Peut-on ne pas l’aimer – St Pierre Chrysologue

      Nous nous demandons souvent pour quelle raison le Christ fait ainsi son entrée dans le monde des hommes, qui va être le sien. Est-ce pour savoir par expérience l’exiguïté du sein maternel? pour subir la violence de l’enfantement? pour supporter d’être lié par des langes? pour endurer une humble origine? pour apprendre à se procurer avec des larmes l’aliment du nourrisson? pour connaitre en tous leurs détails la croissance et la dépendance de l’enfant? Celui dont le vif désir était d’apporter la grâce, de chasser la crainte, d’attirer l’amour, comment donc pouvait-il venir?

      L’ordre naturel dans son ensemble enseigne le pouvoir d’un bébé et son attente. La petite enfance! Il n’est pas de sauvagerie dont elle triomphe! de cruauté qu’elle n’adoucisse! d’inhumanité qu’elle ne retienne! de fureur qu’elle ne modère! de puissance qu’elle ne désarme! de roideur qu’elle n’amollisse! de dureté qu’elle ne détende!

      Que réclame-t-elle, sinon un peu d’amour? Y a-t-il tant soi peu d’affection qu’elle ne prenne de force? Son charme l’impose! Peut-on ne pas l’aimer? Les pères savent, les mères sentent qu’il en est bien ainsi; tous en font l’expérience; les entrailles humaines l’attestent. C’est pourquoi il a voulu naître, celui qui a voulu être aimé et non craint. Et pourtant, voyez de quel profit aux yeux du méchant (Hérode), a été cet âge tendre, caressant, aimant et aimé.

S. Pierre Chrysologue (+450)

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