sommes en chemin dans le temps, se sert encore de signes et de rites, qui disparaîtront seulement à la fin, dans la Jérusalem céleste, là où il n’y aura plus aucun temple (cf. Ap 21,22). Grâce au Christ, le caractère sacré est plus vrai, plus intense, et, comme il advient pour les commandements, aussi plus exigeant ! L’observance rituelle ne suffit pas, mais il faut la purification du cœur, et l’engagement de la vie.

J’aime aussi à souligner que le sacré à une fonction éducative et que sa disparition appauvrit inévitablement la culture, en particulier la formation des nouvelles générations. Si, par exemple, au nom d’une foi sécularisée qui n’ait plus besoin des signes sacrés, on abolissait la procession du Corpus Domini dans la ville, le profil spirituel de Rome se trouverait « aplati » et notre conscience personnelle et communautaire en resterait affaiblie. Ou bien, nous pensons à une maman et à un papa qui, au nom de la foi désacralisée, priveraient leurs enfants des tout rituel religieux : ils finiraient en réalité par laisser le champ libre à tant de succédanés présents dans la société e consommation, à d’autres rites et à d’autres signes, qui pourraient devenir plus facilement des idoles. Dieu, notre Père, n’a pas agi ainsi avec l’humanité : il a envoyé son Fils dans le monde, non pour abolir, mais pour porter le sacré aussi à son accomplissement. Au sommet de cette mission, lors de la Dernière Cène, Jésus a institué le sacrement de son Corps et de son Sang, le Mémorial de son Sacrifice pascal. En agissant ainsi, il s’est mis lui-même à la place des sacrifices anciens, mais il l’a fait à l’intérieur d’un rite, qu’il a commandé à ses apôtres de perpétuer, comme le signe suprême du vrai Sacré, qui est Lui-même. C’est avec cette foi, chers frères et sœurs, que nous célébrons aujourd’hui et chaque jour le Mystère eucharistique et que nous l’adorons comme le centre de notre vie et le cœur du monde. Amen.

ROME, jeudi 7 juin 2012

© Libreria Editrice Vaticana

Traduction de ZENIT [Anita Bourdin]

  

Eucharistie – Ste Thérèse de Lisieux

Sainte Thérèse de Lisieux

(2 janvier 1873 – 30 septembre 1897)

Thème: EUCHARISTIE

I SOUVENIRS D’ENFANCE

Thérèse a environ quatre ans, sa soeur Céline en a huit.

Céline disait un jour : “ Comment cela se fait-il que le bon Dieu peut être dans une si petite hostie ? ” Thérèse répond alors : “ Ce n’est pas étonnant puisque le bon Dieu est tout puissant. ” — “ Qu’est ce que veut dire tout puissant ? ” — “ Mais c’est de faire tout ce qu’il veut ! ” (Ms A, 10r°)

Tous les après-midi, j’allais faire une petite promenade avec Papa, nous faisions ensemble notre visite au Saint Sacrement, visitant chaque jour une nouvelle église. (Ms A, 13v°)

J’aimais surtout les processions du Saint Sacrement, quelle joie de semer des fleurs sous les pas du Bon Dieu ! … mais avant de les y laisser tomber je les lançais le plus haut que je pouvais et je n’étais jamais aussi heureuse qu’en voyant mes roses effeuillées toucher l’Ostensoir sacré… (Ms A, 17r°)

Thérèse a douze ans ou treize ans. Son seul ami : Jésus au Saint Sacrement

Je montais à la tribune de la chapelle et je restais devant le Saint Sacrement jusqu’au moment où Papa venait me chercher, c’était ma seule consolation, Jésus n’était-il pas mon unique ami ? Je ne savais parler qu’à lui, les conversions avec les créatures, même les conversions pieuses me fatiguaient l’âme. Je sentais qu’il valait mieux parler à Dieu que de parler de Dieu, car il se mêle tant d’amour propre dans les conversions spirituelles. (Ms A, 41r°)

Le cantique de Céline (PN 18, strophe 10 (souvenirs d’enfance))

Oh ! que j’aimais Jésus-Hostie
Qui vint au matin de ma vie
Se fiancer à mon âme ravie
Oh ! que j’ouvris avec bonheur
Mon coeur !…

En rentrant à Lisieux (de son pèlerinage de Rome pour voir le Pape au sujet de son entrée au Carmel), elle envoya son bracelet d’or aux chapelains de Montmartre pour qu’il soit fondu pour faire partie du grand ostensoir, désir qui montre clairement le désire de Thérèse de veiller jour et nuit près de Jésus dans l’Eucharistie.

Note : L’ostensoir contient le bracelet en or de Thérèse est au Sacré-Coeur, à Paris, où Jésus au Très Saint Sacrement est perpétuellement adoré.

II ADORATION, ACTIONS DE GRÂCE

Les Sacristines du Carmel (Poésie PN 40, Novembre 1896)

Ici-bas notre doux office
Est de préparer pour l’autel,
Le pain, le vin du Sacrifice
Qui donne à la terre : “ Le Ciel ! ”

Le Ciel, ô mystère suprême !
Se cache sous un humble pain
Car le Ciel, c’est Jésus Lui-Même,
Venant à nous chaque matin.

Il n’est pas de reines sur terre
Qui soient plus heureuses que nous.
Notre office est une prière
Qui nous unit à notre Époux.

Les plus grands honneurs de ce monde
Ne peuvent pas se comparer
A la paix céleste et profonde
Que Jésus nous fait savourer.

Nous portons une sainte envie
A l’ouvrage de notre main,
A la petite et blanche hostie
Qui doit voiler l’Agneau divin.

Mais son amour nous a choisies
Il est notre Époux, notre Ami.
Nous sommes aussi des hosties
Que Jésus veut changer en Lui.

Mission sublime du Prêtre,
Tu deviens la nôtre ici-bas
Transformées par le Divin Maître
C’est Lui qui dirige nos pas.

Nous devons aider les apôtres
Par nos prières, notre amour
Leurs champs de combats sont les nôtres
Pour eux nous luttons chaque jour.

Le Dieu caché du tabernacle
Qui se cache aussi dans nos coeurs
A notre voix, ô quel miracle !
Daigne pardonner aux pécheurs !

Notre bonheur et notre gloire
C’est de travailler pour Jésus.
Son beau Ciel voilà le ciboire
Que nous voulons combler d’élus !…

Lettre à soeur Marie de l’Eucharistie (LT 234, 2 juin 1897)

      A ma petite Soeur chérie, souvenir du beau jour où l’Époux de son âme daigne poser son signe sur le front qu’Il s’apprête à couronner un jour devant tous les Élus…
      Autrefois le Ciel entier se réunit le 2 Juin, afin de contempler ce mystère d’amour : Jésus, le doux Jésus de l’Eucharistie se donnant pour la première fois à Marie. Il est là encore aujourd’hui ce beau Ciel compose des Anges et des Saints, il est là, contemplant avec ravissement : Marie se donnant à Jésus devant le monde étonné d’un sacrifice qu’il ne comprend pas. Ah ! s’il avait compris le regard que Jésus abaissa sur Marie au jour de sa première visite, il comprendrait aussi le signe mystérieux qu’elle veut recevoir aujourd’hui de Celui qui l’a blessée d’amour… Ce n’est plus le gracieux voile aux longs plis neigeux qui doit envelopper Marie de l’Eucharistie, c’est un sombre voile qui rappelle à l’Épouse de Jésus qu’elle est exilée, que son Époux n’est point un Époux qui doit la conduire dans les fêtes, mais sur la montagne du Calvaire. Désormais, Marie ne doit plus rien regarder ici-bas, rien que le Dieu miséricordieux, Le JÉSUS de l’EUCHARISTIE !…

La petite Sr Thérèse de l’Enfant Jésus de la Ste Face

Les anges à la crèche (Récréations pieuses, RP 2)

[Scène 4]
L’ANGE DE L’EUCHARISTIE s’avance tenant un calice surmonté d’une hostie rayonnante. Il chante sur l’air : “ sur terre tout n’est pas rose ”

1
Contemplez, ange mon Frère,
Jésus montant vers le Ciel
Moi, je viens sur cette terre
Pour l’adorer à l’autel
Caché dans l’Eucharistie
Je vois le Dieu Tout-Puissant
Je vois l’Auteur de la vie
Bien plus petit qu’un enfant !…

Refrain

Désormais au sanctuaire
Ah ! je veux fixer mon séjour
Offrir à Dieu ma prière
Et l’hymne de mon amour.

2
Je veux chanter sur ma lyre
les charmes du Dieu caché
Je veux en un saint délire
M’enivrer de sa beauté
Ah ! que ne puis-je au tabernacle
Me nourrir du Dieu d’amour
Et par un très doux miracle
M’unir à Lui chaque jour.

Refrain

Oh ! du moins à l’âme sainte
Je veux prêter mon ardeur
Afin que sans nulle crainte
Elle approche du Sauveur !…

L’ANGE DE LA SAINTE FACE

Divin Jésus, voilà bien la dernière limite de ton amour ; après avoir rendu visible aux faibles créatures ta Face adorable dont les séraphins ne peuvent soutenir l’éclat, tu veux la cacher sous un voile plus épais encore que celui de la nature humaine… Mais, Jésus, je vois rayonner dans l’hostie la splendeur de ton visage. (Il s’agenouille devant l’hostie.) Ils ne sont point cachés pour moi, tes charmes ravissants….. Je vois ton ineffable regard pénétrer dans les âmes pures, les inviter à te recevoir… Comme la colombe qui se cache dans le creux de la pierre, ainsi tes épouses rechercheront-elles ton visage. Je vois leurs coeurs tourner vers toi et venir se réfugier près du tabernacle de ton amour !

[Scène 5]

L’ANGE DE L’EUCHARISTIE

Pain vivant descendu des Cieux !…. Grappe dorée qui fera germer les vierges, daigne aussi me faire entendre le doux son de ta voix, à moi qui jusqu’à la fin des siècles t’adorerai dans le sanctuaire. O Verbe divin que l’amour doit réduire au silence, il faudrait que les ministres de tes autels te touchent avec la même délicatesse que Marie lorsqu’elle t’enveloppe de langes…. Mais hélas ! bien souvent ton amour sera méconnu et tes prêtres ne seront pas dignes de leur sublime caractère…. O Dieu caché !… dis-moi, que pourrai-je faire afin de te consoler ?…

JÉSUS

12

Ange de mon Eucharistie
C’est toi qui charmeras mon coeur
Oui, c’est ta douce mélodie
Qui consolera ma douleur.

13
J’ai soif de me donner aux âmes
Mais bien des coeurs sont languissants
Séraphin, donne-leur tes flammes
Attire-les par tes doux chants.

14
Je voudrais que l’âme du Prêtre
Ressemble au séraphin du Ciel !
Je voudrais qu’il puisse renaître
Avant de monter à l’Autel !…

15
Afin d’opérer ce miracle
Il faudrait que, priant toujours
Des âmes près du tabernacle
S’immolent pour moi chaque jour.

III SUR L’IMPORTANCE DE LA COMMUNION

“ Ce n’est pas pour rester dans le ciboire d’or que Dieu descend chaque jour du Ciel, c’est afin de trouver un autre Ciel qui lui est infiniment plus cher que le premier, le Ciel de notre âme, faite à son image, le temple vivant de l’adorable Trinité !… ” ( Ms A, 48r° )

« Aigle Eternel, Tu veux me nourrir de ta divine substance, moi, pauvre petit être, qui rentrerait dans le néant si Ton divin regard ne me donnait la vie à chaque instant… Ô Jésus ! Laisse-moi dans l’excès de ma reconnaissance, laisse-moi te dire que ton amour va jusqu’à la folie. » (Ms B, p 231)

Mon Chant d’Aujourd’hui ( Poésie PN5, Strophe 8 )

Pain Vivant, Pain du Ciel, divine Eucharistie
O Mystère sacré ! que l’Amour a produit…
Viens habiter mon coeur, Jésus, ma blanche Hostie
Rien que pour aujourd’hui.

