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Ste Jeanne Jugan – Fondatrice des Petites Soeurs des Pauvres

Jeanne Jugan

Jeanne Jugan

Petite Histoire de Jeanne JUGAN (Soeur Marie de la Croix)
Fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres,
béatifiée par Jean Paul II, le 3 octobre 1982,
( mission-web.com : canonisée à Rome le 11 octobre 2009 par Benoît XVI )

 

Mes petits enfants, par ce temps de misère, il y a beaucoup de pauvres. Il faut prier pour tous ceux qui sont sans feu, sans maisons, pour ceux qui, en France, ont quitté leur chez eux, n’emportant que si peu de chose ! Savez-vous que tous ceux-là sont de grands amis du bon Dieu ? N’a-t-il pas choisi pour lui-même, quand il s’est fait homme, d’être pauvre et dénué de tout ?

A Noël, vous avez fait la crèche ; vous avez couché l’Enfant Jésus sur la paille… Vous l’avez entouré de bergers… Lui, le Seigneur et Maître, le Créateur du Monde : de la terre, du ciel, des étoiles, de tous les anges, de tous les hommes…

C’est pourquoi je veux vous conter l’histoire de Jeanne Jugan, une pauvre qui aima tant les pauvres.

Jeanne est née à Cancale, le 25 octobre 1792, en pleine révolution.

Son père était marin comme la plupart des Cancalais ; six mois sur douze, il était en mer pour la grande pêche… et un jour, il ne revint pas… Son doris s’était sans doute perdu dans les brumes de Terre-Neuve… Pauvre petite Jeanne ! Elle n’avait que cinq ans !

Des sept enfants de Jugan le marin, trois moururent en bas âge.

Jeanne, la cinquième de la petite famille, était une très bonne petite fille, obéissante et travailleuse. Elle gardait les deux benjamins, aidait sa mère de toutes ses forces, et dès qu’elle fut assez grande, se plaça comme aide de cuisine à la Mettrie-aux-Chouettes. Ce n’était pas loin de chez elle, mais un jour il lui fallut dire adieu à sa maison, à son village des Petites-Croix… C’était dur, et elle pleura beaucoup. Pourtant, elle n’allait pas très loin…, seulement à Saint-Servan, près de Saint-Malo… Elle entrait comme infirmière à l’Hôpital du Rosais, sur la Rance.

Jeanne avait pensé se marier, puis, au cours d’une mission, elle avait compris que le bon Dieu la voulait toute à lui, pour une œuvre… mais sans savoir laquelle… Alors, elle attendait, en secourant les malheureux.

Et voilà qu’une bonne demoiselle la pria de quitter l’hôpital pour venir la soigner. Jeanne accepta, et vint habiter rue du Centre, chez, Mlle Lecoq. Elle avait beaucoup. de manies ; Jeanne la servit et la soigna avec tant de patience qu’elles devinrent de grandes amies, si bien qu’en mourant, la bonne demoiselle légua à sa servante son mobilier et 400 francs.

Où mettre ce mobilier ? Ça coûte de louer une chambre !… Justement, Françoise Aubert, dite Fanchon, cherche une compagne… A deux, les frais seront moins lourds. Fanchon restera au logis, fera le ménage et le  » fricot « , filera sa quenouille, tandis que Jeanne ira en journées pour gagner le pain quotidien.

Bien que peu solide, la grande Jugan, comme on disait, était une travailleuse. Elle s’entendait à coudre, à astiquer, faire des lessives ; elle s’entendait surtout à soigner les malades…

Bientôt, à Saint-Servan, beaucoup de familles l’employèrent.

En allant et venant, Jeanne rencontrait beaucoup de pauvres… Elle les aimait, voyant en eux les membres souffrants de Jésus-Christ.

Une fois même, elle pleura en apprenant qu’une vieille aveugle, impotente et dénuée de tout, restait seule. Que faire ? La visiter matin et soir ? Ce n’est pas suffisant. Notre bonne Jeanne lui fait une place dans sa chambre et lui prodigue toute l’affection et tous les soins qu’elle prodiguerait à sa maman.

Bientôt, Jeanne fait de la place pour une autre, et elle travaille tard dans la nuit pour les entretenir et leur gagner leur pain.

Anne Chauvin et Isabelle Quéru sont tout heureuses de se voir ainsi dorlotées, soignées, et Jeanne Jugan ne se doute pas qu’elle a déjà commencé l’œuvre que le bon Dieu attendait d’elle, et qu’un jour elle serait la mère de milliers de vieillards, la mère aussi de toutes les Petites Sœurs des Pauvres.

Le bon Dieu, qui pense à tout; envoya de l’aide à Jeanne et à Fanchon ; elles avaient recueilli une orpheline, Virginie Trédaniel, dont le père, marin lui aussi, était mort. Virginie partageait la chambre de Fanchon ; elle était couturière et travaillait tantôt en. journée, tantôt à la maison. C’était une sainte fille qui, touchée de la charité de Jeanne et de sa compagne, pensa tout simplement qu’elle pourrait les aider de son temps et de son argent.

Virginie avait une amie, Marie Jamet, fille d’un maçon et d’une petite épicière. Le dimanche, les deux jeunes filles aimaient à se retrouver sur la grève du Rosais pour parler ensemble du bon Dieu et de tout le bien qu’elles désiraient faire. D’autres fois, elles montaient dans le grenier de Jeanne Jugan, et tandis que Fanchon veillait aux bonnes vieilles, Jeanne, Virginie et Marie priaient, lisaient, s’encourageaient au bien et à la charité envers les pauvres. Un peu plus tard, Madeleine Bourges se joignit au petit groupe. Blanchisseuse de son état, elle avait échappé à la mort grâce aux bons soins de Jeanne et de Fanchon qui l’avaient prise chez elle. En reconnaissance, elle avait décidé de donner aux pauvres tout ce qu’elle possédait, et tout le gain de son travail.

Les pauvres et les servantes des pauvres ne manquaient donc pas. Ce qui manquait, c’était la place… permettant de recevoir d’autres vieillards. Le logement de Jeanne ne se composait que de deux petites chambres et d’un grenier. L’une des chambres était occupée par Fanchon et Virginie, l’autre par les deux bonnes vieilles, Anne et Isabelle, le grenier par Jeanne… Qu’à cela ne tienne ! On changera de maison ! Voici justement une grande pièce à louer, rue de la Fontaine. Elle n’est pas luxueuse ; le sol est en terre battue, elle est mal éclairée par deux fenêtres étroites donnant sur une ruelle, mais elle a l’avantage d’être vaste, et aussi d’être de plain-pied ; les chères petites vieilles n’auront pas d’escalier à monter.  » Le grand-en-bas  » est donc loué, et l’on s’installe dans l’enthousiasme. Le jour même, quatre infirmes rejoignent les deux autres ; bientôt, elles sont douze, et la salle est pleine.

