Adoration Eucharistique (mp3) – Colloque Adoratio2011

GRÂCES PAROISSIALES

FRUITS DE L’ADORATION PERPÉTUELLE POUR NOUS, LA PAROISSE, L’ÉGLISE ET LE MONDE

(conférence pour le colloque Adoratio2011, juin 2011, père Florian)

Écouter ce texte en audio mp3

Introduction

« Loué et remercié soit à chaque instant le Très Saint et Divin Sacrement ! ». C’est avec cette prière de louange que je souhaite bénir notre Seigneur Jésus, vraiment présent dans le sacrement de son Amour. L’Eucharistie est notre vrai trésor sur terre. Rien n’est plus beau, rien n’est plus grand, rien n’est plus admirable que cette présence du Ressuscité, qui sans quitter le ciel, vient dresser sa tente parmi nous, pour nous enrichir de sa grâce et nous revêtir de sa gloire. Combien de paroisses, en se prosternant devant le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, ont non seulement expérimenté son amour qui donne sens à notre existence, mais plus encore ont fait descendre sur l’Église et le monde quelques rayons de la lumière du Christ ressuscité.

Le Saint-Père Benoît XVI, dans une catéchèse sur sainte Julienne de Cornillon a affirmé sa joie de constater « dans l’Eglise un « printemps eucharistique » : combien de personnes demeurent en silence devant le Tabernacle, pour s’entretenir dans une conversation d’amour avec Jésus ! Il est réconfortant de savoir que beaucoup de groupes de jeunes ont redécouvert la beauté de prier en adoration devant le Très-Saint-Sacrement (…). Je prie afin que ce « printemps » eucharistique se répande toujours davantage dans toutes lesparoisses » (Audience générale de Benoit XVI sur sainte Julienne de Cornillon, 17 novembre 2010).

D’une part, un nombre grandissant de paroisses enracine la vie pastorale dans l’Eucharistie célébrée, puis continuellement adorée. L’adoration devient ainsi une source inépuisable de sainteté pour les fidèles. D’autre part, comme le rappelait le bienheureux Jean-Paul II, « malheureusement, à côté de ces lumières, les ombres ne manquent pas. Il y a en effet des lieux où l’on note un abandon presque complet du culte de l’adoration eucharistique. À cela s’ajoutent, dans tel ou tel contexte ecclésial, des abus qui contribuent à obscurcir la foi droite et la doctrine catholique concernant cet admirable Sacrement. Parfois se fait jour une compréhension très réductrice du Mystère eucharistique. Privé de sa valeur sacrificielle, il est vécu comme s’il n’allait pas au-delà du sens et de la valeur d’une rencontre conviviale et fraternelle »(Jean Paul II, Lettre encyclique, ‘Ecclesia de Eucharistia’, n. 10, 2003).

Si l’adoration du Saint-Sacrement est tombée en désuétude pendant quelques décennies, c’est en partie parce que celle-ci était considérée, principalement, comme intimiste, personnelle, privée. Aujourd’hui, grâce à la contribution pastorale de Jean-Paul II et l’apport théologique de Benoît XVI, l’Eglise ne cesse de rappeler que l’adoration n’est ni une piété personnelle ni une dévotion privée, mais une prière qui élargit le cœur aux dimensions du monde. En touchant le Cœur du Christ, Dieu touche tous les cœurs des hommes. En adorant la sainte Eucharistie, « nous entrons dans ce mouvement de l’amour d’où découlent tout progrès intérieur et toute fécondité apostolique » (Jean-Paul II, Homélie à Montmartre, 1 juin 1980).

Développons quelques unes des grâces perceptibles qui découlent de cette prière contemplative. Toutefois, n’oublions pas que nous « cheminons dans la foi et non dans la vision claire » (2 Co 5, 7). Ainsi les grâces visibles découlant de l’Eucharistie sont comme la pointe de l’iceberg en comparaison des bienfaits spirituels invisibles que le Seigneur prodigue à son Église et au monde. Puisque l’Eucharistie est le mémorial de la Passion du Christ, les fruits de l’Eucharistie découlent directement de la Croix : tout en bouleversant le monde de l’intérieur, le monde visible n’a pas radicalement changé, car nous attendons « un ciel nouveau et une terre nouvelle » (Ap 21, 1).

Mais avant de parler des fruits découlant de l’adoration, rappelons l’essentiel : Le Seigneur est digne d’être adoré pour lui-même, car il est notre Créateur, notre Rédempteur, notre Sanctificateur. Paul VI écrivait : « C’est pour nous un devoir très doux d’honorer et d’adorer dans la sainte hostie, que nos yeux voient, le Verbe incarné qu’ils ne peuvent pas voir et qui, sans quitter le ciel, s’est rendu présent devant nous »(Paul VI, lettre apostolique, ‘Profession de Foi Catholique’, 1968). Adorer Dieu est donc un « doux devoir ». D’abord un « devoir », car c’est le premier commandement : « Tu adoreras ton Dieu, de tout ton cœur, de tout ton esprit, de toute ton âme, voilà le premier commandement » (Mt 22, 36). Toutefois, ce devoir est « doux », car les bienfaits pour l’âme et pour le monde sont innombrables : « Quiconque aborde le vénérable Sacrement avec une dévotion particulière et tâche d’aimer d’un cœur généreux le Christ qui nous aime infiniment, éprouve et comprend à fond, non sans joie intime ni sans fruit, le prix de la vie cachée avec le Christ en Dieu ; il sait d’expérience combien cela vaut la peine de s’entretenir avec le Christ ; rien de plus doux sur terre, rien de plus apte pour avancer dans les voies de la sainteté…» (Paul VI, Lettre encyclique, ‘Mysterium Fidei’, 1965). Même si l’adoration du Saint-Sacrement représentait une démarche pénible, ou même si aucun fruit concret n’en découlait, le Seigneur serait tout de même digne d’être adoré pour lui-même. Ce qui doit motiver notre démarche d’adoration n’est pas d’abord les bienfaits spirituels que nous allons recevoir. Adorer est un acte de justice où l’on reconnaît que Dieu est l’être premier qui donne la vie. Il est l’Alpha et l’Omega. Tout provient de lui, tout subsiste en lui et tout doit retourner à lui. Avant d’envoyer ses disciples en mission, le Christ ressuscité « leur montra ses mains et ses pieds » (Lc 24, 40) avec ses plaies glorieuses, sources de grâce pour l’humanité. Car « ce sont nos souffrances qu’il a portées, ce sont nos douleurs qu’il a supportées et dans ses blessures, nous trouvons la guérison » (Is 53 4-5). Des plaies glorieuses du Christ découlent des fruits spirituels pour l’adorateur, pour l’église et pour le monde. Cet exposé tentera de présenter quelques-unes de ces grâces reçues lorsqu’une communauté paroissiale se mobilise pour adorer le Saint-Sacrement. Les témoignages des curés illustreront cette présentation. Les trois parties aborderont les principaux fruits constatés, d’abord dans la vie des adorateurs, ensuite dans la communauté paroissiale, enfin dans l’Église et le monde. Tous ces fruits découlent du Sacrifice de Jésus sur la Croix, rendu présent dans l’Eucharistie. Ces fruits sont tous profondément liés : en renouvelant le cœur des fidèles, le Seigneur édifie la communauté. Par là, il donne à l’Église des vocations et au monde des apôtres. Chaque vie changée renouvelle l’Église et transforme le monde…