Mère Agnès de Jésus :
“ Un jour qu’elle (Thérèse, proche de sa mort) vint à la Messe et communia, je me mis à pleurer et ne pus aller aux Heures. Je la suivis dans sa cellule et je la verrai toujours, assise sur son petit banc et le dos appuyé sur la pauvre cloison de planches. Elle était exténuée et me regardait d’un air triste et si doux ! Mes larmes redoublèrent et devinant combien je la faisais souffrir, je lui en demandai pardon à genoux. Elle me répondit simplement : “ Ce n’est pas trop souffrir pour gagner une Communion !… ” ”

Soeur Marie du Sacré-Coeur :
Au Carmel sa grande souffrance fut de ne pas communier tous les jours. Elle disait, quelque temps avant sa mort, à Mère Marie de Gonzague, qui avait peur de la Communion quotidienne :
“ Ma Mère, quand je serai au Ciel, je vous ferai changer d’avis. ”
C’est ce qui arriva. Après sa mort, l’aumônier nous donna la communion tous les jours et Mère Marie de Gonzague au lieu de se révolter comme autrefois, en fut très heureuse.

Lette à Marie Guérin (LT 92, Jeudi 30 Mai 1889)

Ma petite soeur chérie

      Tu as bien fait de m’écrire, j’ai tout compris… tout, tout, tout !…
      Tu n’as pas fait l’ombre du mal, je sais si bien ce que sont ces sortes de tentations que je puis te l’assurer sans crainte, d’ailleurs Jésus me le dit au fond du coeur… Il faut mépriser toutes ces tentations, n’y faire aucune attention.
      Faut-il te confier une chose qui m’a fait beaucoup de peine ?…
      C’est que ma petite Marie a laissé ses communions… le jour de l’Ascension et le dernier jour du mois de Marie !… Oh ! que cela a fait de peine à Jésus !…
      Il faut que le démon soit bien fin pour tromper ainsi une âme!… mais ne sais-tu pas, ma chérie, que c’est là tout le but de ses désirs. Il sait bien, le perfide, qu’il ne peut faire pécher une âme qui voudrait être toute à Jésus, aussi n’essaye-t-il que de le lui faire croire. C’est déjà beaucoup pour lui de mettre le trouble dans cette âme, mais pour sa rage il faut autre chose, il veut priver Jésus d’un tabernacle aimé, ne pouvant entrer dans ce sanctuaire, il veut du moins qu’il demeure vide et sans maître !… Hélas que deviendra ce pauvre coeur?. . Quand le diable a réussi à éloigner une âme de la Ste Communion il a tout gagné… Et Jésus pleure !…
      O ma chérie, pense donc que Jésus est là dans le tabernacle exprès pour toi, pour toi seule, il brûle du désir d’entrer dans ton coeur… Va, n’écoute pas le démon, moque-toi de lui et va sans crainte recevoir le Jésus de la paix et de l’amour !…
      Mais je t’entends dire : “ Thérèse dit cela parce qu’elle ne sait pas… elle ne sait pas comme je le fais bien exprès… cela m’amuse… et puis je ne puis communier, puisque je crois faire un sacrilège, etc., etc., etc. ” Si, ta pauvre petite Thérèse sait bien, je te dis qu’elle devine tout, elle t’assure que tu peux aller sans crainte recevoir ton seul ami véritable… Elle aussi a passé par le martyre du scrupule mais Jésus lui a fait la grâce de communier quand même, alors même qu’elle croyait avoir fait de grands péchés… eh bien ! je t’assure qu’elle a reconnu que c’était le seul moyen de se débarrasser du démon, car quand il voit qu’il perd son temps il vous laisse tranquille!…
      Non, il est IMPOSSIBLE qu’un coeur “ qui ne se repose qu’à la vue du tabernacle ” offense Jésus au point de ne pouvoir le recevoir. Ce qui offense Jésus, ce qui le blesse au coeur c’est le manque de confiance !…
      Petite Soeur, avant de recevoir ta lettre je pressentais tes angoisses, mon coeur était uni à ton coeur, cette nuit dans mon rêve je tâchais de te consoler, mais hélas je ne pouvais y réussir !… Je ne vais pas être plus heureuse aujourd’hui à moins que Jésus et la Ste Vierge me viennent en aide; j’espère que mon désir va être réalisé et que le dernier jour de son mois, la Ste Vierge va guérir ma petite soeur chérie. Mais pour cela il faut prier, beaucoup prier, si tu pouvais mettre un cierge à Notre-Dame-des-Victoires… j’ai tant de confiance en elle ?…
      Ton coeur est fait pour aimer Jésus, pour l’aimer passionnément, prie bien afin que les plus belles années de ta vie ne se passent pas en craintes chimériques.
      Nous n’avons que les courts instants de notre vie pour aimer Jésus, le diable le sait bien, aussi tâche-t-il de la consumer en travaux inutiles…
      Petite Soeur chérie, communie souvent, bien souvent… Voilà le seul remède si tu veux guérir, Jésus n’a pas mis pour rien cet attrait dans ton âme. (Je crois qu’il serait content si tu pouvais reprendre tes Communions manquées, car alors la victoire du démon serait moins grande puisqu’il n’aurait pu réussir à éloigner Jésus de ton coeur.) Ne crains pas d’aimer trop la Ste Vierge, jamais tu ne l’aimeras assez, et Jésus sera bien content puisque la Ste Vierge est sa Mère.
      Adieu petite Soeur, pardonne mon brouillon que je ne puis même relire, le temps me manquant, embrasse pour moi tous les miens.

Sr Thérèse de l’Enfant Jésus

Jeanne d’Arc (Récréations pieuses RP 3, Scène 6)
Thérèse compose une pièce sur Jeanne d’Arc. Peu de temps avant le bûcher, Jean Massieu demande à Jeanne si elle a un dernier désir…

Oh ! oui, j’ai un désir et si vous pouviez m’obtenir la grâce que je souhaite, je vous en aurais une éternelle reconnaissance. Je voudrais avant de mourir recevoir une dernière fois la Sainte Communion… C’est Jésus caché sous les voiles de la blanche hostie qui pourra seul me donner la force de marcher à la mort… Quand je sentirai son Divin Coeur battre près du mien, il me semble que le feu de son amour me fera supporter avec courage l’ardeur du bûcher…

IV L’AMOUR N’EST PAS AIMÉ : SACRÉ COEUR ET EUCHARISTIE

Jésus mon Bien-Aimé, rappelle-toi !… (Poésie PN 24, strophes 28, 29, Octobre 1885)

Rappelle-toi que montant vers Le Père
Tu ne pouvais nous laisser orphelins
Et te faisant prisonnier sur la terre
Tu sus voiler tous tes rayons divins
Mais l’ombre de ton voile est lumineuse et pure
Pain Vivant de la foi, Céleste Nourriture
O mystère d’amour !
Mon Pain de chaque jour
Jésus, c’est Toi!…

Jésus, c’est toi qui malgré les blasphèmes
Des ennemis du Sacrement d’Amour
C’est toi qui veux montrer combien tu m’aimes
Puisqu’en mon coeur tu fixes ton séjour
O Pain de l’exilé ! Sainte et Divine Hostie
Ce n’est plus moi qui vis, mais je vis de ta vie.
Ton ciboire doré
Entre tous préféré
Jésus, c’est moi !

Lettre à Marie Guérin (LT 109, fin juillet 1890)

      Marie du Saint Sacrement !… ton nom te dit ta mission… Consoler Jésus, le faire aimer des âmes… Jésus est malade et il faut remarquer que la maladie de l’amour ne se guérit que par l’amour!… Marie, donne bien tout ton coeur à Jésus, il en a soif, il en est affamé, ton coeur, voilà ce qu’il ambitionne au point que pour l’avoir pour Lui, il consent à loger sous un réduit sale et obscur!… Ah! comment ne pas aimer un ami qui se réduit à une si extrême indigence, comment oser alléguer encore sa pauvreté quand Jésus se rend semblable à sa Fiancée… I1 était riche et il s’est fait pauvre pour unir sa pauvreté à la pauvreté de Marie du St Sacrement… Quel mystère d’amour !…

Au Sacré Coeur de Jésus (Poésie PN 23, strophe 5, 6)

Tu m’as entendue, seul Ami que j’aime
Pour ravir mon coeur, te faisant mortel
Tu versas ton sang, mystère suprême !…
Et tu vis encor pour moi sur l’Autel.
Si je ne puis voir l’éclat de ta Face,
Entendre ta voix remplie de douceur
Je puis, ô mon Dieu, vivre de ta grâce
Je puis reposer sur ton Sacré Coeur !

O Coeur de Jésus, trésor de tendresse
C’est toi mon bonheur, mon unique espoir,
Toi qui sus charmer ma tendre jeunesse
Reste auprès de moi jusqu’au dernier soir
Seigneur, à toi seul j’ai donné ma vie
Et tous mes désirs te sont bien connus
C’est en ta bonté toujours infinie
Que je veux me perdre, ô Coeur de Jésus !

V RESTER CACHÉ POUR TROUVER JÉSUS CACHÉ DANS L’EUCHARISTIE

“ Le propre de l’amour est de s’abaisser ” (Ms A, 2r°)

Vivre d’Amour !… (Poésie PN 17, strophe 3)

Vivre d’Amour, c’est vivre de ta vie,
Roi glorieux, délice des élus.
Tu vis pour moi, caché dans une hostie
Je veux pour toi me cacher, ô Jésus !
A des amants, il faut la solitude
Un coeur à coeur qui dure nuit et jour
Ton seul regard fait ma béatitude
Je vis d’Amour !…

Lettre à Mère Agnès de Jésus (LT 140, 20 février 1893)

      Qu’il m’est doux de pouvoir vous donner ce nom !… Depuis longtemps déjà vous étiez ma Mère, mais c’était dans le secret du coeur que je donnais ce doux nom à celle qui était à la fois mon Ange gardien et ma Soeur ; aujourd’hui le bon Dieu vous a consacrée… vous êtes véritablement ma Mère et vous le serez pendant toute l’éternité… Oh ! que ce jour est beau pour votre enfant !… Le voile que Jésus a jeté sur cette journée la rend plus lumineuse encore à mes yeux, c’est le cachet de la face adorable, le parfum du bouquet mystérieux, qui est répandu sur vous. Sans doute il en sera toujours ainsi, “ celui dont le visage était caché ”, Celui qui est encore caché dans sa petite hostie blanche et qui ne se communique aux âmes que voilé, saura répandre sur la vie entière de l’apôtre bien-aimée de sa divine Face un voile mystérieux que Lui seul pourra pénétrer !

L’atome de Jésus-Hostie (Poésie PN19)
(Pensées de St Saint Vincent de Paul mises en vers à sa demande)

Je ne suis qu’un grain de poussière
Mais je veux fixer mon séjour
Dans les ombres du sanctuaire
Avec le Prisonnier d’Amour
Ah ! vers l’hostie mon âme aspire
Je l’aime et ne veux rien de plus
C’est le Dieu caché qui m’attire,
Je suis l’atome de Jésus…..