Il s’agit maintenant de nourrir tout ce monde. Le gain de Jeanne et de ses compagnes n’y saurait suffire… Alors, Jeanne se dit :  » Ces bonnes vieilles mendiaient dans la rue, et de portes en portes… Eh bien ! je les remplacerai… Je me ferai mendiante à leur place… tandis qu’elles resteront bien au chaud dans leur lit ou au coin du feu.  »

 » Un tel, dit l’une, me donnait de la soupe.  »

 » Dans telle maison, reprend une autre, j’avais des liards et du, tabac… Et aussi des hardes…  »

Jeanne Jugan retient les adresses ; elle part… Elle frappe aussi chez ses amies, chez les gens qui l’ont employée… Et elle rentre contente, son panier plein de provisions.

Si l’on ne peut se procurer tout le nécessaire, eh bien ! l’on prie le bon Dieu, la sainte Vierge, saint Joseph…

Le jour du 15 août, chacun à Saint-Servan, à Saint-Jouan et dans bien des coins de Bretagne, dresse un  » reposoir  » à Marie. Avec l’aide d’un gendarme, l’on en fit un au grand-en-bas, et l’on mit au pied de la statuette les quelques pièces de linge qui restaient, avec cette inscription :  » Bonne Mère, voyez notre détresse ; nous n’avons plus de linge pour changer nos enfants.  » Et voilà que les visiteurs, comme pris d’émulation, ouvrirent leurs armoires et envoyèrent en hâte, qui des draps, qui des chemises, qui de la toile… et les chères petites vieilles ne manquèrent plus de rien.

Douze bonnes vieilles, ce n’était pas assez pour le grand cœur de Jeanne.

Pour en secourir davantage, elle rêva de louer, ou encore mieux d’acheter, le couvent des Filles de la Croix qui se trouvait en vente.

La Providence, la charité font des miracles… Des bienfaiteurs se présentèrent. M. l’abbé Le Pailleur, vicaire de Saint-Servan, et ami de la petite Îuvre, vendit sa montre en or et son calice et l’on acheta la maison de la Croix. Bientôt, elle abrita vingt, trente, quarante  » grand’mères « … et une partie du bâtiment fut réservée aux bons vieux, si à l’abandon jusqu’ici. N’avait-on pas signalé à Jeanne un vieux marin, Rodolphe Lainé. Depuis deux ans, il languissait, à peine vêtu, dans un caveau humide, mourant de faim, dévoré de vermine, ayant une pierre pour oreiller. Jeanne a couru vers lui, et ce triste spectacle l’a navrée ; elle a conté sa peine à une dame charitable qui lui a donné des vêtements, et après avoir  » toiletté le vieux Rodolphe, la bonne Jeanne, rayonnante, l’a transporté à sa maison. D’autres petits vieux sont venus l’y rejoindre, et ils sont tout heureux d’avoir un oreiller de plumes, du linge propre, de la soupe chaude, et le sourire réconfortant de celles qu’ils appellent déjà : Petites Sœurs.

Elles les aiment tant leurs chers vieillards !

Pourtant, ils ne sont pas toujours faciles !

Certains regrettent leur vie errante et les  » bolées  » dont ils abusaient un peu trop… Les bonnes vieilles, parfois se chicanent… Il faut beaucoup de patience pour répondre aux sourds, pour écouter ceux qui radotent ; beaucoup de dévouement pour guider, soutenir, soigner les infirmes, et beaucoup de courage pour panser les plaies, souvent incurables.

Les Servantes des Pauvres ont cette patience, ce dévouement et ce courage… Elles sont toutes simples, souriantes et douces…, elles sont vraiment les petites sœurs des vieux marins, de tous les bons vieux et bonnes vieilles qu’elles hébergent ; c’est vraiment la vie de famille.

Quelle joie quand on peut leur donner du dessert, du café, du tabac à chiquer…

Ah ! les bonnes Petites Sœurs, que ne feraient-elles pas pour leurs vieux !

Ils sont devenus si nombreux, que Jeanne doit aller quêter jusqu’à Saint-Malo, Paramé et dans la campagne. Elle n’a pas dé voiture… Elle part à pieds, son grand panier au bras… Quand, au retour, elle est trop lasse, elle s’asseoit au pied d’un calvaire. Les touristes, qui passent si nombreux maintenant par le carrefour des Sept-Pertuis, ne savent pas qu’au pied de la croix, dite longtemps la Croix-Blanche, une femme, gloire de l’Église, de la Bretagne, du monde entier, se reposa souvent d’avoir trop marché pour ses vieux…

Oh ! si seulement elle avait eu un petit âne comme ceux-là qui passaient sur la route, bien en file, montés par les femmes de Saint-Suliac ou d’ailleurs…

Mais non, Jeanne n’avait que ses deux jambes et ses deux bras…, mais elle avait un si grand cœur ! Quand elle demandait l’aumône, on sentait Dieu vivant en elle. La plupart l’accueillaient avec joie comme une sainte, et si on la rebutait, elle ne se fâchait pas.

Tel personnage, s’étant oublié au point de lui donner un soufflet, Jeanne, sans s’émouvoir, lui dit simplement :

–  » Mon bon Monsieur, ce soufflet est pour moi ; maintenant, je vous prie, donnez pour mes pauvres.  »

Et lui, touché, fit une belle aumône.

Une autre fois, des jeunes gens s’étant moqués de la grande Cancalaise, en fusent pris de remords, et s’étant cotisés, lui remirent 5 francs.

–  » A ce prix-là, moquez-vous de moi tant que vous voudrez « , leur dit la bonne Jeanne tout heureuse.