 

GRÂCES PERSONNELLES

Tout d’abord, en venant se prosterner devant le Saint-Sacrement, l’adorateur fait l’expérience de la tendresse de Dieu. Déjà, en Galilée, les foules se pressaient autour Jésus pour l’entendre et le voir accomplir des signes et des prodiges. Pensons à cette femme qui toucha Jésus par sa foi, libérant ainsi sa puissance. Jésus prend conscience de la force qui est sortie de lui et dit : « Qui m’a touché ? » (Mt 5, 30). Notre foi touche le Cœur de Jésus et libère sa puissance et son amour guérissant sur nous, notre famille et le monde entier, chaque fois que nous allons à lui au Saint-Sacrement. Dans le silence de l’adoration, nous répondons à l’invitation de Jésus qui dit aux multitudes : « Venez à moi… », vous tous qui avez soif…, vous tous qui êtes fatigués… Venez vous reposer dans un coin désert… Car de mon sein coulera des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit Saint. Au Saint-Sacrement, Jésus refait nos forces et renouvelle en nous l’espérance lorsque tout semble perdu. Jean-Paul II témoignait : « Il est bon de s’entretenir avec Lui et, penchés sur sa poitrine comme le disciple bien-aimé, d’être touchés par l’amour infini de son cœur. Si, à notre époque, le christianisme doit se distinguer surtout par « l’art de la prière », comment ne pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d’amour, devant le Christ présent dans le Saint-Sacrement ? Bien des fois, j’ai fait cette expérience et j’en ai reçu force, consolation et soutien ! » (Jean Paul II, Lettre encyclique, ‘Ecclesia de Eucharistia’, n. 25, 2003).

Pour mieux évangéliser, l’adorateur doit d’abord se laisser évangéliser. Il doit laisser l’amour miséricordieux du Christ le guérir, le libérer, l’éclairer, le relever. A la question « que fait Jésus au Saint Sacrement ? », le curé d’Ars répondait : « il nous attend ». Là, Jésus voile sa majesté pour que nous osions aller lui parler comme un ami à son ami. Il tempère l’ardeur de son Cœur pour nous faire expérimenter sa douce tendresse. Sur la Croix, Jésus transforme la haine en amour et la mort en vie. De même, dans l’Eucharistie, Jésus opère la même merveille en nous : il change le mal en bien, les ténèbres en lumière, le peur en confiance. Pauline-Marie Jaricot, cet apôtre infatigable de la charité, vivant à Lyon au XIXème siècle, résume cette transformation personnelle qui s’opère dans le cœur des adorateurs qui laissent l’Esprit changer les cœurs de pierre en cœurs de chair : « C’est au pied de vos saints tabernacles que mon cœur desséché par les plus rudes épreuves, a constamment trouvé les forces nécessaires pour en supporter la rigueur. C’est là que mes combats se sont changés en victoires, ma faiblesse en courage, mes tiédeurs en ferveur, mes incertitudes en lumières, ma tristesse en joie, mes obstacles en succès, mes désirs en volonté, mes ressentiments contre le prochain en ardente charité. Tout ce que je sais, je l’ai appris à vos pieds, Seigneur » (Pauline-Marie Jaricot, ‘L’Amour Infini dans la Divine Eucharistie’, Lyon, Impr St Joseph, 2001).

Adorer fidèlement le Saint-Sacrement est ensuite une école de ferveur spirituelle et de fidélité dans la prière. Lorsqu’une paroisse organise l’adoration perpétuelle, chaque paroissien est invité à venir régulièrement adorer une heure par semaine. Cet engagement hebdomadaire comprend plusieurs avantages : avant tout, il aide les paroissiens à rester fidèles à la prière personnelle malgré les temps d’aridité, de sécheresse spirituelle endurés. Un curé témoigne : « Les grands maîtres spirituels soulignent que tout progrès spirituel nécessite une régularité, une fidélité et une ascèse. Le rythme d’une heure d’adoration par semaine nous permet de rentrer dans un emploi du temps hebdomadaire qui convient bien à chacun. Il permet de placer Jésus avant toute activité, comme dans l’évangile de Marthe et Marie, où Jésus nous rappelle, à travers le témoignage de Marie assise aux pieds du Seigneur, qu’une seule chose est nécessaire ou à Gethsémani, quand Jésus demande à Pierre : « Simon tu dors ? Tu n’as pas eu la force de veiller une heure ? » (Mc 14, 38) » (Témoignage du père Michel Pieron, curé de Vichy, 2005).