Je veux rester dans l’ignorance
Dans l’oubli de tout le créé
Et consoler par mon silence
L’Hôte du ciboire sacré.
Oh ! je voudrais sauver les âmes
Des pécheurs faire des élus…
D’un apôtre donnez les flammes
A votre atome, doux Jésus !…

Si je suis méprisée du monde,
S’il me regarde comme un rien,
Une paix divine m’inonde
Car j’ai l’hostie pour mon soutien,
Quand je m’approche du ciboire
Tous mes soupirs sont entendus…
Être un néant, voilà ma gloire,
Je suis l’atome de Jésus…

Parfois lorsque le Ciel est sombre
L’atome ne pouvant voler
Il aime se cachant dans l’ombre
A la porte d’or s’attacher,
Alors la Divine lumière
Qui réjouit tous les élus
Vient réchauffer sur cette terre
Le pauvre atome de Jésus…

Sous les chauds rayons de la grâce
L’atome devient scintillant
Quand la légère brise passe
I1 se balance doucement…
Oh ! quel ineffable délice
Quels bienfaits n’a-t-il pas reçus…
Jusqu’auprès de l’hostie se glisse
Le pauvre atome de Jésus…

Se consumant près de l’hostie
Dans le tabernacle d’amour
Ainsi s’écoulera ma vie
En attendant le dernier jour
Quand l’épreuve sera finie
Volant au séjour des élus
L’Atome de l’Eucharistie
Brillera près de son Jésus !…..

Mes Désirs auprès de Jésus caché dans sa Prison d’Amour (Poésie PN 25, Automne 1895)

Petite Clef, oh je t’envie !
Car tu peux ouvrir chaque jour
La prison de l’Eucharistie
Où réside le Dieu d’Amour.
Mais je puis, ô quel doux miracle !
Par un seul effort de ma foi
Ouvrir aussi le tabernacle
M’y cacher près du Divin Roi…

Je voudrais dans le sanctuaire
Me consumant près de mon Dieu
Toujours briller avec mystère
Comme la Lampe du Saint Lieu….
Oh ! bonheur… en moi j’ai des flammes
Et je puis gagner chaque jour
A Jésus un grand nombre d’âmes
Les embrasant de son amour…

A chaque aurore, je t’envie,
O Pierre Sacrée de l’Autel !
Comme dans l’étable bénie
Sur toi veut naître l’Éternel…
Ah ! daigne exaucer ma prière
Viens en mon âme, Doux Sauveur…
Bien loin d’être une froide pierre
Elle est le soupir de ton Coeur !…

O Corporal entouré d’anges !
Qu’il est enviable ton sort
Sur toi comme en ses humbles langes
Je vois Jésus mon seul trésor
Change mon coeur, Vierge Marie
En un Corporal pur et beau
Pour recevoir la blanche hostie,
Ou se cache ton Doux Agneau.

Sainte Patène, je t’envie
Sur toi Jésus vient reposer
Oh ! que sa grandeur infinie
Jusqu’à moi daigne s’abaisser…
Jésus comblant mon espérance
De ma vie n’attend pas le soir
Il vient en moi ; par sa présence
Je suis un vivant Ostensoir !…

Oh ! que j’envie l’heureux Calice
Où j’adore le Sang divin….
Mais je puis au Saint Sacrifice
Le recueillir chaque matin.
Mon âme à Jésus est plus chère
Que les précieux Vases d’or
L’Autel est un nouveau Calvaire
Où pour moi son Sang coule encor…

Jésus, Vigne sainte et sacrée,
Tu le sais, O mon Divin Roi
Je suis une grappe dorée
Qui doit disparaître pour toi…
Sous le pressoir de la souffrance
Je te prouverai mon amour
Je ne veux d’autre jouissance
Que de m’immoler chaque jour.

Ah ! quelle joie, je suis choisie
Parmi les grains de pur Froment
Qui pour Jésus perdent la vie…
Bien grand est mon ravissement !…
Je suis ton épouse chérie,
Mon Bien-Aimé, viens vivre en moi
Oh ! viens, ta beauté m’a ravie
Daigne me transformer en Toi !.. .

VI MON CIEL EST SOUS LE SOLEIL DE JÉSUS

Mon Ciel à Moi (Poésie PN 32, strophe 3)

Mon Ciel, il est caché dans la petite Hostie
Oh Jésus, mon Époux, se voile par amour
A ce Foyer Divin je vais puiser la vie
Et là mon Doux Sauveur m’écoute nuit et jour
“ Oh ! quel heureux instant lorsque dans ta tendresse
“ Tu viens, mon Bien-Aimé, me transformer en toi
“ Cette union d’amour, cette ineffable ivresse
Voilà mon Ciel à moi !…

Cantique d’une âme ayant trouvé le lieu de son repos !… (Poésie PN 21, strophe 3)

O Jésus ! en ce jour, tu combles tous mes voeux
Je pourrai désormais, près de l’Eucharistie
M’immoler en silence, attendre en paix les Cieux.
M’exposant aux rayons de la Divine Hostie
A ce foyer d’amour, je me consumerai
Et comme un séraphin, Seigneur, je t’aimerai.

Début de la lettre à soeur Marie de Saint-Joseph (LT 205, Décembre 1896)

Que c’est vilain de passer son temps à se morfondre, au lieu de s’endormir sur le Coeur de Jésus…

L’Abandon est le fruit délicieux de l’Amour (Poésie PN 52, Strophes 11 et 12, mai 1897)

Mon doux Soleil de vie
O mon Aimable Roi
C’est ta Divine Hostie
Petite comme moi….

De sa Céleste Flamme
Le lumineux rayon
Fait naître dans mon âme
Le parfait Abandon.

Thérèse s’endormait souvent à l’église, devant Jésus. Culpabilité ? Tristesse ? Violence contre soi ? Il n’en est rien : « Je devais me désoler de dormir pendant mes oraisons et mes actions de grâces ; eh bien, je ne me désole pas… Je pense que les petits enfants plaisent autant à leurs parents lorsqu’ils dorment que lorsqu’ils sont éveillés, je pense que pour faire des opérations les médecins endorment leurs malades. Enfin je pense que le Seigneur voit notre fragilité, qu’Il se souvient que nous ne sommes que poussière. » (Ms B, 75 v°-76 r°)

VII PRIÈRES DIVERSES

“ Pour moi, la prière, c’est un élan du coeur, c’est un simple regard jeté vers le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus. ” (Ms C, 24v°)

Prière à Jésus au tabernacle (Pri 7, 16 juillet 1895)

Jésus

      Ô Dieu caché dans la prison du tabernacle ! c’est avec bonheur que je reviens près de vous chaque soir, afin de vous remercier des grâces que vous m’avez accordées et d’implorer mon pardon pour les fautes que j’ai commises pendant la journée qui vient de s’écouler comme un songe….

      Ô Jésus ! que je serais heureuse si j’avais été bien fidèle, mais hélas ! souvent le soir je suis triste car je sens que j’aurais pu mieux répondre à vos grâces…. Si j’étais plus unie à Vous, plus charitable avec mes soeurs, plus humble et plus mortifiée, j’aurais moins de peine à m’entretenir avec vous dans l’oraison. Cependant, ô mon Dieu ! bien loin de me décourager par la vue de mes misères, je viens à vous avec confiance, me souvenant que : “ Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. ” Je vous supplie donc de me guérir, de me pardonner, et moi je me souviendrai, Seigneur, “ que l’âme à laquelle vous avez remis davantage, doit aussi vous aimer plus que les autres !… ” Je vous offre tous les battements de mon coeur comme autant d’actes d’amour et de réparation et je les unis à vos mérites infinis. Je vous supplie, ô mon Divin Époux, d’être vous-même le Réparateur de mon âme, d’agir en moi sans tenir compte de mes résistances, enfin je ne veux plus avoir d’autre volonté que la vôtre ; et demain, avec le secours de votre grâce, je recommencerai une nouvelle vie dont chaque instant sera un acte d’amour et de renoncement.

      Après être ainsi venue chaque soir au pied de votre Autel, j’arriverai enfin au dernier soir de ma vie, alors commencera pour moi le jour sans couchant de l’éternité où je me reposerai sur votre Divin Coeur des luttes de l’exil !…
Ainsi soit-il.

Prière pour obtenir l’humilité (Pri 20, paragraphe 2 et 3 , 16 juillet 1897)

      Je veux m’abaisser humblement et soumettre ma volonté à celle de mes soeurs, ne les contredisant en rien et sans rechercher si elles ont, oui ou non, le droit de me commander. Personne, ô mon Bien-Aimé, n’avait ce droit envers vous et cependant vous avez obéi non seulement à la Ste Vierge et à St Joseph, mais encore à vos bourreaux. Maintenant c’est dans l’Hostie que je vous vois mettre le comble à vos anéantissements. Quelle n’est pas votre humilité ô divin Roi de Gloire, de vous soumettre à tous vos prêtres sans faire aucune distinction entre ceux qui vous aiment et ce qui sont, hélas ! tièdes ou froids dans votre service… A leur appel vous descendez du ciel, ils peuvent avancer, retarder l’heure du St Sacrifice, toujours vous êtes prêt…

      Ô mon Bien-Aimé, sous le voile de la blanche Hostie que vous m’apparaissez doux et humble de coeur ! Pour m’enseigner l’humilité vous ne pouvez vous abaisser davantage, aussi je veux, afin de répondre à votre amour, désirer que mes soeurs me mettent toujours à la dernière place et bien me persuader que cette place est la mienne.

      “ Ô Jésus, doux et humble de coeur, rendez mon coeur semblable au vôtre ! ”

Une petite Hostie (Réactions pieuses RP5, 10)

Jésus, le Bel Enfant Divin,
Pour vous communiquer sa vie
Transforme en Lui chaque matin
Une petite et blanche Hostie.
Avec bien plus d’amour encor
Il veut vous changer en Lui-même
Votre coeur est son cher trésor
Son bonheur et sa joie suprême.
      Noël, Noël
      Je descends du Ciel
Pour dire à votre âme ravie
      L’Agneau si Doux
      S’abaisse vers vous
Soyez sa blanche et pure Hostie.

Poésie supplémentaire (PS8)

Toi qui connais ma petitesse extrême
Tu ne crains pas de t’abaisser vers moi !
Viens en mon coeur, ô blanche Hostie que j’aime
Viens en mon coeur, il aspire vers toi !
Ah ! je voudrais que ta bonté me laisse
Mourir d’amour après cette faveur.
Jésus ! entends le cri de ma tendresse.
Viens en mon coeur !

Pourquoi je t’aime, ô Marie (Poésie PN 54, strophe 5, Mai 1897)

O Mère bien-aimée, malgré ma petitesse
Comme toi je possède en moi Le Tout-Puissant
Mais je ne tremble pas en voyant ma faiblesse :
Le trésor de la mère appartient à l’enfant
Et je suis ton enfant, ô ma Mère chérie
Tes vertus, ton amour, ne sont-ils pas à moi ?
Aussi lorsqu’en mon coeur descend la blanche Hostie
Jésus, ton Doux Agneau, croit reposer en toi !…

« Lorsque vous ne recevez pas la communion à la Messe que vous entendez, communiez spirituellement, c’est là une méthode très avantageuse […]; vous imprimerez ainsi en vous un amour profond pour notre Seigneur ». (S. Thérèse de Jésus, Le chemin de la perfection, ch. 37: Oeuvres complètes, Paris (1948), p. 766.)



Adoration Eucharistique (mp3) – Colloque Adoratio2011

GRÂCES PAROISSIALES

FRUITS DE L’ADORATION PERPÉTUELLE POUR NOUS, LA PAROISSE, L’ÉGLISE ET LE MONDE

(conférence pour le colloque Adoratio2011, juin 2011, père Florian)

Écouter ce texte en audio mp3

Introduction

« Loué et remercié soit à chaque instant le Très Saint et Divin Sacrement ! ». C’est avec cette prière de louange que je souhaite bénir notre Seigneur Jésus, vraiment présent dans le sacrement de son Amour. L’Eucharistie est notre vrai trésor sur terre. Rien n’est plus beau, rien n’est plus grand, rien n’est plus admirable que cette présence du Ressuscité, qui sans quitter le ciel, vient dresser sa tente parmi nous, pour nous enrichir de sa grâce et nous revêtir de sa gloire. Combien de paroisses, en se prosternant devant le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, ont non seulement expérimenté son amour qui donne sens à notre existence, mais plus encore ont fait descendre sur l’Église et le monde quelques rayons de la lumière du Christ ressuscité.