La petite œuvre de Saint-Servan était devenue une grande œuvre ; et bientôt les autres villes de France voulurent avoir, elles aussi, des Sœurs pour leurs vieillards… et des maisons s’ouvrirent à Rennes, Dinan, Tours, Angers, Laval, Paris, Nantes. Et Jeanne allait toujours, avec son grand panier, arpentant les villes et les campagnes… Dès qu’elle était là, toutes les bourses s’ouvraient… Et puis, la Providence veillait toujours. Avait-on besoin d’argent, un bienfaiteur, souvent un inconnu, apportait juste à point un rouleau de pièces d’or… Les bons vieillards ayant soupé, ne restait-il rien pour les Sœurs ?… Drrring…

Un coup de sonnette ; c’étaient les reliefs d’un festin ou un dîner tout cuit, qui arrivait à point. Elle est si bonne, la Providence ! Le bon Dieu a toujours les yeux sur nous ; il veille sur nous à chaque instant, parce qu’il est notre Père.

Il fallait aussi une maison pour former les jeunes filles qui voulaient être Sœurs des Pauvres. On l’établit à Saint-Perne, entre Rennes et Dinan ; on l’appela Tour Saint,Joseph, et c’est là que Jeanne passa les vingt-six dernières années de sa vie, car elle ne mourut qu’à quatre-vingt-six ans.

Le bon Dieu, qui la voulait très humble, avait permis que, depuis bien longtemps, elle ne fut pas supérieure… c’était une Petite Sœur comme les autres, plus grande peut-être par la taille, mais si petite dans sa simplicité !

A la Tour Saint-Joseph, elle cousait, tricotait avec les novices, elle leur donnait de bons conseils et leur racontait des histoires du vieux temps, sans jamais dire qu’elle était fondatrice.

Plus tard, ayant peine à marcher, bien que toujours très droite, elle s’en allait, avec son grand bâton, à travers les jardins et les champs, disant son chapelet, adressant un mot de bonté aux travailleurs qu’elle rencontrait. Quand les novices chantaient, avec Son grand bâton, toujours, elle battait la mesure…

Et voilà qu’un beau jour, son grand bâton fit un miracle, ou plutôt, par lui, Dieu fit un miracle… Un enfant de cinq ans, l’ayant saisi pour s’amuser, se mit à marcher ferme, lui qui n’avait jamais pu, jusque-là, se servir de ses jambes.

Peu à peu Jeanne dut raccourcir ses longues stations à la chapelle, on vit moins souvent dans le jardin sa grande cape noire… Le vendredi 29 août 1879, elle se leva pourtant de bon matin, comme de coutume, entendit la messe, et peu après, tandis que debout elle disait son chapelet, la mort vint la chercher.

La mort, c’est la messagère du bon Dieu ; elle nous ouvre le paradis : Jeanne avait une maladie de cœur :  » Père; dit-elle, ouvrez aujourd’hui vos portes à la plus misérable de vos petites filles, qui a si grand’envie de vous voir.  »

Puis, s’adressant à la sainte Vierge :  » Ma bonne Mère, venez à moi ; vous savez que je vous aime, et que j’ai bien envie de vous voir…  »

Et elle partit chez le bon Dieu…

Et le Christ qui nous a dit :  » Bienheureux les pauvres, bienheureux les humbles « , la plaça bien haut dans son paradis…

Quelle joie pour Jeanne d’y retrouver les âmes des chers vieillards sauvés par elle et par ses Sœurs ! Car les petites Sœurs ne se contentent pas de soigner les corps, elles ramènent au bon Dieu tous ceux qui l’ont quitté.

Sur la terre, Jeanne laissait 2 488 Petites Sœurs, 177 maisons et 20 500 vieillards.

Maintenant l’on compte par le monde 6.000 Petites Sœurs, 307 maisons, près de 52.000 vieillards… Comme au premier jour, la Providence veille ; Saint Joseph, lui aussi, n’est pas là pour rien ! Et les chrétiens sont généreux ; tout le monde s’en mêle.

Le Foi des Belges donne un bel âne, les dames de la halle, du poisson…, la mercière, des bobines de fil…, la fermière, des œufs ou du beurre. Ce sont les braves femmes du marché aux légumes de la ville de Nantes qui valurent aux Sœurs des Pauvres leur titre de Petites Sœurs, Il leur va si bien ! Même quand elles sont grandes !…

Mes petits enfants, respectez-les, ces Petites Sœurs, montrez-vous généreux.

Du paradis, celle qu’un jour nous appellerons peut-être sainte Jeanne Jugan vous demande d’aimer beaucoup, comme elle, le bon Dieu et les pauvres, d’avoir beaucoup d’égards pour les bons vieux.

Oh ! mon Dieu, accordez-nous, ainsi qu’à ceux qui souffrent partout, beaucoup de grâces, par l’intercession de la bonne (Bienheureuse) Jeanne Jugan !

Agnès GOLDIE

http://www.foi-et-contemplation.net/amis/Jeanne-Jugan/

 



Eucharistie – Ste Thérèse de Lisieux

Sainte Thérèse de Lisieux

(2 janvier 1873 – 30 septembre 1897)

Thème: EUCHARISTIE

I SOUVENIRS D’ENFANCE

Thérèse a environ quatre ans, sa soeur Céline en a huit.

Céline disait un jour : “ Comment cela se fait-il que le bon Dieu peut être dans une si petite hostie ? ” Thérèse répond alors : “ Ce n’est pas étonnant puisque le bon Dieu est tout puissant. ” — “ Qu’est ce que veut dire tout puissant ? ” — “ Mais c’est de faire tout ce qu’il veut ! ” (Ms A, 10r°)

Tous les après-midi, j’allais faire une petite promenade avec Papa, nous faisions ensemble notre visite au Saint Sacrement, visitant chaque jour une nouvelle église. (Ms A, 13v°)

J’aimais surtout les processions du Saint Sacrement, quelle joie de semer des fleurs sous les pas du Bon Dieu ! … mais avant de les y laisser tomber je les lançais le plus haut que je pouvais et je n’étais jamais aussi heureuse qu’en voyant mes roses effeuillées toucher l’Ostensoir sacré… (Ms A, 17r°)

Thérèse a douze ans ou treize ans. Son seul ami : Jésus au Saint Sacrement

Je montais à la tribune de la chapelle et je restais devant le Saint Sacrement jusqu’au moment où Papa venait me chercher, c’était ma seule consolation, Jésus n’était-il pas mon unique ami ? Je ne savais parler qu’à lui, les conversions avec les créatures, même les conversions pieuses me fatiguaient l’âme. Je sentais qu’il valait mieux parler à Dieu que de parler de Dieu, car il se mêle tant d’amour propre dans les conversions spirituelles. (Ms A, 41r°)

Le cantique de Céline (PN 18, strophe 10 (souvenirs d’enfance))

Oh ! que j’aimais Jésus-Hostie
Qui vint au matin de ma vie
Se fiancer à mon âme ravie
Oh ! que j’ouvris avec bonheur
Mon coeur !…

En rentrant à Lisieux (de son pèlerinage de Rome pour voir le Pape au sujet de son entrée au Carmel), elle envoya son bracelet d’or aux chapelains de Montmartre pour qu’il soit fondu pour faire partie du grand ostensoir, désir qui montre clairement le désire de Thérèse de veiller jour et nuit près de Jésus dans l’Eucharistie.

