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Baptême du Seigneur – Homélie de Monseigneur François Garnier

11/01/2015, Baptême du Seigneur
Homélie de la messe à Cambrai par Monseigneur François Garnier
Que le Christ réveille notre baptême !

Chers amis, avec le baptême du Christ, le temps liturgique de Noël s’achève. Il nous a donné trois bonnes nouvelles.

La première ? Celle de la nuit de Noël : le Fils de toute éternité descend de son ciel. Il renonce à tous ses avantages de Dieu, à tous ses privilèges de Dieu. En accord avec le Père et l’Esprit, il prend sans tricher un vrai corps d’homme, un vrai cœur d’homme, un véritable esprit d’homme, une véritable liberté d’homme. Il vient nous montrer ce que c’est qu’être vraiment homme. Il vient courir après les prodigues que nous sommes tous. Saint Paul dira qu’il se fait le serviteur et même l’esclave de chacun de nous. Il vient de loin pour nous sauver de près. C’est cela que nous avons fêté le 25 décembre.
La seconde bonne nouvelle est celle de dimanche dernier, celle de l’Épiphanie ; nous avons compris que Jésus ne venait pas seulement pour sauver son peuple, le peuple juif, mais qu’il venait pour tout le monde, tous les peuples, y compris pour les païens les plus lointains, symboliquement représentés par ces mystérieux mages, savants venus d’Orient. C’est la deuxième bonne nouvelle de Noël.

Et aujourd’hui, c’est la troisième ! L’Église fête le Baptême de Jésus. Jésus plonge de l’immensité du ciel jusqu’à nos pieds pour nous appeler à une vie nouvelle. À la suite du baptême du Christ, les apôtres baptiseront « au nom du Père, et du Fils et de l’Esprit Saint ». Nous voilà provoqués à appartenir à la Trinité. Nous voilà provoqués à vivre entre nous la qualité de relation qu’il y a entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Avons-nous compris la grandeur de notre vocation de baptisés ? Cela est plus nécessaire que jamais dans la situation de notre Église catholique en France. Nous la connaissons bien, cette situation ; nous multiplions les prières pour le réveil des vocations de prêtres, de religieux, de religieuses et de consacré(e)s, et nous avons bien raison de le faire ; mais l’épreuve que nous traversons, avec désormais un tout petit nombre de prêtres, un très petit nombre de diacres, un trop petit nombre de consacré(e)s sera longue. Du coup, tous les baptisés sont provoqués à réveiller leur responsabilité, une responsabilité qui n’aurait jamais dû s’endormir.

Les baptisés sont responsables dans le monde. Ils se méfient de toutes les lumières artificielles, de tous les vendeurs de rêves, de tous les chefs de sectes. Ils ne se laissent pas manipuler par les modes passagères, les opinions majoritaires, les publicités et les sondages. Comme Jésus, les baptisés questionnent l’argent : il peut être volé aux pauvres. Ils questionnent le pouvoir : il peut servir plus à celui qui l’a qu’à ceux qu’il doit servir. Ils questionnent même la religion : toutes les prières peuvent devenir si vite hypocrites…
Comme Jésus, ils défendent la vie humaine, surtout les vies fragiles : même celles embryonnaires ou vieilles qui peinent à vivre dans les longues années de la fin de vie. Celle aussi de toutes les personnes handicapées ou malades. Même celle du criminel…

Comme Jésus, les baptisés savent qu’aimer c’est parfois affronter ; mais ils le font sans vouloir écraser, sans prendre le risque de mépriser. Comme Jésus, les baptisés renoncent au donnant-donnant, coup pour coup, œil pour œil et dent pour dent : ils n’attendent pas d’être aimés pour continuer d’aimer et de servir. Comme Jésus, s’ils connaissent « l’heure » de la croix, les baptisés essaient de la vivre sans blasphémer contre Dieu ni haïr ceux qui les font souffrir.

Comme Jésus, enfin, les baptisés n’imposent jamais leur foi, mais ils ne peuvent renoncer à la proposer ; cette foi, ils la renouvellent dans le cœur à cœur avec le Christ, dans leur prière et les sacrements de l’Église, dans leur attachement à la célébration de l’Eucharistie du dimanche, pour vivre autrement avec l’Esprit de Jésus la semaine qui s’ouvre. À l’inverse des footballeurs qui s’entraînent pendant toute la semaine pour jouer le dimanche, les baptisés s’entraînent pendant une heure chaque dimanche pour vivre toute la semaine de l’Esprit Saint de leur baptême. Cette foi, elle grandit dans l’écoute de la seule parole qui ne s’use pas, celle de l’Évangile. Oh oui, les baptisés se savent fragiles mais uniques aux yeux de Dieu. Ils savent que chacun d’eux est précieux pour le Christ, que chacun d’eux est chargé de mission. Ils sont les vrais baptisés dont le monde a tant besoin… Ils sont vous, chacun de vous, ils sont nous tous !
Que l’Esprit Saint réveille aujourd’hui notre baptême !