Le Saint-Père Benoît XVI, dans une catéchèse sur sainte Julienne de Cornillon a affirmé sa joie de constater « dans l’Eglise un « printemps eucharistique » : combien de personnes demeurent en silence devant le Tabernacle, pour s’entretenir dans une conversation d’amour avec Jésus ! Il est réconfortant de savoir que beaucoup de groupes de jeunes ont redécouvert la beauté de prier en adoration devant le Très-Saint-Sacrement (…). Je prie afin que ce « printemps » eucharistique se répande toujours davantage dans toutes lesparoisses » (Audience générale de Benoit XVI sur sainte Julienne de Cornillon, 17 novembre 2010).

D’une part, un nombre grandissant de paroisses enracine la vie pastorale dans l’Eucharistie célébrée, puis continuellement adorée. L’adoration devient ainsi une source inépuisable de sainteté pour les fidèles. D’autre part, comme le rappelait le bienheureux Jean-Paul II, « malheureusement, à côté de ces lumières, les ombres ne manquent pas. Il y a en effet des lieux où l’on note un abandon presque complet du culte de l’adoration eucharistique. À cela s’ajoutent, dans tel ou tel contexte ecclésial, des abus qui contribuent à obscurcir la foi droite et la doctrine catholique concernant cet admirable Sacrement. Parfois se fait jour une compréhension très réductrice du Mystère eucharistique. Privé de sa valeur sacrificielle, il est vécu comme s’il n’allait pas au-delà du sens et de la valeur d’une rencontre conviviale et fraternelle »(Jean Paul II, Lettre encyclique, ‘Ecclesia de Eucharistia’, n. 10, 2003).

Si l’adoration du Saint-Sacrement est tombée en désuétude pendant quelques décennies, c’est en partie parce que celle-ci était considérée, principalement, comme intimiste, personnelle, privée. Aujourd’hui, grâce à la contribution pastorale de Jean-Paul II et l’apport théologique de Benoît XVI, l’Eglise ne cesse de rappeler que l’adoration n’est ni une piété personnelle ni une dévotion privée, mais une prière qui élargit le cœur aux dimensions du monde. En touchant le Cœur du Christ, Dieu touche tous les cœurs des hommes. En adorant la sainte Eucharistie, « nous entrons dans ce mouvement de l’amour d’où découlent tout progrès intérieur et toute fécondité apostolique » (Jean-Paul II, Homélie à Montmartre, 1 juin 1980).

Développons quelques unes des grâces perceptibles qui découlent de cette prière contemplative. Toutefois, n’oublions pas que nous « cheminons dans la foi et non dans la vision claire » (2 Co 5, 7). Ainsi les grâces visibles découlant de l’Eucharistie sont comme la pointe de l’iceberg en comparaison des bienfaits spirituels invisibles que le Seigneur prodigue à son Église et au monde. Puisque l’Eucharistie est le mémorial de la Passion du Christ, les fruits de l’Eucharistie découlent directement de la Croix : tout en bouleversant le monde de l’intérieur, le monde visible n’a pas radicalement changé, car nous attendons « un ciel nouveau et une terre nouvelle » (Ap 21, 1).

Mais avant de parler des fruits découlant de l’adoration, rappelons l’essentiel : Le Seigneur est digne d’être adoré pour lui-même, car il est notre Créateur, notre Rédempteur, notre Sanctificateur. Paul VI écrivait : « C’est pour nous un devoir très doux d’honorer et d’adorer dans la sainte hostie, que nos yeux voient, le Verbe incarné qu’ils ne peuvent pas voir et qui, sans quitter le ciel, s’est rendu présent devant nous »(Paul VI, lettre apostolique, ‘Profession de Foi Catholique’, 1968). Adorer Dieu est donc un « doux devoir ». D’abord un « devoir », car c’est le premier commandement : « Tu adoreras ton Dieu, de tout ton cœur, de tout ton esprit, de toute ton âme, voilà le premier commandement » (Mt 22, 36). Toutefois, ce devoir est « doux », car les bienfaits pour l’âme et pour le monde sont innombrables : « Quiconque aborde le vénérable Sacrement avec une dévotion particulière et tâche d’aimer d’un cœur généreux le Christ qui nous aime infiniment, éprouve et comprend à fond, non sans joie intime ni sans fruit, le prix de la vie cachée avec le Christ en Dieu ; il sait d’expérience combien cela vaut la peine de s’entretenir avec le Christ ; rien de plus doux sur terre, rien de plus apte pour avancer dans les voies de la sainteté…» (Paul VI, Lettre encyclique, ‘Mysterium Fidei’, 1965). Même si l’adoration du Saint-Sacrement représentait une démarche pénible, ou même si aucun fruit concret n’en découlait, le Seigneur serait tout de même digne d’être adoré pour lui-même. Ce qui doit motiver notre démarche d’adoration n’est pas d’abord les bienfaits spirituels que nous allons recevoir. Adorer est un acte de justice où l’on reconnaît que Dieu est l’être premier qui donne la vie. Il est l’Alpha et l’Omega. Tout provient de lui, tout subsiste en lui et tout doit retourner à lui. Avant d’envoyer ses disciples en mission, le Christ ressuscité « leur montra ses mains et ses pieds » (Lc 24, 40) avec ses plaies glorieuses, sources de grâce pour l’humanité. Car « ce sont nos souffrances qu’il a portées, ce sont nos douleurs qu’il a supportées et dans ses blessures, nous trouvons la guérison » (Is 53 4-5). Des plaies glorieuses du Christ découlent des fruits spirituels pour l’adorateur, pour l’église et pour le monde. Cet exposé tentera de présenter quelques-unes de ces grâces reçues lorsqu’une communauté paroissiale se mobilise pour adorer le Saint-Sacrement. Les témoignages des curés illustreront cette présentation. Les trois parties aborderont les principaux fruits constatés, d’abord dans la vie des adorateurs, ensuite dans la communauté paroissiale, enfin dans l’Église et le monde. Tous ces fruits découlent du Sacrifice de Jésus sur la Croix, rendu présent dans l’Eucharistie. Ces fruits sont tous profondément liés : en renouvelant le cœur des fidèles, le Seigneur édifie la communauté. Par là, il donne à l’Église des vocations et au monde des apôtres. Chaque vie changée renouvelle l’Église et transforme le monde…

 

GRÂCES PERSONNELLES

Tout d’abord, en venant se prosterner devant le Saint-Sacrement, l’adorateur fait l’expérience de la tendresse de Dieu. Déjà, en Galilée, les foules se pressaient autour Jésus pour l’entendre et le voir accomplir des signes et des prodiges. Pensons à cette femme qui toucha Jésus par sa foi, libérant ainsi sa puissance. Jésus prend conscience de la force qui est sortie de lui et dit : « Qui m’a touché ? » (Mt 5, 30). Notre foi touche le Cœur de Jésus et libère sa puissance et son amour guérissant sur nous, notre famille et le monde entier, chaque fois que nous allons à lui au Saint-Sacrement. Dans le silence de l’adoration, nous répondons à l’invitation de Jésus qui dit aux multitudes : « Venez à moi… », vous tous qui avez soif…, vous tous qui êtes fatigués… Venez vous reposer dans un coin désert… Car de mon sein coulera des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit Saint. Au Saint-Sacrement, Jésus refait nos forces et renouvelle en nous l’espérance lorsque tout semble perdu. Jean-Paul II témoignait : « Il est bon de s’entretenir avec Lui et, penchés sur sa poitrine comme le disciple bien-aimé, d’être touchés par l’amour infini de son cœur. Si, à notre époque, le christianisme doit se distinguer surtout par « l’art de la prière », comment ne pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d’amour, devant le Christ présent dans le Saint-Sacrement ? Bien des fois, j’ai fait cette expérience et j’en ai reçu force, consolation et soutien ! » (Jean Paul II, Lettre encyclique, ‘Ecclesia de Eucharistia’, n. 25, 2003).

Pour mieux évangéliser, l’adorateur doit d’abord se laisser évangéliser. Il doit laisser l’amour miséricordieux du Christ le guérir, le libérer, l’éclairer, le relever. A la question « que fait Jésus au Saint Sacrement ? », le curé d’Ars répondait : « il nous attend ». Là, Jésus voile sa majesté pour que nous osions aller lui parler comme un ami à son ami. Il tempère l’ardeur de son Cœur pour nous faire expérimenter sa douce tendresse. Sur la Croix, Jésus transforme la haine en amour et la mort en vie. De même, dans l’Eucharistie, Jésus opère la même merveille en nous : il change le mal en bien, les ténèbres en lumière, le peur en confiance. Pauline-Marie Jaricot, cet apôtre infatigable de la charité, vivant à Lyon au XIXème siècle, résume cette transformation personnelle qui s’opère dans le cœur des adorateurs qui laissent l’Esprit changer les cœurs de pierre en cœurs de chair : « C’est au pied de vos saints tabernacles que mon cœur desséché par les plus rudes épreuves, a constamment trouvé les forces nécessaires pour en supporter la rigueur. C’est là que mes combats se sont changés en victoires, ma faiblesse en courage, mes tiédeurs en ferveur, mes incertitudes en lumières, ma tristesse en joie, mes obstacles en succès, mes désirs en volonté, mes ressentiments contre le prochain en ardente charité. Tout ce que je sais, je l’ai appris à vos pieds, Seigneur » (Pauline-Marie Jaricot, ‘L’Amour Infini dans la Divine Eucharistie’, Lyon, Impr St Joseph, 2001).

Adorer fidèlement le Saint-Sacrement est ensuite une école de ferveur spirituelle et de fidélité dans la prière. Lorsqu’une paroisse organise l’adoration perpétuelle, chaque paroissien est invité à venir régulièrement adorer une heure par semaine. Cet engagement hebdomadaire comprend plusieurs avantages : avant tout, il aide les paroissiens à rester fidèles à la prière personnelle malgré les temps d’aridité, de sécheresse spirituelle endurés. Un curé témoigne : « Les grands maîtres spirituels soulignent que tout progrès spirituel nécessite une régularité, une fidélité et une ascèse. Le rythme d’une heure d’adoration par semaine nous permet de rentrer dans un emploi du temps hebdomadaire qui convient bien à chacun. Il permet de placer Jésus avant toute activité, comme dans l’évangile de Marthe et Marie, où Jésus nous rappelle, à travers le témoignage de Marie assise aux pieds du Seigneur, qu’une seule chose est nécessaire ou à Gethsémani, quand Jésus demande à Pierre : « Simon tu dors ? Tu n’as pas eu la force de veiller une heure ? » (Mc 14, 38) » (Témoignage du père Michel Pieron, curé de Vichy, 2005).