Note : L’ostensoir contient le bracelet en or de Thérèse est au Sacré-Coeur, à Paris, où Jésus au Très Saint Sacrement est perpétuellement adoré.

II ADORATION, ACTIONS DE GRÂCE

Les Sacristines du Carmel (Poésie PN 40, Novembre 1896)

Ici-bas notre doux office
Est de préparer pour l’autel,
Le pain, le vin du Sacrifice
Qui donne à la terre : “ Le Ciel ! ”

Le Ciel, ô mystère suprême !
Se cache sous un humble pain
Car le Ciel, c’est Jésus Lui-Même,
Venant à nous chaque matin.

Il n’est pas de reines sur terre
Qui soient plus heureuses que nous.
Notre office est une prière
Qui nous unit à notre Époux.

Les plus grands honneurs de ce monde
Ne peuvent pas se comparer
A la paix céleste et profonde
Que Jésus nous fait savourer.

Nous portons une sainte envie
A l’ouvrage de notre main,
A la petite et blanche hostie
Qui doit voiler l’Agneau divin.

Mais son amour nous a choisies
Il est notre Époux, notre Ami.
Nous sommes aussi des hosties
Que Jésus veut changer en Lui.

Mission sublime du Prêtre,
Tu deviens la nôtre ici-bas
Transformées par le Divin Maître
C’est Lui qui dirige nos pas.

Nous devons aider les apôtres
Par nos prières, notre amour
Leurs champs de combats sont les nôtres
Pour eux nous luttons chaque jour.

Le Dieu caché du tabernacle
Qui se cache aussi dans nos coeurs
A notre voix, ô quel miracle !
Daigne pardonner aux pécheurs !

Notre bonheur et notre gloire
C’est de travailler pour Jésus.
Son beau Ciel voilà le ciboire
Que nous voulons combler d’élus !…

Lettre à soeur Marie de l’Eucharistie (LT 234, 2 juin 1897)

      A ma petite Soeur chérie, souvenir du beau jour où l’Époux de son âme daigne poser son signe sur le front qu’Il s’apprête à couronner un jour devant tous les Élus…
      Autrefois le Ciel entier se réunit le 2 Juin, afin de contempler ce mystère d’amour : Jésus, le doux Jésus de l’Eucharistie se donnant pour la première fois à Marie. Il est là encore aujourd’hui ce beau Ciel compose des Anges et des Saints, il est là, contemplant avec ravissement : Marie se donnant à Jésus devant le monde étonné d’un sacrifice qu’il ne comprend pas. Ah ! s’il avait compris le regard que Jésus abaissa sur Marie au jour de sa première visite, il comprendrait aussi le signe mystérieux qu’elle veut recevoir aujourd’hui de Celui qui l’a blessée d’amour… Ce n’est plus le gracieux voile aux longs plis neigeux qui doit envelopper Marie de l’Eucharistie, c’est un sombre voile qui rappelle à l’Épouse de Jésus qu’elle est exilée, que son Époux n’est point un Époux qui doit la conduire dans les fêtes, mais sur la montagne du Calvaire. Désormais, Marie ne doit plus rien regarder ici-bas, rien que le Dieu miséricordieux, Le JÉSUS de l’EUCHARISTIE !…

La petite Sr Thérèse de l’Enfant Jésus de la Ste Face

Les anges à la crèche (Récréations pieuses, RP 2)

[Scène 4]
L’ANGE DE L’EUCHARISTIE s’avance tenant un calice surmonté d’une hostie rayonnante. Il chante sur l’air : “ sur terre tout n’est pas rose ”

1
Contemplez, ange mon Frère,
Jésus montant vers le Ciel
Moi, je viens sur cette terre
Pour l’adorer à l’autel
Caché dans l’Eucharistie
Je vois le Dieu Tout-Puissant
Je vois l’Auteur de la vie
Bien plus petit qu’un enfant !…

Refrain

Désormais au sanctuaire
Ah ! je veux fixer mon séjour
Offrir à Dieu ma prière
Et l’hymne de mon amour.

2
Je veux chanter sur ma lyre
les charmes du Dieu caché
Je veux en un saint délire
M’enivrer de sa beauté
Ah ! que ne puis-je au tabernacle
Me nourrir du Dieu d’amour
Et par un très doux miracle
M’unir à Lui chaque jour.

Refrain

Oh ! du moins à l’âme sainte
Je veux prêter mon ardeur
Afin que sans nulle crainte
Elle approche du Sauveur !…

L’ANGE DE LA SAINTE FACE

Divin Jésus, voilà bien la dernière limite de ton amour ; après avoir rendu visible aux faibles créatures ta Face adorable dont les séraphins ne peuvent soutenir l’éclat, tu veux la cacher sous un voile plus épais encore que celui de la nature humaine… Mais, Jésus, je vois rayonner dans l’hostie la splendeur de ton visage. (Il s’agenouille devant l’hostie.) Ils ne sont point cachés pour moi, tes charmes ravissants….. Je vois ton ineffable regard pénétrer dans les âmes pures, les inviter à te recevoir… Comme la colombe qui se cache dans le creux de la pierre, ainsi tes épouses rechercheront-elles ton visage. Je vois leurs coeurs tourner vers toi et venir se réfugier près du tabernacle de ton amour !

[Scène 5]

L’ANGE DE L’EUCHARISTIE

Pain vivant descendu des Cieux !…. Grappe dorée qui fera germer les vierges, daigne aussi me faire entendre le doux son de ta voix, à moi qui jusqu’à la fin des siècles t’adorerai dans le sanctuaire. O Verbe divin que l’amour doit réduire au silence, il faudrait que les ministres de tes autels te touchent avec la même délicatesse que Marie lorsqu’elle t’enveloppe de langes…. Mais hélas ! bien souvent ton amour sera méconnu et tes prêtres ne seront pas dignes de leur sublime caractère…. O Dieu caché !… dis-moi, que pourrai-je faire afin de te consoler ?…

JÉSUS

12

Ange de mon Eucharistie
C’est toi qui charmeras mon coeur
Oui, c’est ta douce mélodie
Qui consolera ma douleur.