En s’engageant à adorer une heure par semaine, le paroissien se libère d’une démarche trop sensible ou sentimentale et passe progressivement à une adoration en ‘esprit et en vérité’, une adoration en Église et pour l’Église. On constate souvent qu’après quelques mois d’adoration, des adorateurs disent : « j’arrête l’adoration, parce que je ne ressens plus rien ». Mais Jésus rappelle que le « Père cherche des adorateurs qui adorent en esprit et en vérité » (Jn 4, 23), et non pas des adorateurs motivés uniquement par des grâces sensibles. Ainsi, une chapelle d’adoration accueillant les paroissiens à tour de rôle, constitue une véritable école de fidélité, de ferveur, où la rencontre avec Jésus devient une vraie expérience spirituelle, indépendamment des consolations ressenties… J’insiste sur l’importance de mettre en place une organisation où chaque adorateur est conscient qu’il est gardien du Saint-Sacrement. S’il ne peut se rendre à ce ‘rendez-vous d’amour’, il doit suivre une démarche simple pour trouver un remplaçant. Une équipe de responsables s’organise pour l’aider à cela. Soulignons la dimension ecclésiale de ce type d’organisation : l’adorateur prend le relais d’un autre et laissera, après son heure, la place à un nouvel adorateur. Cette chaine d’adoration incite les adorateurs à rester fidèles, car la présence de l’un encourage l’autre pendant la permutation d’heure en heure, de jour comme de nuit. En outre, il est fortement encouragé d’utiliser un ostensoir traditionnel posé dignement sur un autel, plutôt que d’utiliser un tabernacle avec des volets ou un ostensoir placé derrière une grille ou une vitre blindée… Au lieu de mettre en valeur la présence réelle et de solenniser la démarche d’adoration du Saint-Sacrement, cette forme d’exposition, d’ailleurs nullement recommandée par le magistère et qui pourtant se répand dans tant de paroisses aujourd’hui, a pour conséquence directe un désengagement des adorateurs. Cherchant une solution de facilité qui veut faire l’économie d’une organisation dont l’unique but est de favoriser la fidélité, l’adoration est alors réduite à une simple dévotion privée et non à une prière ecclésiale. Elle n’est plus une prière aux dimensions du monde où chacun veille, à tour de rôle, en Église et pour l’Église. Les adorateurs perdent ainsi le sens de la ‘garde d’honneur’ ou ‘garde d’amour’. Ils se démotiveront très vite et n’auront plus de raison de chercher un remplaçant pour remédier à leurs absences. La chaîne d’adoration sera vite discontinue et petit à petit s’étiolera jusqu’à disparaître. Enfin, une paroisse qui choisit un de ces modes d’exposition, au détriment de l’ostensoir exposé jour et nuit sur un autel, ne pose pas l’acte de foi que le Seigneur attend et par lequel il donne une grâce bien spécifique pour notre Église et notre temps ! « Soyez sans crainte, ayez seulement la foi » (Mc 5, 36).

Rendre « amour pour amour » à Jésus. Saint Pierre-Julien Eymard disait : « J’ai souvent réfléchi sur les remèdes à cette indifférence universelle qui s’empare d’une manière effrayante de tant de catholiques, et je n’en trouve qu’un : l’Eucharistie, l’amour à Jésus Eucharistique. La perte de la foi vient de la perte de l’amour ». L’Eucharistie est le don du Cœur Sacré de Jésus qui va « jusqu’au bout de l’amour » (Jn 13, 1). Jésus manifeste son Cœur aux hommes ; car, les voyant si pauvres en amour, il voulait les enrichir des trésors du Cœur de Dieu. Pour cela, il institue l’Eucharistie, invention de l’amour. Là, Jésus brûle du désir d’être aimé. Son Cœur est « une source intarissable », « une ardente fournaise » (Sainte Marguerite-Marie. Autobiographie, n. 55 et 56). Saint Eymard disait encore : « Au Saint Sacrement, il ne peut être plus aimant ! Et cependant, il n’est pas aimé. Son amour n’est pas apprécié. Il n’est même pas connu, et de très peu des siens même. Il a de bons serviteurs apostoliques, quelques pieux adorateurs de service. Mais qu’il a peu d’épouses ! Même qu’il a peu d’amis, qui le visitent par affection, qui conversent par le cœur, qui sont dévoués pour lui purement ! (Saint Pierre-Julien Eymard, Œuvres complètes, NR 44, 133). En venant adorer fidèlement, le paroissien fait une rencontre authentique dans la foi avec le Christ ressuscité. Il devient disciple de Jésus, selon son invitation : « mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29). Aujourd’hui, Jésus demeure au Saint-Sacrement non seulement pour que nous ayons le même privilège de le rencontrer dans sa personne divine, à l’instar des apôtres qui avaient l’opportunité de le côtoyer tous les jours. Mais plus encore, dans le sacrement de son Amour, Jésus attend de chacun les mêmes élans d’amour, la même affection, les mêmes sentiments, les mêmes dispositions intérieures qu’il reçut des saintes femmes de l’évangile ou des disciples se laissant former par le bon maître. Dans l’Eucharistie, Dieu se donne sans mesure. Il nous invite à la réciprocité, c’est à dire à aimer en retour, de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre force, Jésus dans sa personne divine, qui se rend corporellement présent à nous. Il est le premier pauvre, le premier qui mérite notre amour, le seul qui mérite tout notre cœur…

Comme soulignait le pape Jean-Paul II, « la présence de Jésus dans le tabernacle doit constituer comme un pôle d’attraction pour un nombre toujours plus grand d’âmes pleines d’amour pour lui et capables de rester longuement à écouter sa voix et à entendre presque les battements de son cœur » (Jean-Paul II, Lettre apostolique ‘Mane Nobiscum Domine’, n. 18, 2004). Ecouter ce cœur, c’est rechercher la volonté de Dieu. Dans l’adoration eucharistique, l’adorateur apprend à faire, non plus « sa volonté pour Dieu », mais « la volonté de Dieu ». Chacun doit vivre cette conversion de la volonté. Trop souvent, les chrétiens se dépensent généreusement dans beaucoup de services qu’ils ont choisis, mais se découragent vite, car ils ont fait leur volonté pour Dieu. Avant d’agir, il faut se mettre à genoux, pour recevoir de Dieu, non seulement sa volonté, mais aussi la force de l’accomplir avec persévérance. Plus encore, l’adorateur apprend à se décentrer de lui-même pour se centrer sur le Christ et sur sa Parole. Adorer silencieusement, c’est apprendre à dire : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » (1 S 3, 9) plutôt que « écoute Seigneur, ton serviteur parle » ! Aussi, la prière est un puissant rempart contre les tentations quotidiennes : « Priez pour ne pas entrer en tentation » (Mc 14, 37).