En s’engageant à adorer une heure par semaine, le paroissien se libère d’une démarche trop sensible ou sentimentale et passe progressivement à une adoration en ‘esprit et en vérité’, une adoration en Église et pour l’Église. On constate souvent qu’après quelques mois d’adoration, des adorateurs disent : « j’arrête l’adoration, parce que je ne ressens plus rien ». Mais Jésus rappelle que le « Père cherche des adorateurs qui adorent en esprit et en vérité » (Jn 4, 23), et non pas des adorateurs motivés uniquement par des grâces sensibles. Ainsi, une chapelle d’adoration accueillant les paroissiens à tour de rôle, constitue une véritable école de fidélité, de ferveur, où la rencontre avec Jésus devient une vraie expérience spirituelle, indépendamment des consolations ressenties… J’insiste sur l’importance de mettre en place une organisation où chaque adorateur est conscient qu’il est gardien du Saint-Sacrement. S’il ne peut se rendre à ce ‘rendez-vous d’amour’, il doit suivre une démarche simple pour trouver un remplaçant. Une équipe de responsables s’organise pour l’aider à cela. Soulignons la dimension ecclésiale de ce type d’organisation : l’adorateur prend le relais d’un autre et laissera, après son heure, la place à un nouvel adorateur. Cette chaine d’adoration incite les adorateurs à rester fidèles, car la présence de l’un encourage l’autre pendant la permutation d’heure en heure, de jour comme de nuit. En outre, il est fortement encouragé d’utiliser un ostensoir traditionnel posé dignement sur un autel, plutôt que d’utiliser un tabernacle avec des volets ou un ostensoir placé derrière une grille ou une vitre blindée… Au lieu de mettre en valeur la présence réelle et de solenniser la démarche d’adoration du Saint-Sacrement, cette forme d’exposition, d’ailleurs nullement recommandée par le magistère et qui pourtant se répand dans tant de paroisses aujourd’hui, a pour conséquence directe un désengagement des adorateurs. Cherchant une solution de facilité qui veut faire l’économie d’une organisation dont l’unique but est de favoriser la fidélité, l’adoration est alors réduite à une simple dévotion privée et non à une prière ecclésiale. Elle n’est plus une prière aux dimensions du monde où chacun veille, à tour de rôle, en Église et pour l’Église. Les adorateurs perdent ainsi le sens de la ‘garde d’honneur’ ou ‘garde d’amour’. Ils se démotiveront très vite et n’auront plus de raison de chercher un remplaçant pour remédier à leurs absences. La chaîne d’adoration sera vite discontinue et petit à petit s’étiolera jusqu’à disparaître. Enfin, une paroisse qui choisit un de ces modes d’exposition, au détriment de l’ostensoir exposé jour et nuit sur un autel, ne pose pas l’acte de foi que le Seigneur attend et par lequel il donne une grâce bien spécifique pour notre Église et notre temps ! « Soyez sans crainte, ayez seulement la foi » (Mc 5, 36).

Rendre « amour pour amour » à Jésus. Saint Pierre-Julien Eymard disait : « J’ai souvent réfléchi sur les remèdes à cette indifférence universelle qui s’empare d’une manière effrayante de tant de catholiques, et je n’en trouve qu’un : l’Eucharistie, l’amour à Jésus Eucharistique. La perte de la foi vient de la perte de l’amour ». L’Eucharistie est le don du Cœur Sacré de Jésus qui va « jusqu’au bout de l’amour » (Jn 13, 1). Jésus manifeste son Cœur aux hommes ; car, les voyant si pauvres en amour, il voulait les enrichir des trésors du Cœur de Dieu. Pour cela, il institue l’Eucharistie, invention de l’amour. Là, Jésus brûle du désir d’être aimé. Son Cœur est « une source intarissable », « une ardente fournaise » (Sainte Marguerite-Marie. Autobiographie, n. 55 et 56). Saint Eymard disait encore : « Au Saint Sacrement, il ne peut être plus aimant ! Et cependant, il n’est pas aimé. Son amour n’est pas apprécié. Il n’est même pas connu, et de très peu des siens même. Il a de bons serviteurs apostoliques, quelques pieux adorateurs de service. Mais qu’il a peu d’épouses ! Même qu’il a peu d’amis, qui le visitent par affection, qui conversent par le cœur, qui sont dévoués pour lui purement ! (Saint Pierre-Julien Eymard, Œuvres complètes, NR 44, 133). En venant adorer fidèlement, le paroissien fait une rencontre authentique dans la foi avec le Christ ressuscité. Il devient disciple de Jésus, selon son invitation : « mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29). Aujourd’hui, Jésus demeure au Saint-Sacrement non seulement pour que nous ayons le même privilège de le rencontrer dans sa personne divine, à l’instar des apôtres qui avaient l’opportunité de le côtoyer tous les jours. Mais plus encore, dans le sacrement de son Amour, Jésus attend de chacun les mêmes élans d’amour, la même affection, les mêmes sentiments, les mêmes dispositions intérieures qu’il reçut des saintes femmes de l’évangile ou des disciples se laissant former par le bon maître. Dans l’Eucharistie, Dieu se donne sans mesure. Il nous invite à la réciprocité, c’est à dire à aimer en retour, de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre force, Jésus dans sa personne divine, qui se rend corporellement présent à nous. Il est le premier pauvre, le premier qui mérite notre amour, le seul qui mérite tout notre cœur…

Comme soulignait le pape Jean-Paul II, « la présence de Jésus dans le tabernacle doit constituer comme un pôle d’attraction pour un nombre toujours plus grand d’âmes pleines d’amour pour lui et capables de rester longuement à écouter sa voix et à entendre presque les battements de son cœur » (Jean-Paul II, Lettre apostolique ‘Mane Nobiscum Domine’, n. 18, 2004). Ecouter ce cœur, c’est rechercher la volonté de Dieu. Dans l’adoration eucharistique, l’adorateur apprend à faire, non plus « sa volonté pour Dieu », mais « la volonté de Dieu ». Chacun doit vivre cette conversion de la volonté. Trop souvent, les chrétiens se dépensent généreusement dans beaucoup de services qu’ils ont choisis, mais se découragent vite, car ils ont fait leur volonté pour Dieu. Avant d’agir, il faut se mettre à genoux, pour recevoir de Dieu, non seulement sa volonté, mais aussi la force de l’accomplir avec persévérance. Plus encore, l’adorateur apprend à se décentrer de lui-même pour se centrer sur le Christ et sur sa Parole. Adorer silencieusement, c’est apprendre à dire : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » (1 S 3, 9) plutôt que « écoute Seigneur, ton serviteur parle » ! Aussi, la prière est un puissant rempart contre les tentations quotidiennes : « Priez pour ne pas entrer en tentation » (Mc 14, 37).

Les sacrements et la messe : Parmi les fruits personnels, soulignons maintenant ceux qui renouvellent les dispositions intérieures pour s’approcher dignement des sacrements et en recevoir les bienfaits. Benoît XVI rappelle le lien intrinsèque entre la messe et l’adoration eucharistique. Il écrit : « L’adoration eucharistique n’est rien d’autre que le développement explicite de la célébration eucharistique, qui est en elle-même le plus grand acte d’adoration de l’Église. Recevoir l’Eucharistie signifie se mettre en attitude d’adoration envers Celui que nous recevons. C’est ainsi, et seulement ainsi, que nous devenons un seul être avec Lui et que nous goûtons par avance, d’une certaine façon, la beauté de la liturgie céleste. L’acte d’adoration en dehors de la Messe prolonge et intensifie ce qui est réalisé durant la Célébration liturgique elle-même. En fait, ce n’est que dans l’adoration que peut mûrir un accueil profond et vrai. Et c’est bien par cet acte personnel de rencontre avec le Seigneur que mûrit ensuite la mission sociale qui est renfermée dans l’Eucharistie et qui veut briser les barrières non seulement entre le Seigneur et nous, mais aussi et surtout les barrières qui nous séparent les uns des autres »(Benoît XVI, Exhortation Apostolique, ‘Sacramentum Caritatis’, n. 66, 2007). L’expérience des paroisses adoratrices révèle qu’en adorant le Saint-Sacrement, les paroissiens apprennent non seulement à discerner, au-delà des apparences du pain, la présence réelle du Seigneur. Mais aussi, ils prennent conscience de la présence efficiente du Sacrifice de la Croix, rendue présente à chaque messe. Ainsi, en se prosternant longuement devant la sainte Hostie, les adorateurs ne pourront approcher la sainte communion sans une sainte révérence et une profonde adoration. Aussi, ils ne pourront réduire la célébration eucharistique à un simple banquet. En d’autres mots, adorer le Saint-Sacrement permet de vivre plus intensément l’Eucharistie dans toutes ses dimensions. Mgr Ruben T. Profugo, évêque de Lucena aux Philippines témoigne : « Dans mon diocèse, l’assistance à la messe s’est accrue visiblement non seulement le dimanche mais aussi pendant la semaine. Beaucoup sont revenus aux sacrements grâce à l’adoration perpétuelle eucharistique. Il y a un lien très fort entre l’adoration et la messe. L’heure d’adoration de la semaine prépare les paroissiens à vivre la messe du dimanche ou à rendre grâce pour celle qui vient d’être vécue». Le Saint-Père n’hésitait pas dire que « l’adoration n’est pas un luxe, mais une priorité » (Benoît XVI, Angélus 28 août 2005) aujourd’hui dans l’Église.

Catéchuménat : Un jeune prêtre Vietnamien qui exerçait son ministère à Singapour dans une petite paroisse raconte : « Célébrant la messe d’un dimanche de carême, je fus frappé par le nombre important de catéchumènes : quatre-vingts jeunes entre 18 et 35 ans. A la fin de la messe, ce jeune prêtre me fait visiter sa paroisse et je remarque, à côté de l’église, une petite salle climatisée, remplie de fleurs. Le Saint-Sacrement y est exposé jour et nuit, comme dans la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, et il y a toujours une quinzaine de personnes. Ce vicaire disait que le nombre de catéchumènes était lié à cette adoration. En effet, interrogeant ces jeunes qui lui demandaient le baptême, tous répondaient que depuis des mois, la nuit, ils venaient prier le Saint-Sacrement, sans très bien savoir ce qu’ils faisaient, mais ils étaient attirés par cette Présence. Oui, l’adoration attire, parce que tout homme a en lui ce désir de voir Dieu » (Mgr Patrick Chauvet, « Il est là ! L’adoration eucharistique », p. 92. Saint-Maur, Parole et Silence, 2008).

Sacrement de Réconciliation : « Ce n’est pas seulement la pénitence qui conduit à l’Eucharistie, mais c’est aussi l’Eucharistie qui mène à la pénitence » (Jean-Paul II, Lettre Apostolique, ‘Dominicae Cenae’, 1980). Comme curé d’une paroisse qui a l’adoration perpétuelle, je peux témoigner de la demande croissante du sacrement de la réconciliation comme fruit de l’adoration. La progression est non seulement quantitative, mais aussi qualitative. On ne peut rester devant le Saint-Sacrement sans que la lumière du Christ illumine profondément l’âme et éclaire la conscience…

Les divorcés remariés, qui ne peuvent avoir accès à la sainte communion, sont toutefois vivement encouragés à participer au Sacrifice de la messe et à contempler le visage du Christ dans l’adoration. Récemment, une paroissienne me disait qu’elle ne progressait pas spirituellement. Après un échange, elle avoue qu’elle est divorcée remariée et que malgré tout, elle reçoit la sainte communion. Je l’invite alors à continuer à venir fidèlement à la messe, mais sans communier. Je l’encourage aussi à adorer plus fidèlement le Saint-Sacrement. Malgré le choc et la peine éprouvée, elle est revenue quelques mois plus tard, me faire part que sa vie spirituelle a enfin trouvé un nouvel élan… Jean-Paul II écrivait : « La contemplation prolonge la communion et permet de rencontrer durablement le Christ, vrai Dieu et vrai homme, de se laisser regarder par lui et de faire l’expérience de sa présence. Quand nous le contemplons présent au Saint-Sacrement de l’autel, le Christ se fait proche de nous et plus intime à nous-mêmes : il nous donne part à sa vie divine dans une union transformante et, par l’Esprit, il nous ouvre l’accès au Père, comme il le disait lui-même à Philippe : ‘Qui m’a vu a vu le Père’ (Jn 14, 9). La contemplation, qui est aussi une communion de désir, nous associe intimement au Christ et elle associe de manière toute spéciale ceux qui sont empêchés de le recevoir » (Jean-Paul II, Lettre à Mgr Houssiau, 28 Juin 1996). Combien de divorcés remariés font aujourd’hui l’expérience de l’amour inconditionnel du Christ en adorant le Saint-Sacrement fidèlement. Par cette communion spirituelle, le Christ leur donne les grâces nécessaires pour continuer à vivre le commandement de la charité et pour s’engager dans la mission de l’Église…

 

GRÂCES PAROISSIALES

En renouvelant le cœur des paroissiens, l’adoration les pousse à s’engager davantage dans leur communauté paroissiale. Une communauté est d’abord constituée de personnes qui nourrissent leur vie baptismale par une intense vie eucharistique.