13
J’ai soif de me donner aux âmes
Mais bien des coeurs sont languissants
Séraphin, donne-leur tes flammes
Attire-les par tes doux chants.

14
Je voudrais que l’âme du Prêtre
Ressemble au séraphin du Ciel !
Je voudrais qu’il puisse renaître
Avant de monter à l’Autel !…

15
Afin d’opérer ce miracle
Il faudrait que, priant toujours
Des âmes près du tabernacle
S’immolent pour moi chaque jour.

III SUR L’IMPORTANCE DE LA COMMUNION

“ Ce n’est pas pour rester dans le ciboire d’or que Dieu descend chaque jour du Ciel, c’est afin de trouver un autre Ciel qui lui est infiniment plus cher que le premier, le Ciel de notre âme, faite à son image, le temple vivant de l’adorable Trinité !… ” ( Ms A, 48r° )

« Aigle Eternel, Tu veux me nourrir de ta divine substance, moi, pauvre petit être, qui rentrerait dans le néant si Ton divin regard ne me donnait la vie à chaque instant… Ô Jésus ! Laisse-moi dans l’excès de ma reconnaissance, laisse-moi te dire que ton amour va jusqu’à la folie. » (Ms B, p 231)

Mon Chant d’Aujourd’hui ( Poésie PN5, Strophe 8 )

Pain Vivant, Pain du Ciel, divine Eucharistie
O Mystère sacré ! que l’Amour a produit…
Viens habiter mon coeur, Jésus, ma blanche Hostie
Rien que pour aujourd’hui.

Mère Agnès de Jésus :
“ Un jour qu’elle (Thérèse, proche de sa mort) vint à la Messe et communia, je me mis à pleurer et ne pus aller aux Heures. Je la suivis dans sa cellule et je la verrai toujours, assise sur son petit banc et le dos appuyé sur la pauvre cloison de planches. Elle était exténuée et me regardait d’un air triste et si doux ! Mes larmes redoublèrent et devinant combien je la faisais souffrir, je lui en demandai pardon à genoux. Elle me répondit simplement : “ Ce n’est pas trop souffrir pour gagner une Communion !… ” ”

Soeur Marie du Sacré-Coeur :
Au Carmel sa grande souffrance fut de ne pas communier tous les jours. Elle disait, quelque temps avant sa mort, à Mère Marie de Gonzague, qui avait peur de la Communion quotidienne :
“ Ma Mère, quand je serai au Ciel, je vous ferai changer d’avis. ”
C’est ce qui arriva. Après sa mort, l’aumônier nous donna la communion tous les jours et Mère Marie de Gonzague au lieu de se révolter comme autrefois, en fut très heureuse.

Lette à Marie Guérin (LT 92, Jeudi 30 Mai 1889)

Ma petite soeur chérie

      Tu as bien fait de m’écrire, j’ai tout compris… tout, tout, tout !…
      Tu n’as pas fait l’ombre du mal, je sais si bien ce que sont ces sortes de tentations que je puis te l’assurer sans crainte, d’ailleurs Jésus me le dit au fond du coeur… Il faut mépriser toutes ces tentations, n’y faire aucune attention.
      Faut-il te confier une chose qui m’a fait beaucoup de peine ?…
      C’est que ma petite Marie a laissé ses communions… le jour de l’Ascension et le dernier jour du mois de Marie !… Oh ! que cela a fait de peine à Jésus !…
      Il faut que le démon soit bien fin pour tromper ainsi une âme!… mais ne sais-tu pas, ma chérie, que c’est là tout le but de ses désirs. Il sait bien, le perfide, qu’il ne peut faire pécher une âme qui voudrait être toute à Jésus, aussi n’essaye-t-il que de le lui faire croire. C’est déjà beaucoup pour lui de mettre le trouble dans cette âme, mais pour sa rage il faut autre chose, il veut priver Jésus d’un tabernacle aimé, ne pouvant entrer dans ce sanctuaire, il veut du moins qu’il demeure vide et sans maître !… Hélas que deviendra ce pauvre coeur?. . Quand le diable a réussi à éloigner une âme de la Ste Communion il a tout gagné… Et Jésus pleure !…
      O ma chérie, pense donc que Jésus est là dans le tabernacle exprès pour toi, pour toi seule, il brûle du désir d’entrer dans ton coeur… Va, n’écoute pas le démon, moque-toi de lui et va sans crainte recevoir le Jésus de la paix et de l’amour !…
      Mais je t’entends dire : “ Thérèse dit cela parce qu’elle ne sait pas… elle ne sait pas comme je le fais bien exprès… cela m’amuse… et puis je ne puis communier, puisque je crois faire un sacrilège, etc., etc., etc. ” Si, ta pauvre petite Thérèse sait bien, je te dis qu’elle devine tout, elle t’assure que tu peux aller sans crainte recevoir ton seul ami véritable… Elle aussi a passé par le martyre du scrupule mais Jésus lui a fait la grâce de communier quand même, alors même qu’elle croyait avoir fait de grands péchés… eh bien ! je t’assure qu’elle a reconnu que c’était le seul moyen de se débarrasser du démon, car quand il voit qu’il perd son temps il vous laisse tranquille!…
      Non, il est IMPOSSIBLE qu’un coeur “ qui ne se repose qu’à la vue du tabernacle ” offense Jésus au point de ne pouvoir le recevoir. Ce qui offense Jésus, ce qui le blesse au coeur c’est le manque de confiance !…
      Petite Soeur, avant de recevoir ta lettre je pressentais tes angoisses, mon coeur était uni à ton coeur, cette nuit dans mon rêve je tâchais de te consoler, mais hélas je ne pouvais y réussir !… Je ne vais pas être plus heureuse aujourd’hui à moins que Jésus et la Ste Vierge me viennent en aide; j’espère que mon désir va être réalisé et que le dernier jour de son mois, la Ste Vierge va guérir ma petite soeur chérie. Mais pour cela il faut prier, beaucoup prier, si tu pouvais mettre un cierge à Notre-Dame-des-Victoires… j’ai tant de confiance en elle ?…
      Ton coeur est fait pour aimer Jésus, pour l’aimer passionnément, prie bien afin que les plus belles années de ta vie ne se passent pas en craintes chimériques.
      Nous n’avons que les courts instants de notre vie pour aimer Jésus, le diable le sait bien, aussi tâche-t-il de la consumer en travaux inutiles…
      Petite Soeur chérie, communie souvent, bien souvent… Voilà le seul remède si tu veux guérir, Jésus n’a pas mis pour rien cet attrait dans ton âme. (Je crois qu’il serait content si tu pouvais reprendre tes Communions manquées, car alors la victoire du démon serait moins grande puisqu’il n’aurait pu réussir à éloigner Jésus de ton coeur.) Ne crains pas d’aimer trop la Ste Vierge, jamais tu ne l’aimeras assez, et Jésus sera bien content puisque la Ste Vierge est sa Mère.
      Adieu petite Soeur, pardonne mon brouillon que je ne puis même relire, le temps me manquant, embrasse pour moi tous les miens.