Les sacrements et la messe : Parmi les fruits personnels, soulignons maintenant ceux qui renouvellent les dispositions intérieures pour s’approcher dignement des sacrements et en recevoir les bienfaits. Benoît XVI rappelle le lien intrinsèque entre la messe et l’adoration eucharistique. Il écrit : « L’adoration eucharistique n’est rien d’autre que le développement explicite de la célébration eucharistique, qui est en elle-même le plus grand acte d’adoration de l’Église. Recevoir l’Eucharistie signifie se mettre en attitude d’adoration envers Celui que nous recevons. C’est ainsi, et seulement ainsi, que nous devenons un seul être avec Lui et que nous goûtons par avance, d’une certaine façon, la beauté de la liturgie céleste. L’acte d’adoration en dehors de la Messe prolonge et intensifie ce qui est réalisé durant la Célébration liturgique elle-même. En fait, ce n’est que dans l’adoration que peut mûrir un accueil profond et vrai. Et c’est bien par cet acte personnel de rencontre avec le Seigneur que mûrit ensuite la mission sociale qui est renfermée dans l’Eucharistie et qui veut briser les barrières non seulement entre le Seigneur et nous, mais aussi et surtout les barrières qui nous séparent les uns des autres »(Benoît XVI, Exhortation Apostolique, ‘Sacramentum Caritatis’, n. 66, 2007). L’expérience des paroisses adoratrices révèle qu’en adorant le Saint-Sacrement, les paroissiens apprennent non seulement à discerner, au-delà des apparences du pain, la présence réelle du Seigneur. Mais aussi, ils prennent conscience de la présence efficiente du Sacrifice de la Croix, rendue présente à chaque messe. Ainsi, en se prosternant longuement devant la sainte Hostie, les adorateurs ne pourront approcher la sainte communion sans une sainte révérence et une profonde adoration. Aussi, ils ne pourront réduire la célébration eucharistique à un simple banquet. En d’autres mots, adorer le Saint-Sacrement permet de vivre plus intensément l’Eucharistie dans toutes ses dimensions. Mgr Ruben T. Profugo, évêque de Lucena aux Philippines témoigne : « Dans mon diocèse, l’assistance à la messe s’est accrue visiblement non seulement le dimanche mais aussi pendant la semaine. Beaucoup sont revenus aux sacrements grâce à l’adoration perpétuelle eucharistique. Il y a un lien très fort entre l’adoration et la messe. L’heure d’adoration de la semaine prépare les paroissiens à vivre la messe du dimanche ou à rendre grâce pour celle qui vient d’être vécue». Le Saint-Père n’hésitait pas dire que « l’adoration n’est pas un luxe, mais une priorité » (Benoît XVI, Angélus 28 août 2005) aujourd’hui dans l’Église.

Catéchuménat : Un jeune prêtre Vietnamien qui exerçait son ministère à Singapour dans une petite paroisse raconte : « Célébrant la messe d’un dimanche de carême, je fus frappé par le nombre important de catéchumènes : quatre-vingts jeunes entre 18 et 35 ans. A la fin de la messe, ce jeune prêtre me fait visiter sa paroisse et je remarque, à côté de l’église, une petite salle climatisée, remplie de fleurs. Le Saint-Sacrement y est exposé jour et nuit, comme dans la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, et il y a toujours une quinzaine de personnes. Ce vicaire disait que le nombre de catéchumènes était lié à cette adoration. En effet, interrogeant ces jeunes qui lui demandaient le baptême, tous répondaient que depuis des mois, la nuit, ils venaient prier le Saint-Sacrement, sans très bien savoir ce qu’ils faisaient, mais ils étaient attirés par cette Présence. Oui, l’adoration attire, parce que tout homme a en lui ce désir de voir Dieu » (Mgr Patrick Chauvet, « Il est là ! L’adoration eucharistique », p. 92. Saint-Maur, Parole et Silence, 2008).

Sacrement de Réconciliation : « Ce n’est pas seulement la pénitence qui conduit à l’Eucharistie, mais c’est aussi l’Eucharistie qui mène à la pénitence » (Jean-Paul II, Lettre Apostolique, ‘Dominicae Cenae’, 1980). Comme curé d’une paroisse qui a l’adoration perpétuelle, je peux témoigner de la demande croissante du sacrement de la réconciliation comme fruit de l’adoration. La progression est non seulement quantitative, mais aussi qualitative. On ne peut rester devant le Saint-Sacrement sans que la lumière du Christ illumine profondément l’âme et éclaire la conscience…

Les divorcés remariés, qui ne peuvent avoir accès à la sainte communion, sont toutefois vivement encouragés à participer au Sacrifice de la messe et à contempler le visage du Christ dans l’adoration. Récemment, une paroissienne me disait qu’elle ne progressait pas spirituellement. Après un échange, elle avoue qu’elle est divorcée remariée et que malgré tout, elle reçoit la sainte communion. Je l’invite alors à continuer à venir fidèlement à la messe, mais sans communier. Je l’encourage aussi à adorer plus fidèlement le Saint-Sacrement. Malgré le choc et la peine éprouvée, elle est revenue quelques mois plus tard, me faire part que sa vie spirituelle a enfin trouvé un nouvel élan… Jean-Paul II écrivait : « La contemplation prolonge la communion et permet de rencontrer durablement le Christ, vrai Dieu et vrai homme, de se laisser regarder par lui et de faire l’expérience de sa présence. Quand nous le contemplons présent au Saint-Sacrement de l’autel, le Christ se fait proche de nous et plus intime à nous-mêmes : il nous donne part à sa vie divine dans une union transformante et, par l’Esprit, il nous ouvre l’accès au Père, comme il le disait lui-même à Philippe : ‘Qui m’a vu a vu le Père’ (Jn 14, 9). La contemplation, qui est aussi une communion de désir, nous associe intimement au Christ et elle associe de manière toute spéciale ceux qui sont empêchés de le recevoir » (Jean-Paul II, Lettre à Mgr Houssiau, 28 Juin 1996). Combien de divorcés remariés font aujourd’hui l’expérience de l’amour inconditionnel du Christ en adorant le Saint-Sacrement fidèlement. Par cette communion spirituelle, le Christ leur donne les grâces nécessaires pour continuer à vivre le commandement de la charité et pour s’engager dans la mission de l’Église…

 

GRÂCES PAROISSIALES

En renouvelant le cœur des paroissiens, l’adoration les pousse à s’engager davantage dans leur communauté paroissiale. Une communauté est d’abord constituée de personnes qui nourrissent leur vie baptismale par une intense vie eucharistique.

Foyer de prière : Un curé rappelle que l’adoration nourrit et fortifie la foi : « Le Seigneur a toujours exaucé les prières des adorateurs et il continue à le faire. La chapelle d’adoration est devenue un vrai ‘foyer de prière’ depuis déjà plusieurs années. Notre communauté chrétienne est comblée. Je crois que l’adoration perpétuelle eucharistique est le plus noble et pourtant le plus facile accomplissement de ma vie de prêtre. Les bienfaits sont nombreux et l’effort de ma part est minime. Ce que je peux faire de mieux pour mes paroissiens est de les aider à grandir spirituellement… L’adoration perpétuelle rend Jésus présent tout le temps, pour tous et chacun. Il est vraiment là en personne pour chacun de nous ».