Foyer de prière : Un curé rappelle que l’adoration nourrit et fortifie la foi : « Le Seigneur a toujours exaucé les prières des adorateurs et il continue à le faire. La chapelle d’adoration est devenue un vrai ‘foyer de prière’ depuis déjà plusieurs années. Notre communauté chrétienne est comblée. Je crois que l’adoration perpétuelle eucharistique est le plus noble et pourtant le plus facile accomplissement de ma vie de prêtre. Les bienfaits sont nombreux et l’effort de ma part est minime. Ce que je peux faire de mieux pour mes paroissiens est de les aider à grandir spirituellement… L’adoration perpétuelle rend Jésus présent tout le temps, pour tous et chacun. Il est vraiment là en personne pour chacun de nous ».

Fondement spirituel et fécondité : Il arrive que les paroisses ressemblent à des terres arides dans lesquelles il est difficile de lancer des projets pastoraux nouveaux ou de renouveler ceux qui existent. Par l’adoration continue, Jésus déverse son Esprit sur tous les mouvements de la paroisse, comme des fleuves d’eau vive se déversant de son divin Cœur (cf Jn 7, 37-39). Cette eau vivifie la communauté paroissiale, la rendant plus disponible à la mission, donnant ainsi aux activités pastorales une plus grande fécondité. Aussi, à l’inverse de la girouette qui change sans cesse de direction, par l’adoration, la paroisse est ancrée sur le Christ, le Bon Pasteur des âmes, qui bénit et donne la fécondité aux initiatives pastorales, malgré les changements inévitables de curés, de paroissiens, de mouvements… Jésus célébré et adoré est le Roc sur lequel la paroisse repose… De son Cœur transpercé qui palpite au Saint-Sacrement, jaillit l’Esprit qui arrose spirituellement la terre de la paroisse pour que celle-ci puisse produire des fruits abondants de conversions, d’engagements, de charité…

Grâces d’unité, de charité : Un curé témoigne : « La paroisse St Louis-St Blaise expérimente des grâces de charité puisées dans l’adoration eucharistique : des liens se tissent ou se resserrent, les paroissiens sont plus attentifs les uns aux autres, plus solidaires. Jésus au Saint-Sacrement bouleverse le cœur de la paroisse et l’ouvre peu à peu à la mission que nous sommes en train de mettre en route. Grâce à cette chaîne de prière ininterrompue, tous les groupes de la paroisse se trouvent rassemblés dans la prière. Dans l’exercice de mon ministère, je sais qu’à chaque instant, un paroissien prie pour la paroisse et son curé. Lors du premier anniversaire de l’adoration perpétuelle, nous étions plus de deux cents à assister à la conférence. C’est dire combien les paroissiens ont à cœur de faire corps autour de Jésus-Eucharistie. Je suis touché de cette fidélité de mes paroissiens à leur engagement dans la prière. Elle est tellement belle ! » (Témoignage du père Michel Pieron, curé de Vichy, 2005). Jésus disait : « Je suis la vigne, vous êtes les sarments, si vous demeurez en moi et moi en vous, vous porterez beaucoup de fruit, mais hors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5). Ainsi, toute fécondité pastorale trouve sa source dans l’union de la communauté avec le Christ. Puisque l’Eucharistie est le sacrement de la communion avec Dieu et avec le prochain, plus nous vivons de l’Eucharistie, plus notre communion avec le Christ est authentique et par conséquence plus notre charité envers le prochain est concrète.

Bien que la messe soit le premier lieu de rassemblement paroissial, il arrive toutefois que des paroissiens fréquentent uniquement ‘leur messe’ du dimanche (messes des familles, messe des jeunes, messes basses…), ce qui ne favorise pas toujours l’unité et la communion. Par contre, si en plus de la messe, l’adoration permanente est proposée, de nouveaux liens spirituels se créent entre les adorateurs qui se succèdent ou se remplacent. On remarque que les paroissiens de sensibilités spirituelles différentes, qui ne se rencontrent pas à la messe, se lient d’amitié grâce à la chaîne d’adoration… Oui, « l’Eucharistie édifie l’Église et l’Église fait l’Eucharistie » (Jean-Paul II, lettre encyclique ‘Ecclesia de Eucharistia’, n. 26, 2003).

Vocations : En vivant de l’Eucharistie, celui qui se met au service de l’Évangile chemine dans l’amour de Dieu et du prochain. Il contribue ainsi à construire l’Église comme communion. L’amour eucharistique motive et fonde l’activité vocationnelle de toute l‘Église. « Dans l’intimité de l’Eucharistie, certains découvrent qu’ils sont appelés au ministère de l’Autel, d’autres à contempler la beauté et la profondeur de ce mystère, d’autres à faire retomber cet élan d’amour sur les pauvres et les faibles, et d’autres encore à en recueillir la puissance transformante dans les réalités et les gestes de la vie quotidienne. Chaque croyant trouve dans l’Eucharistie non seulement la clé d’interprétation de son existence mais le courage pour la réaliser afin qu’il puisse construire, dans la diversité des charismes et des vocations, l’unique Corps du Christ dans l’histoire » (Jean-Paul II, lettre aux prêtres, Jeudi Saint 2000). Tant d’évêques témoignent que les vocations sacerdotales dans leur diocèse ont abondé depuis qu’ils ont instauré l’adoration continue.

Adoration et charité : Mère Teresa de Calcutta témoigne : « Ce n’est pas avant 1973, année où nous avons commencé l’heure sainte quotidienne, que notre communauté s’est mise à croître et à fleurir ». La bienheureuse distingue trois grâces puisées dans l’adoration eucharistique. Tout d’abord, elle apprend à aimer ses sœurs de l’amour même qui découle de l’Eucharistie. Ensuite, le fait de reconnaître Jésus sous les apparences du pain l’aide à mieux reconnaître le Christ dans le plus pauvre. Enfin l’adoration lui permet de donner aux personnes qu’elle sert, non plus ce qu’elle est ou possède, mais Jésus qui vit en elle. Dans une lettre, elle écrit : « Chaque jour, nous exposons le Saint-Sacrement, et nous nous sommes aperçues d’un changement dans notre vie. Nous avons ressenti un amour plus profond pour le Christ à travers le masque affligeant des pauvres. Nous avons pu mieux nous connaître et mieux connaître le pauvre comme témoignage concret de Dieu. Depuis que nous avons commencé cette adoration du Saint-Sacrement, nous n’avons pas diminué notre travail, nous y consacrons autant de temps qu’auparavant, mais avec plus de compréhension. Les gens nous acceptent mieux. Ils ont faim de Dieu. Ils n’ont plus besoin de nous, mais de Jésus ». « L’Heure Sainte devant l’Eucharistie doit nous conduire à l’heure sainte avec les pauvres ». Dans ce sens, plusieurs paroisses en France ont organisé un centre d’accueil, d’écoute ou d’entraide en lien direct avec la chapelle d’adoration eucharistique. Par exemple, la paroisse St Patrick à Londres offre un service d’écoute téléphonique permanent. Les écoutant restent en prière devant le Saint-Sacrement dans une chapelle spécialement aménagée pour cela. Jean-Paul II écrivait : « La proximité avec le Christ, dans le silence de la contemplation, n’éloigne pas de nos contemporains mais, au contraire, elle nous rend attentifs et ouverts aux joies et aux détresses des hommes, et elle élargit le cœur aux dimensions du monde. Elle nous rend solidaire de nos frères en humanité, particulièrement des plus petits, qui sont les bien-aimés du Seigneur » (Jean-Paul II, Lettre à Mgr Houssiau, 28 Juin 1996) .

Maternité spirituelle : Pour susciter des saintes vocations religieuses et sacerdotales, la congrégation du Clergé encourage la pratique de l’adoration continue dans les diocèses. Le cardinal Hummes écrivait qu’aujourd’hui, l’urgence se fait jour d’ « un mouvement de prière qui place en son centre l’Adoration eucharistique continue sur la durée de vingt-quatre heures, de manière que de tout angle de la terre, s’élève toujours à Dieu une prière d’adoration, d’action de grâce, de demande et de réparation, avec le but principal de susciter un nombre suffisant de saintes vocations au sacerdoce et, également, d’accompagner spirituellement au niveau du Corps mystique -, avec une sorte de maternité spirituelle ceux qui sont déjà appelés au sacerdoce ministériel… » (Lettre du Cardinal Hummes, préfet de la congrégation pour le Clergé, 8 décembre 2007). Une paroisse qui adore jour et nuit le Saint-Sacrement obtient des grâces de maternité spirituelle. Elle ‘enfante’ pour l’Eglise de saintes vocations sacerdotales et religieuses et obtient pour eux des grâces de sanctification. Par l’adoration continue, la paroisse devient l’épouse qui s’unit à l’époux, Jésus dans l’hostie. L’Eucharistie est le banquet de noces où le Christ donne à son Église les vocations dont elle a besoin pour annoncer le salut à toutes les nations. Oui, les vocations sacerdotales s’obtiennent à genoux, devant le Seigneur dans l’Eucharistie.

Adoration et évangélisation : Dans l’évangile, « Jésus gravit la montagne et il appelle à lui ceux qu’il voulait. Ils vinrent à lui, et il en institua Douze pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher » (Mc 3, 13-14). Ici, l’adoration, c’est le ‘venir à lui’. L’évangélisation, c’est le ‘être envoyé vers’. Avant ‘d’aller vers’ les autres au nom de Jésus, il faut d’abord ‘venir à’ Jésus. Evangéliser sans adorer, c’est du prosélytisme. Adorer sans évangéliser, c’est de l’évasion. Dans son encyclique sur l’Eucharistie, Jean-Paul II rappelle que « tout engagement vers la sainteté, toute action visant à l’accomplissement de la mission de l’Église, toute mise en œuvre de plans pastoraux, doit puiser dans le mystère eucharistique la force nécessaire et s’orienter vers lui comme vers le sommet. Dans l’Eucharistie, nous avons Jésus, nous avons son sacrifice rédempteur, nous avons sa résurrection, nous avons le don de l’Esprit Saint, nous avons l’adoration, l’obéissance et l’amour envers le Père. Si nous négligions l’Eucharistie, comment pourrions-nous porter remède à notre indigence » (Jean-Paul II, Lettre encyclique ‘Ecclesia de Eucharistia’, n. 60, 2003).

Nous constatons avec joie qu’aujourd’hui tant de paroisses s’engagent avec ardeur dans la « Nouvelle Evangélisation » ! Mais attention au risque de copier certains groupes évangélistes dans leurs méthodes d’évangélisation ! Sans remettre en cause une certaine efficacité de leurs pratiques, n’oublions pas que, pour nous Catholiques, la source de la vie divine et donc de la fécondité apostolique, se trouve dans le sacrement de l’Eucharistie ! Je n’annonce pas l’évangile individuellement, ou uniquement avec mes propres forces ou mes talents personnels, mais c’est au nom de l’Église, avec la puissance de l’Eucharistie et l’intercession de Marie ! Aujourd’hui, il arrive que certaines méthodes d’évangélisation dans les paroisses catholiques, bien que s’en remettant à l’adoration eucharistique, aient tendance à instrumentaliser cette pratique, de sorte que l’adoration ne soit pas d’abord un acte gratuit offert à Dieu. Mais l’adoration se réduit à une recherche de quelques grâces utiles pour agir plus efficacement. Contre ce risque, le bienheureux Charles de Foucault reste un modèle qui nous invite à entrer dans la pauvreté eucharistique. Il remet au Seigneur la fécondité de sa vie spirituelle, n’attendant rien en retour de son adoration, si ce n’est une charité plus grande pour Dieu et son prochain.