Sr Thérèse de l’Enfant Jésus

Jeanne d’Arc (Récréations pieuses RP 3, Scène 6)
Thérèse compose une pièce sur Jeanne d’Arc. Peu de temps avant le bûcher, Jean Massieu demande à Jeanne si elle a un dernier désir…

Oh ! oui, j’ai un désir et si vous pouviez m’obtenir la grâce que je souhaite, je vous en aurais une éternelle reconnaissance. Je voudrais avant de mourir recevoir une dernière fois la Sainte Communion… C’est Jésus caché sous les voiles de la blanche hostie qui pourra seul me donner la force de marcher à la mort… Quand je sentirai son Divin Coeur battre près du mien, il me semble que le feu de son amour me fera supporter avec courage l’ardeur du bûcher…

IV L’AMOUR N’EST PAS AIMÉ : SACRÉ COEUR ET EUCHARISTIE

Jésus mon Bien-Aimé, rappelle-toi !… (Poésie PN 24, strophes 28, 29, Octobre 1885)

Rappelle-toi que montant vers Le Père
Tu ne pouvais nous laisser orphelins
Et te faisant prisonnier sur la terre
Tu sus voiler tous tes rayons divins
Mais l’ombre de ton voile est lumineuse et pure
Pain Vivant de la foi, Céleste Nourriture
O mystère d’amour !
Mon Pain de chaque jour
Jésus, c’est Toi!…

Jésus, c’est toi qui malgré les blasphèmes
Des ennemis du Sacrement d’Amour
C’est toi qui veux montrer combien tu m’aimes
Puisqu’en mon coeur tu fixes ton séjour
O Pain de l’exilé ! Sainte et Divine Hostie
Ce n’est plus moi qui vis, mais je vis de ta vie.
Ton ciboire doré
Entre tous préféré
Jésus, c’est moi !

Lettre à Marie Guérin (LT 109, fin juillet 1890)

      Marie du Saint Sacrement !… ton nom te dit ta mission… Consoler Jésus, le faire aimer des âmes… Jésus est malade et il faut remarquer que la maladie de l’amour ne se guérit que par l’amour!… Marie, donne bien tout ton coeur à Jésus, il en a soif, il en est affamé, ton coeur, voilà ce qu’il ambitionne au point que pour l’avoir pour Lui, il consent à loger sous un réduit sale et obscur!… Ah! comment ne pas aimer un ami qui se réduit à une si extrême indigence, comment oser alléguer encore sa pauvreté quand Jésus se rend semblable à sa Fiancée… I1 était riche et il s’est fait pauvre pour unir sa pauvreté à la pauvreté de Marie du St Sacrement… Quel mystère d’amour !…

Au Sacré Coeur de Jésus (Poésie PN 23, strophe 5, 6)

Tu m’as entendue, seul Ami que j’aime
Pour ravir mon coeur, te faisant mortel
Tu versas ton sang, mystère suprême !…
Et tu vis encor pour moi sur l’Autel.
Si je ne puis voir l’éclat de ta Face,
Entendre ta voix remplie de douceur
Je puis, ô mon Dieu, vivre de ta grâce
Je puis reposer sur ton Sacré Coeur !

O Coeur de Jésus, trésor de tendresse
C’est toi mon bonheur, mon unique espoir,
Toi qui sus charmer ma tendre jeunesse
Reste auprès de moi jusqu’au dernier soir
Seigneur, à toi seul j’ai donné ma vie
Et tous mes désirs te sont bien connus
C’est en ta bonté toujours infinie
Que je veux me perdre, ô Coeur de Jésus !

V RESTER CACHÉ POUR TROUVER JÉSUS CACHÉ DANS L’EUCHARISTIE

“ Le propre de l’amour est de s’abaisser ” (Ms A, 2r°)

Vivre d’Amour !… (Poésie PN 17, strophe 3)

Vivre d’Amour, c’est vivre de ta vie,
Roi glorieux, délice des élus.
Tu vis pour moi, caché dans une hostie
Je veux pour toi me cacher, ô Jésus !
A des amants, il faut la solitude
Un coeur à coeur qui dure nuit et jour
Ton seul regard fait ma béatitude
Je vis d’Amour !…

Lettre à Mère Agnès de Jésus (LT 140, 20 février 1893)

      Qu’il m’est doux de pouvoir vous donner ce nom !… Depuis longtemps déjà vous étiez ma Mère, mais c’était dans le secret du coeur que je donnais ce doux nom à celle qui était à la fois mon Ange gardien et ma Soeur ; aujourd’hui le bon Dieu vous a consacrée… vous êtes véritablement ma Mère et vous le serez pendant toute l’éternité… Oh ! que ce jour est beau pour votre enfant !… Le voile que Jésus a jeté sur cette journée la rend plus lumineuse encore à mes yeux, c’est le cachet de la face adorable, le parfum du bouquet mystérieux, qui est répandu sur vous. Sans doute il en sera toujours ainsi, “ celui dont le visage était caché ”, Celui qui est encore caché dans sa petite hostie blanche et qui ne se communique aux âmes que voilé, saura répandre sur la vie entière de l’apôtre bien-aimée de sa divine Face un voile mystérieux que Lui seul pourra pénétrer !

L’atome de Jésus-Hostie (Poésie PN19)
(Pensées de St Saint Vincent de Paul mises en vers à sa demande)

Je ne suis qu’un grain de poussière
Mais je veux fixer mon séjour
Dans les ombres du sanctuaire
Avec le Prisonnier d’Amour
Ah ! vers l’hostie mon âme aspire
Je l’aime et ne veux rien de plus
C’est le Dieu caché qui m’attire,
Je suis l’atome de Jésus…..