Fondement spirituel et fécondité : Il arrive que les paroisses ressemblent à des terres arides dans lesquelles il est difficile de lancer des projets pastoraux nouveaux ou de renouveler ceux qui existent. Par l’adoration continue, Jésus déverse son Esprit sur tous les mouvements de la paroisse, comme des fleuves d’eau vive se déversant de son divin Cœur (cf Jn 7, 37-39). Cette eau vivifie la communauté paroissiale, la rendant plus disponible à la mission, donnant ainsi aux activités pastorales une plus grande fécondité. Aussi, à l’inverse de la girouette qui change sans cesse de direction, par l’adoration, la paroisse est ancrée sur le Christ, le Bon Pasteur des âmes, qui bénit et donne la fécondité aux initiatives pastorales, malgré les changements inévitables de curés, de paroissiens, de mouvements… Jésus célébré et adoré est le Roc sur lequel la paroisse repose… De son Cœur transpercé qui palpite au Saint-Sacrement, jaillit l’Esprit qui arrose spirituellement la terre de la paroisse pour que celle-ci puisse produire des fruits abondants de conversions, d’engagements, de charité…

Grâces d’unité, de charité : Un curé témoigne : « La paroisse St Louis-St Blaise expérimente des grâces de charité puisées dans l’adoration eucharistique : des liens se tissent ou se resserrent, les paroissiens sont plus attentifs les uns aux autres, plus solidaires. Jésus au Saint-Sacrement bouleverse le cœur de la paroisse et l’ouvre peu à peu à la mission que nous sommes en train de mettre en route. Grâce à cette chaîne de prière ininterrompue, tous les groupes de la paroisse se trouvent rassemblés dans la prière. Dans l’exercice de mon ministère, je sais qu’à chaque instant, un paroissien prie pour la paroisse et son curé. Lors du premier anniversaire de l’adoration perpétuelle, nous étions plus de deux cents à assister à la conférence. C’est dire combien les paroissiens ont à cœur de faire corps autour de Jésus-Eucharistie. Je suis touché de cette fidélité de mes paroissiens à leur engagement dans la prière. Elle est tellement belle ! » (Témoignage du père Michel Pieron, curé de Vichy, 2005). Jésus disait : « Je suis la vigne, vous êtes les sarments, si vous demeurez en moi et moi en vous, vous porterez beaucoup de fruit, mais hors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5). Ainsi, toute fécondité pastorale trouve sa source dans l’union de la communauté avec le Christ. Puisque l’Eucharistie est le sacrement de la communion avec Dieu et avec le prochain, plus nous vivons de l’Eucharistie, plus notre communion avec le Christ est authentique et par conséquence plus notre charité envers le prochain est concrète.

Bien que la messe soit le premier lieu de rassemblement paroissial, il arrive toutefois que des paroissiens fréquentent uniquement ‘leur messe’ du dimanche (messes des familles, messe des jeunes, messes basses…), ce qui ne favorise pas toujours l’unité et la communion. Par contre, si en plus de la messe, l’adoration permanente est proposée, de nouveaux liens spirituels se créent entre les adorateurs qui se succèdent ou se remplacent. On remarque que les paroissiens de sensibilités spirituelles différentes, qui ne se rencontrent pas à la messe, se lient d’amitié grâce à la chaîne d’adoration… Oui, « l’Eucharistie édifie l’Église et l’Église fait l’Eucharistie » (Jean-Paul II, lettre encyclique ‘Ecclesia de Eucharistia’, n. 26, 2003).

Vocations : En vivant de l’Eucharistie, celui qui se met au service de l’Évangile chemine dans l’amour de Dieu et du prochain. Il contribue ainsi à construire l’Église comme communion. L’amour eucharistique motive et fonde l’activité vocationnelle de toute l‘Église. « Dans l’intimité de l’Eucharistie, certains découvrent qu’ils sont appelés au ministère de l’Autel, d’autres à contempler la beauté et la profondeur de ce mystère, d’autres à faire retomber cet élan d’amour sur les pauvres et les faibles, et d’autres encore à en recueillir la puissance transformante dans les réalités et les gestes de la vie quotidienne. Chaque croyant trouve dans l’Eucharistie non seulement la clé d’interprétation de son existence mais le courage pour la réaliser afin qu’il puisse construire, dans la diversité des charismes et des vocations, l’unique Corps du Christ dans l’histoire » (Jean-Paul II, lettre aux prêtres, Jeudi Saint 2000). Tant d’évêques témoignent que les vocations sacerdotales dans leur diocèse ont abondé depuis qu’ils ont instauré l’adoration continue.

Adoration et charité : Mère Teresa de Calcutta témoigne : « Ce n’est pas avant 1973, année où nous avons commencé l’heure sainte quotidienne, que notre communauté s’est mise à croître et à fleurir ». La bienheureuse distingue trois grâces puisées dans l’adoration eucharistique. Tout d’abord, elle apprend à aimer ses sœurs de l’amour même qui découle de l’Eucharistie. Ensuite, le fait de reconnaître Jésus sous les apparences du pain l’aide à mieux reconnaître le Christ dans le plus pauvre. Enfin l’adoration lui permet de donner aux personnes qu’elle sert, non plus ce qu’elle est ou possède, mais Jésus qui vit en elle. Dans une lettre, elle écrit : « Chaque jour, nous exposons le Saint-Sacrement, et nous nous sommes aperçues d’un changement dans notre vie. Nous avons ressenti un amour plus profond pour le Christ à travers le masque affligeant des pauvres. Nous avons pu mieux nous connaître et mieux connaître le pauvre comme témoignage concret de Dieu. Depuis que nous avons commencé cette adoration du Saint-Sacrement, nous n’avons pas diminué notre travail, nous y consacrons autant de temps qu’auparavant, mais avec plus de compréhension. Les gens nous acceptent mieux. Ils ont faim de Dieu. Ils n’ont plus besoin de nous, mais de Jésus ». « L’Heure Sainte devant l’Eucharistie doit nous conduire à l’heure sainte avec les pauvres ». Dans ce sens, plusieurs paroisses en France ont organisé un centre d’accueil, d’écoute ou d’entraide en lien direct avec la chapelle d’adoration eucharistique. Par exemple, la paroisse St Patrick à Londres offre un service d’écoute téléphonique permanent. Les écoutant restent en prière devant le Saint-Sacrement dans une chapelle spécialement aménagée pour cela. Jean-Paul II écrivait : « La proximité avec le Christ, dans le silence de la contemplation, n’éloigne pas de nos contemporains mais, au contraire, elle nous rend attentifs et ouverts aux joies et aux détresses des hommes, et elle élargit le cœur aux dimensions du monde. Elle nous rend solidaire de nos frères en humanité, particulièrement des plus petits, qui sont les bien-aimés du Seigneur » (Jean-Paul II, Lettre à Mgr Houssiau, 28 Juin 1996) .