Voici le témoignage du curé qui m’a précédé à Sanary, le P. Bertrand Lorentz : « Déjà 5 ans que notre paroisse vit de l’adoration perpétuelle. Quel magnifique cadeau pour une paroisse ! C’est la plus grande grâce qui soit parce que Jésus est aimé au Saint-Sacrement. Heure après heure, jeunes et adultes de la paroisse viennent à la source de l’amour et repartent dans leur journée, remplis de force, de joie et de paix. L’adoration sur notre paroisse a permis de développer ce grand courant de prière et de donner à beaucoup la persévérance dans la fidélité. De plus, comment penser évangéliser si nous ne commençons pas par nous mettre à genoux ? Adoration et évangélisation sont deux mots qui riment ensemble. C’est pourquoi l’adoration et les cellules paroissiales d’évangélisation mises en place sur notre paroisse forment un couple inséparable ».

Adoration et guérison : « Le soleil de justice brillera avec la guérison dans ses rayons » (Ml 3, 20). Jésus dans l’Eucharistie n’illumine pas uniquement les individus, mais aussi les groupes, les mouvements qui viennent adorer ensemble pour grandir en zèle et en ardeur annoncer l’Évangile. Don Macchioni, pour les cellules paroissiales affirmait : « La communauté qui ne sait pas faire ce choix (de l’adoration) dans la foi ne pourra jamais voir de fruits durables, qu’il s’agisse d’une croissance spirituelle ou de l’augmentation du nombre de ses membres, et exposera ses initiatives pour louables qu’elles soient, à un échec. Nous ne répéterons jamais assez que ce choix pastoral doit précéder et alimenter tous les autres. La louange et l’adoration forment un rempart extraordinaire contre les tentations auxquelles une communauté qui grandit se trouve confrontée. Quiconque aura passé son heure d’adoration au service de la communauté et à prier avec amour pour les frères qu’il est en train d’évangéliser, en sortira revivifié ayant obtenu la vision même de Jésus sur les circonstances qui l’entourent. En outre, il sera peu à peu guéri de ses blessures intérieures, parce qu’il aura fait l’expérience de l’amour de Dieu et continuera à la faire » (Don Giuseppe Macchioni, ‘Evangéliser en Paroisse’, p. 76, Ed des Béatitudes, 2009).

Adoration dans le milieu rural : Lorsqu’une paroisse est constituée de nombreux clochers, l’adoration sans interruption est difficile à réaliser. Toutefois, la chaine d’adoration peut être prolongée, devenant ainsi une grande source de grâces pour les paroissiens qui n’ont pas la messe chaque semaine dans leur clocher ou qui ne peuvent se déplacer. Beaucoup de paroisses s’organisent ainsi : les clochers principaux sont choisis pour devenir des lieux d’adoration. Chaque communauté locale s’engage à assurer une plage horaire hebdomadaire d’adoration. Le tout est organisé de sorte que lorsque l’adoration se termine sur un clocher, un autre clocher prend le relais. Et ainsi de suite… De cette manière, le Saint-Sacrement est toujours adoré dans un lieu. On fortifie ainsi l’unité de la paroisse avec ses nombreux clochers. Aussi, on ‘fait vivre’ les différents clochers en les ouvrant chaque semaine pendant quelques heures pour l’adoration. « Ma maison sera une maison de prière » (Jn 2, 17) et non un musée ni un lieu ouvert seulement pour une messe mensuelle…

Aussi, plusieurs curés témoignent que la chapelle d’adoration ouverte jour et nuit a permis d’éviter des profanations ou des dégradations. Les exemples sont nombreux où un adorateur, priant devant le Saint-Sacrement, a pu empêcher une intrusion dans l’église ou des profanations. Voici quelques lignes du Télégramme, revue laïque de Bretagne, récemment parue : « Ils voulaient ‘défendre’ des ‘valeurs anticléricales’ en s’en prenant à l’église Saint-Pie-X à Vannes. Ils devront finalement méditer leurs gestes d’ici le 1er juin prochain, date de leur comparution devant le tribunal correctionnel de Vannes… À l’issue d’une soirée bien arrosée passée chez l’un d’eux, trois étudiants et un employé ont pris la direction de l’église, le siège d’une des paroisses de Vannes. Équipés d’une bombe de peinture rouge, ils auraient dégradé l’édifice d’une dizaine de tags par le biais d’insultes. La police les a interpellés vers 1h30 du matin, alors qu’ils se dirigeaient vers le centre-ville… Ce sont des fidèles pratiquant «l’adoration perpétuelle» dans une chapelle de cette église qui ont averti la police des méfaits en cours à l’extérieur de l’édifice… »(letelegramme.com, Morbihan, 6 avril 2011).

 

GRÂCES POUR L’ÉGLISE ET LE MONDE

 
Jean-Paul II écrivait : « Pour évangéliser le monde, il faut des experts en célébration, en adoration et en contemplation de l’Eucharistie…» (Jean-Paul II, Journée Mondiale pour les missions, 2004). Par l’adoration, les paroissiens font l’expérience de l’amour de Dieu. Cela les pousse à s’engager dans leur communauté paroissiale, qui leur donne l’Eucharistie. Dans leur mission, ils sont à la fois portés par l’Eglise et ils intercèdent pour le monde. En d’autres mots, leur adoration devient trinitaire : en adorant le Fils, celui-ci les conduit au Père. Dans cette dynamique, ils reçoivent une nouvelle effusion d’Esprit Saint qui les pousse à s’engager dans l’Église et le monde.

Conscience sociale : En laissant l’Esprit agir, le culte rendu à la divine Eucharistie pousse véritablement l’âme à développer un amour social, par lequel le bien commun est préféré au bien particulier. Pour Paul VI, « l’Eucharistie est d’une efficacité suprême pour la transformation du monde en un monde de justice, de sainteté et de paix » (Paul IV, discours du Saint Père pour l’inauguration des œuvres sociales eucharistiques internationales à Dos Hermanas).

Réparer les fautes du monde. Jésus présente son Cœur à sainte Marguerite-Marie, tantôt comme un soleil d’amour divin, tantôt entouré d’une couronne d’épines. Il est d’une part embrasé d’amour pour les hommes. D’autre part, il est offensé par leur ingratitude. Cette double considération doit nous mouvoir d’une part à rendre amour pour amour à l’amour du Cœur de Jésus et d’autre part, à lui offrir une compensation pour l’offense qui lui est faite. Réparer, ou consoler le Cœur de Jésus, c’est aimer Jésus de tout son cœur pour ceux qui le rejettent ou l’ignorent. A Paray-le-Monial, Jésus rappelle que ce même Cœur de chair palpite aujourd’hui au Saint-Sacrement, pour nous qui n’avons pas vécu avec lui il y a 2000 ans. « Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour » (Sainte Marguerite-Marie. Autobiographie, n. 55 et 56). Marguerite-Marie passera tout le temps dont elle dispose pour aimer passionnément Cœur au Saint-Sacrement, en réparation de ceux qui ne le connaissent pas, l’ignorent ou le méprisent. Jean-Paul II écrit : « L’animation et l’approfondissement du culte eucharistique sont une preuve du renouveau authentique que le Concile s’est fixé comme but, et ils en sont le point central. L’Eglise et le monde ont un grand besoin de culte eucharistique. Jésus nous attend dans ce sacrement d’amour. Ne mesurons pas notre temps pour aller le rencontrer dans l’adoration, dans la contemplation pleine de foi et prête à réparer les grandes fautes et les grands délits du monde. Que notre adoration ne cesse jamais » (Jean-Paul II, Lettre Apostolique, ‘Dominicae Cenae’, 1980).

Moteur spirituel : Voici le témoignage d’un adorateur nocturne texan : De même que sur un bateau de croisière, chacun ressent nuit et jour le moteurpropulsant le bateau vers l’avant, de même lorsqu’une paroisse vit la grâce de l’adoration perpétuelle, à chaque heure du jour et de la nuit, un paroissien s’unit au Cœur de Jésus dans l’Eucharistie, véritable moteur spirituel de la paroisse. Alors ce Cœur déverse en abondance sa lumière et sa miséricorde divine sur l’Église et le monde…

Jean-Paul II présente l’adoration comme un service éminent pour l’humanité : « Par l’adoration, le chrétien contribue mystérieusement à la transformation radicale du monde et à la germination de l’Évangile. Toute personne qui prie le Sauveur entraîne à sa suite le monde entier et l’élève à Dieu. Ceux qui se tiennent devant le Seigneur remplissent donc un service éminent ; ils présentent au Christ tous ceux qui ne Le connaissent pas ou ceux qui sont loin de Lui ; ils veillent devant Lui, en leur nom… » (Jean-Paul II, Lettre à Mgr Houssiau, 28 Juin 1996). Ainsi, en adorant le Saint-Sacrement, nous représentons la personne de notre famille, de notre paroisse, de notre monde qui a le plus besoin de la miséricorde divine. Celle-ci reçoit les grâces nécessaires pour revenir à Dieu le Père. En Exode 17, lorsque le peuple d’Israël luttait contre les Amalécites, Moïse intercédait devant Dieu en élevant les mains pour demander la victoire à Dieu. Comme ses bras s’alourdissaient, il a demandé l’aide d’Aaron et d’Hur pour maintenir ses bras élevés vers Dieu. Et le Seigneur a donné la victoire complète à son peuple… Nous aussi, par l’adoration perpétuelle, un adorateur est toujours présent devant le Seigneur, dans une chaine ininterrompue de prière et d’intercession. Et le cœur des paroissiens est sans cesse levé vers Dieu. Et Dieu donne la victoire à son peuple, son Eglise. Il envoie sa miséricorde, sa paix et sa lumière qui chassent les ténèbres de notre cœur et du monde. Aussi, en Is 62, 4, il est écrit : « sur tes remparts, Jérusalem, j’ai posté des veilleurs, de jour et de nuit, jamais ils ne se tairont ». Lorsqu’une paroisse organise l’adoration continue, les « veilleurs » sont les adorateurs sur les « remparts » qui ne se « taisent jamais ». En d’autres mots, par leur prière incessante, ils sont comme suspendus entre ciel et terre et font descendre sur l’humanité les écluses de la miséricorde divine. Au tabernacle, Jésus laisse à son Église sa grande adoration du Père. Il veut nous y associer. L’adorateur est placé sur les fractures de l’humanité. Sa supplication embrasse toutes les situations où l’homme a perdu sa dignité, son intégrité, sa ressemblance avec le Père. L’adoration évangélise en déversant les grâces de la Rédemption, par l’Église, sur toutes les situations où l’homme ne répond plus à sa vocation d’enfant du Père.

Rayonnement Eucharistique : Charles Foucauld adorait le Saint-Sacrement en pays touareg. Il écrivait : « Cœur Sacré de Jésus, rayonnez du fond de ce tabernacle sur ce peuple qui vous entoure sans vous connaître. Eclairez, dirigez, sauvez ces âmes que vous aimez ». La chapelle d’adoration est un phare qui éclaire, unit, protège la paroisse et la ville. « De son tabernacle, Jésus rayonnera sur ces contrées et attirera à Lui des adorateurs… Ma présence fait-elle quelque bien ici ? Si elle n’en fait pas, la présence du Saint-Sacrement en fait certainement beaucoup : Jésus ne peut être en un lieu sans rayonner ».

