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« Priez avec nous, je vous en supplie, vos prières nous sont d’un grand secours » Archevêque d’Alep, mai 2015

AED France

St Mary a Tel Nasri en Syrie

« Priez avec nous, je vous en supplie, vos prières nous sont d’un grand secours »
Archevêque d’Alep, mai 2015

St Mary à Tel Nasri en Syrie « Prions pour la paix et la survie de notre peuple. » Mgr Youkhana, 28 mai 2015

Chers amis,

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Nous venons de recevoir un message de Mgr Jeanbart, archevêque d’Alep :

« Je viens de retourner à Alep et j’ai eu la grande tristesse de voir notre archevêché détruit et notre cathédrale gravement endommagée. Grâce à Dieu, tous mes prêtres sont sortis sains et saufs de cette énième attaque perpétrée par les rebelles, qui ont déjà lancé une pluie d’obus sur cette zone chrétienne de la ville.

Mes prêtres et mes fidèles sont consternés autant que moi-même et depuis deux jours, j’essaie de reprendre mon souffle pour redonner courage à ceux qui sont autour de moi. Cela fait deux semaines que mes collaborateurs essaient de sortir tout ce qui est récupérable pour le mettre à l’abri. Moi-même, j’ai pris soin de mettre en sécurité les archives, les icônes, les manuscrits et tout ce qui était précieux, irremplaçable et important. (…)

Dimanche matin, j’ai tenu à présider une messe de requiem pour l’un de mes collaborateurs qui s’est joint au cortège de nos martyrs, victimes de la violence des djihadistes. Dans l’après-midi j’ai assisté à un récital donné par l’une de nos écoles catholiques. Ma présence a marqué ces deux célébrations et confirmé à nos fidèles que l’Église est très proche de leurs souffrances et de leur joie. Malgré toute ma tristesse et ma désolation, le Seigneur m’a aidé à leur dire des mots pour consoler les cœurs meurtris et raffermir le courage d’autres. Ce soir j’assiste à un récital de chants byzantins dans l’une de nos églises. J’espère que nous ne serons pas épouvantés encore une fois par les tirs de mortiers et les bombes qui nous prennent pour cible depuis Pâques.

Nous sommes en train de payer cher notre présence dans notre cher pays, mais nous savons aussi que l’avenir des nouvelles générations sera bien meilleur une fois la paix rétablie et la liberté retrouvée. Entre-temps les obus continuent à nous tomber dessus chaque jour. Nous ne savons pas au juste quand cette Paix tant souhaitée viendra, mais nous prions le Seigneur de nous l’accorder le plus tôt possible et nous croyons fermement qu’Il va nous la donner, car sa bonté est grande et sa miséricorde ineffable. Priez avec nous, je vous en supplie, vos prières nous sont d’un grand secours. »

Prions pour les chrétiens de Syrie, et le P. Mourad qui vient d’être enlevé par l’État islamiqueIl y a une semaine, le Père Jacques Mourad a été enlevé par l’État islamique à Qaryatayn en Syrie, non loin de Palmyre. Les religieux du monastère de Mar Elias, dont il était le Prieur, sont effondrés. C’est pourquoi je vous écris, chers amis, pour vous demander de continuer sans relâche à prier pour nos frères de Syrie et en particulier pour le Père Mourad.

Marc Fromager
Directeur de l’AED

PS : pour les aider, vous pouvez aussi faire un don, nous avons toujours besoin de vous.
http://promail.givexpert.org/promail/index.php?action=message&l=375&c=2488&m=1244&s=e643d10819e4e254bb587a38d85021bb



Massacre des chrétiens à Bagdad. Témoignage

Massacre des chrétiens à Bagdad. Témoignage.

Chers frères et sœurs de partout,

Nous voulons commencer cette lettre par vous remercier de tous les messages de communion et de solidarité que nous avons reçus. Il y a beaucoup de catastrophes naturelles en ce moment dans le monde qui font des victimes bien plus nombreuses que chez nous, mais la cause n’en est pas la haine, c’est ce qui fait toute la différence.

Notre église est habituée aux coups durs, mais c’est la 1re fois que c’est aussi violent et sauvage et surtout la 1re fois que cela se passe a l’intérieur de l’église, d’habitude ils font exploser des bombes dans la cour des églises.

L’église Notre Dame du Salut est une des 3 églises syriaques catholiques de Bagdad, la plupart des gens qui la fréquentent sont des chrétiens de rite syriaque originaires de Mossoul ou des 3 villages chrétiens syriaques proches de Mossoul : Qaraqosh dont sont originaires nos ps. Virgin Hanan et Rajah Nour, Bartolla et Bashiqa dont est originaire ps. Mariam Farah. Grâce à Dieu aucune d’elles n’a eu de parents proches tués ou blessés gravement.

L’église a été prise d’assaut le dimanche 31 octobre après midi, juste après le sermon du Père Tha’er qui célébrait la messe. Le père Wasim, qui est le fils d’une cousine de ps. Lamia, confessait au fond de l’église près de la porte d’entrée, le père Raphael était dans le chœur. Les attaquants étaient de très jeunes gens (14-15 ans) non masqués, armés de mitraillettes, de grenades et ils portaient une ceinture explosive. Ils ont tout de suite ouvert le feu, tuant le père Wasim qui tentait de fermer la porte de l’église, puis ils ont tiré aveuglément après avoir ordonné aux gens de se jeter à terre, de ne plus bouger et de ne pas crier. Certaines ont réussi a envoyer des messages par téléphone portable pour donner l’alerte, mais après les assaillants tiraient sur toute personne qu’ils voyaient utiliser son portable. Le père Tha’er qui continuait à célébrer a été tué à l’autel dans ses habits sacerdotaux, son frère et sa mère ont été tués également.