Maternité spirituelle : Pour susciter des saintes vocations religieuses et sacerdotales, la congrégation du Clergé encourage la pratique de l’adoration continue dans les diocèses. Le cardinal Hummes écrivait qu’aujourd’hui, l’urgence se fait jour d’ « un mouvement de prière qui place en son centre l’Adoration eucharistique continue sur la durée de vingt-quatre heures, de manière que de tout angle de la terre, s’élève toujours à Dieu une prière d’adoration, d’action de grâce, de demande et de réparation, avec le but principal de susciter un nombre suffisant de saintes vocations au sacerdoce et, également, d’accompagner spirituellement au niveau du Corps mystique -, avec une sorte de maternité spirituelle ceux qui sont déjà appelés au sacerdoce ministériel… » (Lettre du Cardinal Hummes, préfet de la congrégation pour le Clergé, 8 décembre 2007). Une paroisse qui adore jour et nuit le Saint-Sacrement obtient des grâces de maternité spirituelle. Elle ‘enfante’ pour l’Eglise de saintes vocations sacerdotales et religieuses et obtient pour eux des grâces de sanctification. Par l’adoration continue, la paroisse devient l’épouse qui s’unit à l’époux, Jésus dans l’hostie. L’Eucharistie est le banquet de noces où le Christ donne à son Église les vocations dont elle a besoin pour annoncer le salut à toutes les nations. Oui, les vocations sacerdotales s’obtiennent à genoux, devant le Seigneur dans l’Eucharistie.

Adoration et évangélisation : Dans l’évangile, « Jésus gravit la montagne et il appelle à lui ceux qu’il voulait. Ils vinrent à lui, et il en institua Douze pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher » (Mc 3, 13-14). Ici, l’adoration, c’est le ‘venir à lui’. L’évangélisation, c’est le ‘être envoyé vers’. Avant ‘d’aller vers’ les autres au nom de Jésus, il faut d’abord ‘venir à’ Jésus. Evangéliser sans adorer, c’est du prosélytisme. Adorer sans évangéliser, c’est de l’évasion. Dans son encyclique sur l’Eucharistie, Jean-Paul II rappelle que « tout engagement vers la sainteté, toute action visant à l’accomplissement de la mission de l’Église, toute mise en œuvre de plans pastoraux, doit puiser dans le mystère eucharistique la force nécessaire et s’orienter vers lui comme vers le sommet. Dans l’Eucharistie, nous avons Jésus, nous avons son sacrifice rédempteur, nous avons sa résurrection, nous avons le don de l’Esprit Saint, nous avons l’adoration, l’obéissance et l’amour envers le Père. Si nous négligions l’Eucharistie, comment pourrions-nous porter remède à notre indigence » (Jean-Paul II, Lettre encyclique ‘Ecclesia de Eucharistia’, n. 60, 2003).

Nous constatons avec joie qu’aujourd’hui tant de paroisses s’engagent avec ardeur dans la « Nouvelle Evangélisation » ! Mais attention au risque de copier certains groupes évangélistes dans leurs méthodes d’évangélisation ! Sans remettre en cause une certaine efficacité de leurs pratiques, n’oublions pas que, pour nous Catholiques, la source de la vie divine et donc de la fécondité apostolique, se trouve dans le sacrement de l’Eucharistie ! Je n’annonce pas l’évangile individuellement, ou uniquement avec mes propres forces ou mes talents personnels, mais c’est au nom de l’Église, avec la puissance de l’Eucharistie et l’intercession de Marie ! Aujourd’hui, il arrive que certaines méthodes d’évangélisation dans les paroisses catholiques, bien que s’en remettant à l’adoration eucharistique, aient tendance à instrumentaliser cette pratique, de sorte que l’adoration ne soit pas d’abord un acte gratuit offert à Dieu. Mais l’adoration se réduit à une recherche de quelques grâces utiles pour agir plus efficacement. Contre ce risque, le bienheureux Charles de Foucault reste un modèle qui nous invite à entrer dans la pauvreté eucharistique. Il remet au Seigneur la fécondité de sa vie spirituelle, n’attendant rien en retour de son adoration, si ce n’est une charité plus grande pour Dieu et son prochain.

Voici le témoignage du curé qui m’a précédé à Sanary, le P. Bertrand Lorentz : « Déjà 5 ans que notre paroisse vit de l’adoration perpétuelle. Quel magnifique cadeau pour une paroisse ! C’est la plus grande grâce qui soit parce que Jésus est aimé au Saint-Sacrement. Heure après heure, jeunes et adultes de la paroisse viennent à la source de l’amour et repartent dans leur journée, remplis de force, de joie et de paix. L’adoration sur notre paroisse a permis de développer ce grand courant de prière et de donner à beaucoup la persévérance dans la fidélité. De plus, comment penser évangéliser si nous ne commençons pas par nous mettre à genoux ? Adoration et évangélisation sont deux mots qui riment ensemble. C’est pourquoi l’adoration et les cellules paroissiales d’évangélisation mises en place sur notre paroisse forment un couple inséparable ».

Adoration et guérison : « Le soleil de justice brillera avec la guérison dans ses rayons » (Ml 3, 20). Jésus dans l’Eucharistie n’illumine pas uniquement les individus, mais aussi les groupes, les mouvements qui viennent adorer ensemble pour grandir en zèle et en ardeur annoncer l’Évangile. Don Macchioni, pour les cellules paroissiales affirmait : « La communauté qui ne sait pas faire ce choix (de l’adoration) dans la foi ne pourra jamais voir de fruits durables, qu’il s’agisse d’une croissance spirituelle ou de l’augmentation du nombre de ses membres, et exposera ses initiatives pour louables qu’elles soient, à un échec. Nous ne répéterons jamais assez que ce choix pastoral doit précéder et alimenter tous les autres. La louange et l’adoration forment un rempart extraordinaire contre les tentations auxquelles une communauté qui grandit se trouve confrontée. Quiconque aura passé son heure d’adoration au service de la communauté et à prier avec amour pour les frères qu’il est en train d’évangéliser, en sortira revivifié ayant obtenu la vision même de Jésus sur les circonstances qui l’entourent. En outre, il sera peu à peu guéri de ses blessures intérieures, parce qu’il aura fait l’expérience de l’amour de Dieu et continuera à la faire » (Don Giuseppe Macchioni, ‘Evangéliser en Paroisse’, p. 76, Ed des Béatitudes, 2009).