Avortement : Mère Teresa de Calcutta écrivait : « Si les gens passaient une heure par semaine en adoration eucharistique, l’avortement cesserait ». En effet, l’adoration perpétuelle eucharistique, c’est un petit coin du ciel sur la terre : Jésus y est adoré ici-bas sans interruption, comme au ciel où les saints et les anges l’adorent sans cesse. La vie divine se répand abondamment dans les cœurs, protégeant ainsi toute vie humaine, de sa conception à sa fin naturelle.

Paix, ordre, sécurité : Jésus, s’adressant à sainte Faustine déclarait : « L’humanité ne trouvera pas la Paix tant qu’elle ne se tournera pas avec confiance vers ma Miséricorde » (Faustine Kowalska, ‘Petit Journal’, n. 300). Plus loin, nous lisons : « Le trône de la Miséricorde, c’est le Tabernacle » (Faustine Kowalska, ‘Petit Journal’, n. 1484). Ainsi, il ne peut y avoir de paix véritable dans les cœurs, les familles et le monde sans se tourner davantage vers l’Eucharistie célébrée et adorée. Mgr Ruben Profugo, évêque de Lucena, aux Philippines, témoignait : « L’adoration perpétuelle eucharistique a protégé mon diocèse de la violence qui menaçait de le déchirer. Aussi bien les prêtres que les laïcs attribuent à l’adoration perpétuelle eucharistique non seulement la protection du diocèse contre le communisme, mais aussi l’instauration de la paix et de l’ordre ». Le curé de Las Vegas écrivait à son tour : « Nous avions de la prostitution devant notre église; on y vendait de la drogue. Lorsque nous avons commencé l’adoration perpétuelle eucharistique, tout cela a cessé. Quand notre Seigneur au Saint-Sacrement est exposé sur l’autel, la criminalité a sensiblement diminué dans la région. J’en suis convaincu » . Mgr Josefino S. Ramirez, vicaire général et chancelier, archidiocèse de Manille aux Philippines, écrit : « L’adoration perpétuelle eucharistique est le ‘plan de paix’ de Notre-Dame. Je suis absolument convaincu que c’est par cette adoration que la paix viendra sur notre pays et sur le monde. Quand nous ferons sur la terre ce qui est fait au ciel, c’est-à-dire, adorer Dieu perpétuellement, alors nous verrons ‘la terre nouvelle et les cieux nouveaux’. Le seul nom, la seule puissance, le seul amour qui apporteront la paix éternelle sur la face de la terre, ce sont le Nom, la Puissance et l’Amour de Jésus au Saint-Sacrement ». C’est l’amour de Dieu pour l’homme qui a créé le monde. Ce sera l’amour de l’homme pour le Fils de Dieu au Saint-Sacrement qui recréera le monde et fera venir la nouvelle création promise par Dieu. Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est uni lui-même à tout homme de telle sorte que, « par son pouvoir de soumettre toutes choses à lui-même » (Ph 3, 21), « le monde créé est destiné à être assumé dans l’Eucharistie » (Jean-Paul II, Lettre encyclique ‘Lumen Orientale’, n. 11, 1995) où tout et chacun sera rendu parfait dans le feu d’amour divin !

Concluons avec les paroles de saint Pierre-Julien Eymard qui déjà au XIXème siècle rappelait l’urgence de l’adoration eucharistique pour renouveler nos paroisses et notre monde : « Aujourd’hui, l’exposition solennelle de Jésus sacramentel est la grâce et le besoin de notre époque. Elle est la grâce souveraine. L’exposition est l’arme puissante de l’Église et du fidèle… Nous ne craignons pas de l’affirmer : le culte de l’exposition du Très-Saint-Sacrement est le besoin de notre temps… Ce culte est nécessaire pour sauver la société. La société se meurt parce qu’elle n’a plus de centre de vérité et de charité, mais elle renaîtra pleine de vigueur quand tous ses membres viendront se réunir autour de la vie, à Jésus dans l’Eucharistie. Remontez à la source, à Jésus. Surtout à Jésus dans son Eucharistie… Qu’on le sache bien, une civilisation grandit ou décroît en fonction de son culte pour la divine Eucharistie. C’est là la vie et la mesure de sa foi, de sa charité, de sa vertu. Qu’il arrive donc ce règne de l’Eucharistie ! Assez longtemps l’impiété et l’ingratitude ont régné sur terre. Que ton règne vienne ». Benoît XVI nous montre le chemin à suivre : « Si notre Église devient authentiquement eucharistique, elle sera une Église missionnaire. Nous aussi, nous devons pouvoir dire à nos frères avec conviction : « Ce que nous avons contemplé, ce que nous avons entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous » (1 Jn 1, 3) » (Benoit XVI, Exhortation Apostolique, ‘Sacramentum Caritatis’, n. 84, 2007).

 

Adoration Eucharistique – Jean-Paul II

Adoration eucharistique

La contemplation du Christ présent

3. Hors de la célébration eucharistique, l’Église prend soin de vénérer la sainte réserve, qui doit être « gardée […] comme centre spirituel de la communauté religieuse et paroissiale » (Paul VI, Mysterium fidei, 68). La contemplation prolonge la communion et permet de rencontrer durablement le Christ, vrai Dieu et vrai homme, de se laisser regarder par lui et de faire l’expérience de sa présence. Quand nous Le contemplons présent au Saint-Sacrement de l’autel, le Christ se fait proche de nous et plus intime à nous-mêmes ; il nous donne part à sa vie divine dans une union transformante et, par l’Esprit, il nous ouvre l’accès au Père, comme il le disait lui-même à Philippe : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 9). La contemplation, qui est aussi une communion de désir, nous associe intimement au Christ et elle associe de manière toute spéciale ceux qui sont empêchés de le recevoir.

En demeurant silencieusement devant le Saint Sacrement, c’est le Christ, totalement et réellement présent, que nous découvrons, que nous adorons et avec lequel nous sommes en relation. Ce n’est cependant pas par les sens que nous Le percevons et que nous sommes proches de Lui. Sous les espèces du pain et du vin, c’est la foi et l’amour qui nous conduisent à reconnaître le Seigneur, Lui qui nous communique pleinement « les bienfaits de cette rédemption qu’il a accomplie, Lui, le Maître, le Bon Pasteur, le Médiateur le plus agréable au Père » (Léon XIII, Mirae caritatis). Comme le rappelle le Livre de la foi des évêques de Belgique, la prière d’adoration en présence du Saint-Sacrement unit les fidèles « au mystère pascal ; elle les fait communier au sacrifice du Christ dont l’Eucharistie est le « sacrement permanent » ».

4. En honorant le Saint-Sacrement, c’est aussi une profonde action de grâce que nous faisons monter vers le Père, car en son Fils il a visité et racheté son peuple. Par le sacrifice de la Croix, Jésus a donné la vie au monde et il a fait de nous des fils adoptifs, à son image, établissant des relations d’une intimité particulière qui nous permettent d’appeler Dieu de ce beau nom de Père. Comme nous le rappelle l’Écriture, Jésus passait des nuits à prier, en particulier dans les moments où il avait des choix importants à réaliser. Dans la prière, par un geste de confiance filiale, imitant son Maître et Seigneur, le chrétien ouvre son coeur et ses mains pour recevoir le don de Dieu et pour le remercier de ses bienfaits, offerts gratuitement.

Une prière aux dimensions du monde

5. Il est précieux de s’entretenir avec le Christ et, penchés sur la poitrine de Jésus, comme le disciple bien-aimé, nous pouvons être touchés par l’amour infini de son Coeur. Nous apprenons à connaître plus profondément celui qui s’est donné totalement, dans les différents mystères de sa vie divine et humaine, pour devenir disciples et pour entrer, à notre tour, dans ce grand mouvement de don, pour la gloire de Dieu et le salut du monde. « Suivre le Christ ne peut pas être une imitation extérieure, parce que cela concerne l’homme dans son intériorité profonde » (Veritatis splendor, 21). Nous sommes appelés à nous mettre à son école, pour être peu à peu configurés à Lui, pour laisser l’Esprit agir en nous et pour réaliser la mission qui nous est confiée. En particulier, l’amour du Christ nous pousse à travailler sans cesse pour l’unité de son Église, pour l’annonce de l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre et pour le service des hommes. « Nous ne formons qu’un seul Corps, car nous avons tous part à ce pain unique » (1 Co 10, 17) : telle est la Bonne Nouvelle qui réjouit le coeur de l’homme et lui montre qu’il est appelé à prendre part à la vie bienheureuse avec Dieu. Le mystère eucharistique est la source, le centre et le sommet de l’activité spirituelle et caritative de l’Église (cf. Presbyterorum Ordinis, 6).

La proximité avec le Christ, dans le silence de la contemplation, n’éloigne pas de nos contemporains mais, au contraire, elle nous rend attentifs et ouverts aux joies et aux détresses des hommes, et elle élargit le coeur aux dimensions du monde. Elle nous rend solidaires de nos frères en humanité, particulièrement des plus petits, qui sont les bien-aimés du Seigneur. Par l’adoration, le chrétien contribue mystérieusement à la transformation radicale du monde et à la germination de l’Évangile.
Toute personne qui prie le Sauveur entraîne à sa suite le monde entier et l’élève vers Dieu. Ceux qui se tiennent devant le Seigneur remplissent donc un service éminent ; ils présentent au Christ tous ceux qui ne Le connaissent pas ou ceux qui sont loin de Lui ; ils veillent devant Lui, en leur nom.

Toute vie intérieure a besoin de silence et d’intimité avec le Christ

7. « Les fidèles, lorsqu’ils adorent le Christ présent dans le Saint-Sacrement, doivent se rappeler que cette présence dérive du Sacrifice et tend à la communion tout à la fois sacramentelle et spirituelle » (Congrégation des Rites, Instruction sur le culte de l’Eucharistie, 50). J’encourage donc les chrétiens à rendre visite régulièrement au Christ présent dans le Saint-Sacrement de l’autel, car nous sommes tous appelés à demeurer de manière permanente en présence de Dieu, grâce à Celui qui reste avec nous jusqu’à la fin des temps. Dans la contemplation, les chrétiens percevront avec une plus grande profondeur que le mystère pascal est au coeur de toute vie chrétienne. Cette démarche les entraîne à s’unir plus intensément au mystère pascal et à faire du sacrifice eucharistique, don parfait, le centre de leur vie, selon leur vocation spécifique, car il « confère au peuple chrétien une dignité incomparable » (Paul VI, Mysterium fidei, 67). En effet, au cours de l’Eucharistie, nous sommes accueillis par le Christ, nous recevons son pardon, nous sommes nourris de sa parole et de son pain, nous sommes ensuite envoyés en mission dans le monde ; ainsi, chacun est appelé à témoigner de ce qu’il a reçu et à faire de même avec ses frères. Les fidèles affermissent leur espérance en découvrant que, avec le Christ, la souffrance et la détresse peuvent être transfigurés car, avec Lui, nous sommes déjà passés de la mort à la vie. De ce fait, lorsqu’ils offrent au Maître de l’histoire leur propre vie, leur travail et toute la création, leurs journées en sont illuminées.

Jean-Paul II Lettre à Mgr Albert Houssiau, évêque de Liège,
à l’occasion du 750e anniversaire de la « Fête-Dieu » (28 mai 1996)
Extraits. Docum. Cath. n° 2142 21 juillet 1996



Adorer le Corps du Christ – Benoît XVI


Adorer le Corps du Christ veut dire croire qu’en lui,
dans ce morceau de pain, il y a réellement le Christ,
qui donne un vrai sens à la vie, à l’immense univers et
à la créature la plus petite, à toute l’histoire humaine
comme à la plus brève existence.

L’adoration est prière qui prolonge la célébration et
la communion eucharistique et dans laquelle
l’âme continue à se nourrir: à se nourrir d’espérance,
parce que Celui devant lequel nous nous prosternons
ne nous juge pas, ne nous écrase pas,
mais nous libère et nous transforme.

Pape Benoît XVI