Je veux rester dans l’ignorance
Dans l’oubli de tout le créé
Et consoler par mon silence
L’Hôte du ciboire sacré.
Oh ! je voudrais sauver les âmes
Des pécheurs faire des élus…
D’un apôtre donnez les flammes
A votre atome, doux Jésus !…

Si je suis méprisée du monde,
S’il me regarde comme un rien,
Une paix divine m’inonde
Car j’ai l’hostie pour mon soutien,
Quand je m’approche du ciboire
Tous mes soupirs sont entendus…
Être un néant, voilà ma gloire,
Je suis l’atome de Jésus…

Parfois lorsque le Ciel est sombre
L’atome ne pouvant voler
Il aime se cachant dans l’ombre
A la porte d’or s’attacher,
Alors la Divine lumière
Qui réjouit tous les élus
Vient réchauffer sur cette terre
Le pauvre atome de Jésus…

Sous les chauds rayons de la grâce
L’atome devient scintillant
Quand la légère brise passe
I1 se balance doucement…
Oh ! quel ineffable délice
Quels bienfaits n’a-t-il pas reçus…
Jusqu’auprès de l’hostie se glisse
Le pauvre atome de Jésus…

Se consumant près de l’hostie
Dans le tabernacle d’amour
Ainsi s’écoulera ma vie
En attendant le dernier jour
Quand l’épreuve sera finie
Volant au séjour des élus
L’Atome de l’Eucharistie
Brillera près de son Jésus !…..

Mes Désirs auprès de Jésus caché dans sa Prison d’Amour (Poésie PN 25, Automne 1895)

Petite Clef, oh je t’envie !
Car tu peux ouvrir chaque jour
La prison de l’Eucharistie
Où réside le Dieu d’Amour.
Mais je puis, ô quel doux miracle !
Par un seul effort de ma foi
Ouvrir aussi le tabernacle
M’y cacher près du Divin Roi…

Je voudrais dans le sanctuaire
Me consumant près de mon Dieu
Toujours briller avec mystère
Comme la Lampe du Saint Lieu….
Oh ! bonheur… en moi j’ai des flammes
Et je puis gagner chaque jour
A Jésus un grand nombre d’âmes
Les embrasant de son amour…

A chaque aurore, je t’envie,
O Pierre Sacrée de l’Autel !
Comme dans l’étable bénie
Sur toi veut naître l’Éternel…
Ah ! daigne exaucer ma prière
Viens en mon âme, Doux Sauveur…
Bien loin d’être une froide pierre
Elle est le soupir de ton Coeur !…

O Corporal entouré d’anges !
Qu’il est enviable ton sort
Sur toi comme en ses humbles langes
Je vois Jésus mon seul trésor
Change mon coeur, Vierge Marie
En un Corporal pur et beau
Pour recevoir la blanche hostie,
Ou se cache ton Doux Agneau.

Sainte Patène, je t’envie
Sur toi Jésus vient reposer
Oh ! que sa grandeur infinie
Jusqu’à moi daigne s’abaisser…
Jésus comblant mon espérance
De ma vie n’attend pas le soir
Il vient en moi ; par sa présence
Je suis un vivant Ostensoir !…

Oh ! que j’envie l’heureux Calice
Où j’adore le Sang divin….
Mais je puis au Saint Sacrifice
Le recueillir chaque matin.
Mon âme à Jésus est plus chère
Que les précieux Vases d’or
L’Autel est un nouveau Calvaire
Où pour moi son Sang coule encor…

Jésus, Vigne sainte et sacrée,
Tu le sais, O mon Divin Roi
Je suis une grappe dorée
Qui doit disparaître pour toi…
Sous le pressoir de la souffrance
Je te prouverai mon amour
Je ne veux d’autre jouissance
Que de m’immoler chaque jour.

Ah ! quelle joie, je suis choisie
Parmi les grains de pur Froment
Qui pour Jésus perdent la vie…
Bien grand est mon ravissement !…
Je suis ton épouse chérie,
Mon Bien-Aimé, viens vivre en moi
Oh ! viens, ta beauté m’a ravie
Daigne me transformer en Toi !.. .

VI MON CIEL EST SOUS LE SOLEIL DE JÉSUS

Mon Ciel à Moi (Poésie PN 32, strophe 3)

Mon Ciel, il est caché dans la petite Hostie
Oh Jésus, mon Époux, se voile par amour
A ce Foyer Divin je vais puiser la vie
Et là mon Doux Sauveur m’écoute nuit et jour
“ Oh ! quel heureux instant lorsque dans ta tendresse
“ Tu viens, mon Bien-Aimé, me transformer en toi
“ Cette union d’amour, cette ineffable ivresse
Voilà mon Ciel à moi !…

Cantique d’une âme ayant trouvé le lieu de son repos !… (Poésie PN 21, strophe 3)

O Jésus ! en ce jour, tu combles tous mes voeux
Je pourrai désormais, près de l’Eucharistie
M’immoler en silence, attendre en paix les Cieux.
M’exposant aux rayons de la Divine Hostie
A ce foyer d’amour, je me consumerai
Et comme un séraphin, Seigneur, je t’aimerai.

Début de la lettre à soeur Marie de Saint-Joseph (LT 205, Décembre 1896)

Que c’est vilain de passer son temps à se morfondre, au lieu de s’endormir sur le Coeur de Jésus…

L’Abandon est le fruit délicieux de l’Amour (Poésie PN 52, Strophes 11 et 12, mai 1897)

Mon doux Soleil de vie
O mon Aimable Roi
C’est ta Divine Hostie
Petite comme moi….

De sa Céleste Flamme
Le lumineux rayon
Fait naître dans mon âme
Le parfait Abandon.

Thérèse s’endormait souvent à l’église, devant Jésus. Culpabilité ? Tristesse ? Violence contre soi ? Il n’en est rien : « Je devais me désoler de dormir pendant mes oraisons et mes actions de grâces ; eh bien, je ne me désole pas… Je pense que les petits enfants plaisent autant à leurs parents lorsqu’ils dorment que lorsqu’ils sont éveillés, je pense que pour faire des opérations les médecins endorment leurs malades. Enfin je pense que le Seigneur voit notre fragilité, qu’Il se souvient que nous ne sommes que poussière. » (Ms B, 75 v°-76 r°)

VII PRIÈRES DIVERSES

“ Pour moi, la prière, c’est un élan du coeur, c’est un simple regard jeté vers le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus. ” (Ms C, 24v°)

Prière à Jésus au tabernacle (Pri 7, 16 juillet 1895)

Jésus

      Ô Dieu caché dans la prison du tabernacle ! c’est avec bonheur que je reviens près de vous chaque soir, afin de vous remercier des grâces que vous m’avez accordées et d’implorer mon pardon pour les fautes que j’ai commises pendant la journée qui vient de s’écouler comme un songe….