Adoration dans le milieu rural : Lorsqu’une paroisse est constituée de nombreux clochers, l’adoration sans interruption est difficile à réaliser. Toutefois, la chaine d’adoration peut être prolongée, devenant ainsi une grande source de grâces pour les paroissiens qui n’ont pas la messe chaque semaine dans leur clocher ou qui ne peuvent se déplacer. Beaucoup de paroisses s’organisent ainsi : les clochers principaux sont choisis pour devenir des lieux d’adoration. Chaque communauté locale s’engage à assurer une plage horaire hebdomadaire d’adoration. Le tout est organisé de sorte que lorsque l’adoration se termine sur un clocher, un autre clocher prend le relais. Et ainsi de suite… De cette manière, le Saint-Sacrement est toujours adoré dans un lieu. On fortifie ainsi l’unité de la paroisse avec ses nombreux clochers. Aussi, on ‘fait vivre’ les différents clochers en les ouvrant chaque semaine pendant quelques heures pour l’adoration. « Ma maison sera une maison de prière » (Jn 2, 17) et non un musée ni un lieu ouvert seulement pour une messe mensuelle…

Aussi, plusieurs curés témoignent que la chapelle d’adoration ouverte jour et nuit a permis d’éviter des profanations ou des dégradations. Les exemples sont nombreux où un adorateur, priant devant le Saint-Sacrement, a pu empêcher une intrusion dans l’église ou des profanations. Voici quelques lignes du Télégramme, revue laïque de Bretagne, récemment parue : « Ils voulaient ‘défendre’ des ‘valeurs anticléricales’ en s’en prenant à l’église Saint-Pie-X à Vannes. Ils devront finalement méditer leurs gestes d’ici le 1er juin prochain, date de leur comparution devant le tribunal correctionnel de Vannes… À l’issue d’une soirée bien arrosée passée chez l’un d’eux, trois étudiants et un employé ont pris la direction de l’église, le siège d’une des paroisses de Vannes. Équipés d’une bombe de peinture rouge, ils auraient dégradé l’édifice d’une dizaine de tags par le biais d’insultes. La police les a interpellés vers 1h30 du matin, alors qu’ils se dirigeaient vers le centre-ville… Ce sont des fidèles pratiquant «l’adoration perpétuelle» dans une chapelle de cette église qui ont averti la police des méfaits en cours à l’extérieur de l’édifice… »(letelegramme.com, Morbihan, 6 avril 2011).

 

GRÂCES POUR L’ÉGLISE ET LE MONDE

 
Jean-Paul II écrivait : « Pour évangéliser le monde, il faut des experts en célébration, en adoration et en contemplation de l’Eucharistie…» (Jean-Paul II, Journée Mondiale pour les missions, 2004). Par l’adoration, les paroissiens font l’expérience de l’amour de Dieu. Cela les pousse à s’engager dans leur communauté paroissiale, qui leur donne l’Eucharistie. Dans leur mission, ils sont à la fois portés par l’Eglise et ils intercèdent pour le monde. En d’autres mots, leur adoration devient trinitaire : en adorant le Fils, celui-ci les conduit au Père. Dans cette dynamique, ils reçoivent une nouvelle effusion d’Esprit Saint qui les pousse à s’engager dans l’Église et le monde.

Conscience sociale : En laissant l’Esprit agir, le culte rendu à la divine Eucharistie pousse véritablement l’âme à développer un amour social, par lequel le bien commun est préféré au bien particulier. Pour Paul VI, « l’Eucharistie est d’une efficacité suprême pour la transformation du monde en un monde de justice, de sainteté et de paix » (Paul IV, discours du Saint Père pour l’inauguration des œuvres sociales eucharistiques internationales à Dos Hermanas).

Réparer les fautes du monde. Jésus présente son Cœur à sainte Marguerite-Marie, tantôt comme un soleil d’amour divin, tantôt entouré d’une couronne d’épines. Il est d’une part embrasé d’amour pour les hommes. D’autre part, il est offensé par leur ingratitude. Cette double considération doit nous mouvoir d’une part à rendre amour pour amour à l’amour du Cœur de Jésus et d’autre part, à lui offrir une compensation pour l’offense qui lui est faite. Réparer, ou consoler le Cœur de Jésus, c’est aimer Jésus de tout son cœur pour ceux qui le rejettent ou l’ignorent. A Paray-le-Monial, Jésus rappelle que ce même Cœur de chair palpite aujourd’hui au Saint-Sacrement, pour nous qui n’avons pas vécu avec lui il y a 2000 ans. « Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour » (Sainte Marguerite-Marie. Autobiographie, n. 55 et 56). Marguerite-Marie passera tout le temps dont elle dispose pour aimer passionnément Cœur au Saint-Sacrement, en réparation de ceux qui ne le connaissent pas, l’ignorent ou le méprisent. Jean-Paul II écrit : « L’animation et l’approfondissement du culte eucharistique sont une preuve du renouveau authentique que le Concile s’est fixé comme but, et ils en sont le point central. L’Eglise et le monde ont un grand besoin de culte eucharistique. Jésus nous attend dans ce sacrement d’amour. Ne mesurons pas notre temps pour aller le rencontrer dans l’adoration, dans la contemplation pleine de foi et prête à réparer les grandes fautes et les grands délits du monde. Que notre adoration ne cesse jamais » (Jean-Paul II, Lettre Apostolique, ‘Dominicae Cenae’, 1980).

Moteur spirituel : Voici le témoignage d’un adorateur nocturne texan : De même que sur un bateau de croisière, chacun ressent nuit et jour le moteurpropulsant le bateau vers l’avant, de même lorsqu’une paroisse vit la grâce de l’adoration perpétuelle, à chaque heure du jour et de la nuit, un paroissien s’unit au Cœur de Jésus dans l’Eucharistie, véritable moteur spirituel de la paroisse. Alors ce Cœur déverse en abondance sa lumière et sa miséricorde divine sur l’Église et le monde…

Jean-Paul II présente l’adoration comme un service éminent pour l’humanité : « Par l’adoration, le chrétien contribue mystérieusement à la transformation radicale du monde et à la germination de l’Évangile. Toute personne qui prie le Sauveur entraîne à sa suite le monde entier et l’élève à Dieu. Ceux qui se tiennent devant le Seigneur remplissent donc un service éminent ; ils présentent au Christ tous ceux qui ne Le connaissent pas ou ceux qui sont loin de Lui ; ils veillent devant Lui, en leur nom… » (Jean-Paul II, Lettre à Mgr Houssiau, 28 Juin 1996). Ainsi, en adorant le Saint-Sacrement, nous représentons la personne de notre famille, de notre paroisse, de notre monde qui a le plus besoin de la miséricorde divine. Celle-ci reçoit les grâces nécessaires pour revenir à Dieu le Père. En Exode 17, lorsque le peuple d’Israël luttait contre les Amalécites, Moïse intercédait devant Dieu en élevant les mains pour demander la victoire à Dieu. Comme ses bras s’alourdissaient, il a demandé l’aide d’Aaron et d’Hur pour maintenir ses bras élevés vers Dieu. Et le Seigneur a donné la victoire complète à son peuple… Nous aussi, par l’adoration perpétuelle, un adorateur est toujours présent devant le Seigneur, dans une chaine ininterrompue de prière et d’intercession. Et le cœur des paroissiens est sans cesse levé vers Dieu. Et Dieu donne la victoire à son peuple, son Eglise. Il envoie sa miséricorde, sa paix et sa lumière qui chassent les ténèbres de notre cœur et du monde. Aussi, en Is 62, 4, il est écrit : « sur tes remparts, Jérusalem, j’ai posté des veilleurs, de jour et de nuit, jamais ils ne se tairont ». Lorsqu’une paroisse organise l’adoration continue, les « veilleurs » sont les adorateurs sur les « remparts » qui ne se « taisent jamais ». En d’autres mots, par leur prière incessante, ils sont comme suspendus entre ciel et terre et font descendre sur l’humanité les écluses de la miséricorde divine. Au tabernacle, Jésus laisse à son Église sa grande adoration du Père. Il veut nous y associer. L’adorateur est placé sur les fractures de l’humanité. Sa supplication embrasse toutes les situations où l’homme a perdu sa dignité, son intégrité, sa ressemblance avec le Père. L’adoration évangélise en déversant les grâces de la Rédemption, par l’Église, sur toutes les situations où l’homme ne répond plus à sa vocation d’enfant du Père.