Après, cela a été le massacre, nous ne pouvons pas raconter tout ce que les gens nous ont dit, même les enfants qui criaient étaient tués. Certaines personnes s’étaient réfugiées dans la sacristie en barricadant la porte, mais ils sont montes sur la terrasse de l’église et ont jeté des grenades par les fenêtres de la sacristie qui sont en hauteur.

Tout ceci laisse penser que c’était une attaque bien préparée et qu’ils avaient eu de l’aide à l’extérieur, comment ont-ils pu forcer le barrage de police (dans la rue qui va à l’église) et connaître le chemin de la terrasse etc.. ?

Ils ont mitraillé également les appareils d’air conditionné pour que le gaz en s’échappant asphyxie les gens qui étaient proches.

Ils ont mitraillé la Croix en se moquant et en disant aux gens : “ dites-lui de vous sauver “, ils ont aussi prié l’appel à la prière : Allah akbar, la ilah illallah… Et à la fin quand l’armée a été sur le point d’entrer, ils se sont fait exploser.

L’armée et les secours ont mis presque 2 heures à arriver, ainsi que les Américains qui survolaient en hélicoptère, mais l’armée n’est pas entraînée à gérer ce genre de situation et ils ne savaient pas bien quoi faire. Pourquoi ont-ils mis si longtemps à arriver ?

Tout s’est terminé vers 10 h 30 – 11h du soir, cela a duré très longtemps et nous pensons que beaucoup de personnes sont mortes suite à l’hémorragie de leurs blessures.

Après, les blesses ont été emmenés dans différents hôpitaux et les morts a la morgue. Les gens ont commencé à arriver pour savoir ce qui s’était passé et prendre des nouvelles de leurs proches, mais l’église était interdite d’accès et les gens ont commencé à aller d’hôpital en hôpital à la recherche de leurs proches , nous avons vu des gens qui ont cherché leur proche jusqu’à 4 heures du matin pour finalement le découvrir à la morgue.

Le lendemain ont eu lieu les obsèques dans l’église chaldéenne voisine, l’église était bondée, c’était très impressionnant, il y avait 15 cercueils alignés dans le chœur, les autres victimes ont été enterrées dans leur village ou séparément, selon les cas.

Des représentants de toutes les communautés chrétiennes ainsi que du gouvernement étaient là, notre patriarche a parlé ainsi que le porte-parole du gouvernement et un religieux, chef d’un parti islamique (Moammar el Hakim).

La prière a eu lieu dans une grande dignité et sans manifestations bruyantes. Le père Saad, responsable de cette église avait aidé les gens à prier à mesure qu’ils arrivaient, avant que ne commence la cérémonie.

Les 2 jeunes prêtres ont été enterrés dans leur église dévastée, il y a un cimetière sous l’église, avant d’être enterrés on a fait entrer les cercueils dans l’église pour qu’ils lui fassent leurs adieux.

Au début, nous ne savions rien des victimes, nous ne connaissions personne directement, sauf le père Raphaël, prêtre très âgé, nous sommes allées à cet hôpital pour le visiter et visiter les blessés qui y étaient. Ce sont les familles qui nous conduisaient de chambre en chambre ainsi que les cadres de l’hôpital qui nous indiquaient les blessés. Par hasard tous étaient des femmes ou des jeunes filles, toutes blessées par balle, ce n’est pas comme dans une explosion ou on peut se faire arracher un bras ou une jambe. Nous sommes restées à côté d’eux sans parler beaucoup, c’était eux qui parlaient ou leur famille, chacun revivait son histoire en nous la racontant. Comme l’attaque a eu lieu un Dimanche à la messe, des membres d’une même famille ont été tués ou blessés, certains en protégeant leurs enfants. Nous avons été frappés par leur calme et leur foi quand ils racontaient, nous sentions que c’était des gens revenus d’un autre monde et qu’à ce moment-là, plus rien ne comptait que la rencontre proche avec le Seigneur, ils ne pensaient plus à rien et priaient seulement, et cela a duré 5 heures…

Le Vendredi après midi les jeunes de plusieurs paroisses sont venus pour aider à déblayer et nettoyer un peu, et le Dimanche suivant le 7 Novembre tous les prêtres syriens et chaldéens de Bagdad qui étaient libres ont célébré la messe dans cette église vide et dévastée sur une table de fortune, il y avait peu de monde car cette messe n’avait pas été annoncée, nous n’y sommes pas allées car nous ne l’avons pas su, c’était très émouvant.

Il y a un sursaut de foi et de détermination surtout chez les prêtres restant à Bagdad qui disent : ils veulent nous chasser et nous exterminer mais nous sommes là et nous resterons, depuis quatorze siècles vous n’avez pas pu en finir avec nous. L’histoire des chrétiens d’Iraq est une longue histoire de persécutions, de martyrs, de chrétiens chassés et déplacés.

Nous pensons à la phrase du psaume 69 : « Plus nombreux que les cheveux de la tête, ceux qui me haïssent sans cause » et nous pensons surtout à Jésus, haï sans raison, alors qu’il passait en faisant le bien.

Nous terminons cette lettre avec le cri d’un enfant de 3 ans qui a vu tuer son père et qui criait : « ça suffit, ça suffit », avant d’être tué lui aussi ; oui vraiment avec notre peuple, nous crions aussi : ça suffit.

Vos petites sœurs de Bagdad Alice et Martine.