      Ô Jésus ! que je serais heureuse si j’avais été bien fidèle, mais hélas ! souvent le soir je suis triste car je sens que j’aurais pu mieux répondre à vos grâces…. Si j’étais plus unie à Vous, plus charitable avec mes soeurs, plus humble et plus mortifiée, j’aurais moins de peine à m’entretenir avec vous dans l’oraison. Cependant, ô mon Dieu ! bien loin de me décourager par la vue de mes misères, je viens à vous avec confiance, me souvenant que : “ Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. ” Je vous supplie donc de me guérir, de me pardonner, et moi je me souviendrai, Seigneur, “ que l’âme à laquelle vous avez remis davantage, doit aussi vous aimer plus que les autres !… ” Je vous offre tous les battements de mon coeur comme autant d’actes d’amour et de réparation et je les unis à vos mérites infinis. Je vous supplie, ô mon Divin Époux, d’être vous-même le Réparateur de mon âme, d’agir en moi sans tenir compte de mes résistances, enfin je ne veux plus avoir d’autre volonté que la vôtre ; et demain, avec le secours de votre grâce, je recommencerai une nouvelle vie dont chaque instant sera un acte d’amour et de renoncement.

      Après être ainsi venue chaque soir au pied de votre Autel, j’arriverai enfin au dernier soir de ma vie, alors commencera pour moi le jour sans couchant de l’éternité où je me reposerai sur votre Divin Coeur des luttes de l’exil !…
Ainsi soit-il.

Prière pour obtenir l’humilité (Pri 20, paragraphe 2 et 3 , 16 juillet 1897)

      Je veux m’abaisser humblement et soumettre ma volonté à celle de mes soeurs, ne les contredisant en rien et sans rechercher si elles ont, oui ou non, le droit de me commander. Personne, ô mon Bien-Aimé, n’avait ce droit envers vous et cependant vous avez obéi non seulement à la Ste Vierge et à St Joseph, mais encore à vos bourreaux. Maintenant c’est dans l’Hostie que je vous vois mettre le comble à vos anéantissements. Quelle n’est pas votre humilité ô divin Roi de Gloire, de vous soumettre à tous vos prêtres sans faire aucune distinction entre ceux qui vous aiment et ce qui sont, hélas ! tièdes ou froids dans votre service… A leur appel vous descendez du ciel, ils peuvent avancer, retarder l’heure du St Sacrifice, toujours vous êtes prêt…

      Ô mon Bien-Aimé, sous le voile de la blanche Hostie que vous m’apparaissez doux et humble de coeur ! Pour m’enseigner l’humilité vous ne pouvez vous abaisser davantage, aussi je veux, afin de répondre à votre amour, désirer que mes soeurs me mettent toujours à la dernière place et bien me persuader que cette place est la mienne.

      “ Ô Jésus, doux et humble de coeur, rendez mon coeur semblable au vôtre ! ”

Une petite Hostie (Réactions pieuses RP5, 10)

Jésus, le Bel Enfant Divin,
Pour vous communiquer sa vie
Transforme en Lui chaque matin
Une petite et blanche Hostie.
Avec bien plus d’amour encor
Il veut vous changer en Lui-même
Votre coeur est son cher trésor
Son bonheur et sa joie suprême.
      Noël, Noël
      Je descends du Ciel
Pour dire à votre âme ravie
      L’Agneau si Doux
      S’abaisse vers vous
Soyez sa blanche et pure Hostie.

Poésie supplémentaire (PS8)

Toi qui connais ma petitesse extrême
Tu ne crains pas de t’abaisser vers moi !
Viens en mon coeur, ô blanche Hostie que j’aime
Viens en mon coeur, il aspire vers toi !
Ah ! je voudrais que ta bonté me laisse
Mourir d’amour après cette faveur.
Jésus ! entends le cri de ma tendresse.
Viens en mon coeur !

Pourquoi je t’aime, ô Marie (Poésie PN 54, strophe 5, Mai 1897)

O Mère bien-aimée, malgré ma petitesse
Comme toi je possède en moi Le Tout-Puissant
Mais je ne tremble pas en voyant ma faiblesse :
Le trésor de la mère appartient à l’enfant
Et je suis ton enfant, ô ma Mère chérie
Tes vertus, ton amour, ne sont-ils pas à moi ?
Aussi lorsqu’en mon coeur descend la blanche Hostie
Jésus, ton Doux Agneau, croit reposer en toi !…

« Lorsque vous ne recevez pas la communion à la Messe que vous entendez, communiez spirituellement, c’est là une méthode très avantageuse […]; vous imprimerez ainsi en vous un amour profond pour notre Seigneur ». (S. Thérèse de Jésus, Le chemin de la perfection, ch. 37: Oeuvres complètes, Paris (1948), p. 766.)



O NOTRE-DAME – Jean-Paul II

Notre-Dame de l’espérance, regarde-nous avec miséricorde.
Ainsi, Mère très sainte, avec la paix de Dieu dans notre conscience,
le coeur délivré de tout mal et de toute haine
nous pourrons porter à tous les hommes la joie et la paix.

Notre-Dame de la transparence, en toi et à travers toi Dieu nous parle:
donne-nous un coeur simple, remplis-nous d’allégresse,
O Vierge du Fiat et du Magnificat,
rends nos coeurs transparents comme le tien.

Notre-Dame de l’humilité,
cachée dans la foule, enveloppée dans le mystère,
aide-nous à porter la Bonne Nouvelle au monde
et à nous immerger dans le mystère du Christ
pour en communiquer quelque chose à nos frères.

Notre-Dame de la fidélité,
toi qui sans cesse « recherchais le visage du Seigneur »,
toi qui as accepté le mystère et qui l’as médité dans ton coeur,
toi qui as vécu en accord avec ce que tu croyais,
toi qui fus l’exemple même de la constance
dans l’épreuve comme dans l’exaltation,
aide-nous à tenir nos engagements, en bons et fidèles serviteurs,
jusqu’au dernier jour de notre vie sur la terre.

Jean-Paul II