Rayonnement Eucharistique : Charles Foucauld adorait le Saint-Sacrement en pays touareg. Il écrivait : « Cœur Sacré de Jésus, rayonnez du fond de ce tabernacle sur ce peuple qui vous entoure sans vous connaître. Eclairez, dirigez, sauvez ces âmes que vous aimez ». La chapelle d’adoration est un phare qui éclaire, unit, protège la paroisse et la ville. « De son tabernacle, Jésus rayonnera sur ces contrées et attirera à Lui des adorateurs… Ma présence fait-elle quelque bien ici ? Si elle n’en fait pas, la présence du Saint-Sacrement en fait certainement beaucoup : Jésus ne peut être en un lieu sans rayonner ».

Avortement : Mère Teresa de Calcutta écrivait : « Si les gens passaient une heure par semaine en adoration eucharistique, l’avortement cesserait ». En effet, l’adoration perpétuelle eucharistique, c’est un petit coin du ciel sur la terre : Jésus y est adoré ici-bas sans interruption, comme au ciel où les saints et les anges l’adorent sans cesse. La vie divine se répand abondamment dans les cœurs, protégeant ainsi toute vie humaine, de sa conception à sa fin naturelle.

Paix, ordre, sécurité : Jésus, s’adressant à sainte Faustine déclarait : « L’humanité ne trouvera pas la Paix tant qu’elle ne se tournera pas avec confiance vers ma Miséricorde » (Faustine Kowalska, ‘Petit Journal’, n. 300). Plus loin, nous lisons : « Le trône de la Miséricorde, c’est le Tabernacle » (Faustine Kowalska, ‘Petit Journal’, n. 1484). Ainsi, il ne peut y avoir de paix véritable dans les cœurs, les familles et le monde sans se tourner davantage vers l’Eucharistie célébrée et adorée. Mgr Ruben Profugo, évêque de Lucena, aux Philippines, témoignait : « L’adoration perpétuelle eucharistique a protégé mon diocèse de la violence qui menaçait de le déchirer. Aussi bien les prêtres que les laïcs attribuent à l’adoration perpétuelle eucharistique non seulement la protection du diocèse contre le communisme, mais aussi l’instauration de la paix et de l’ordre ». Le curé de Las Vegas écrivait à son tour : « Nous avions de la prostitution devant notre église; on y vendait de la drogue. Lorsque nous avons commencé l’adoration perpétuelle eucharistique, tout cela a cessé. Quand notre Seigneur au Saint-Sacrement est exposé sur l’autel, la criminalité a sensiblement diminué dans la région. J’en suis convaincu » . Mgr Josefino S. Ramirez, vicaire général et chancelier, archidiocèse de Manille aux Philippines, écrit : « L’adoration perpétuelle eucharistique est le ‘plan de paix’ de Notre-Dame. Je suis absolument convaincu que c’est par cette adoration que la paix viendra sur notre pays et sur le monde. Quand nous ferons sur la terre ce qui est fait au ciel, c’est-à-dire, adorer Dieu perpétuellement, alors nous verrons ‘la terre nouvelle et les cieux nouveaux’. Le seul nom, la seule puissance, le seul amour qui apporteront la paix éternelle sur la face de la terre, ce sont le Nom, la Puissance et l’Amour de Jésus au Saint-Sacrement ». C’est l’amour de Dieu pour l’homme qui a créé le monde. Ce sera l’amour de l’homme pour le Fils de Dieu au Saint-Sacrement qui recréera le monde et fera venir la nouvelle création promise par Dieu. Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est uni lui-même à tout homme de telle sorte que, « par son pouvoir de soumettre toutes choses à lui-même » (Ph 3, 21), « le monde créé est destiné à être assumé dans l’Eucharistie » (Jean-Paul II, Lettre encyclique ‘Lumen Orientale’, n. 11, 1995) où tout et chacun sera rendu parfait dans le feu d’amour divin !

Concluons avec les paroles de saint Pierre-Julien Eymard qui déjà au XIXème siècle rappelait l’urgence de l’adoration eucharistique pour renouveler nos paroisses et notre monde : « Aujourd’hui, l’exposition solennelle de Jésus sacramentel est la grâce et le besoin de notre époque. Elle est la grâce souveraine. L’exposition est l’arme puissante de l’Église et du fidèle… Nous ne craignons pas de l’affirmer : le culte de l’exposition du Très-Saint-Sacrement est le besoin de notre temps… Ce culte est nécessaire pour sauver la société. La société se meurt parce qu’elle n’a plus de centre de vérité et de charité, mais elle renaîtra pleine de vigueur quand tous ses membres viendront se réunir autour de la vie, à Jésus dans l’Eucharistie. Remontez à la source, à Jésus. Surtout à Jésus dans son Eucharistie… Qu’on le sache bien, une civilisation grandit ou décroît en fonction de son culte pour la divine Eucharistie. C’est là la vie et la mesure de sa foi, de sa charité, de sa vertu. Qu’il arrive donc ce règne de l’Eucharistie ! Assez longtemps l’impiété et l’ingratitude ont régné sur terre. Que ton règne vienne ». Benoît XVI nous montre le chemin à suivre : « Si notre Église devient authentiquement eucharistique, elle sera une Église missionnaire. Nous aussi, nous devons pouvoir dire à nos frères avec conviction : « Ce que nous avons contemplé, ce que nous avons entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous » (1 Jn 1, 3) » (Benoit XVI, Exhortation Apostolique, ‘Sacramentum Caritatis’, n. 84, 2007).

Laisser un commentaire