Croyant mais pas pratiquant? – Abbé Bernard Scher

Lundi dernier, lors de la première réunion du C.I.P. (Conseil Inter Paroissial – 19 personnes de la ‘Communauté de Paroisses St Benoît de Bouzonville’ étaient présentes), nous avons partagé et réfléchi à partir de l’expression que l’on entend souvent : «Je suis croyant, mais pas pratiquant», et nous nous sommes demandé ce que cela signifiait.
Dans l’Évangile de ce jour, Jésus nous pose la question directement : «Pour vous, qui suis-je ?» Il faut le reconnaître : aujourd’hui la FOI ce n’est plus une préoccupation pour beaucoup, même pas pour un certain nombre de chrétiens. Des théologiens se sont demandé : «Le christianisme va-t-il mourir ?» Et des prêtres disent parfois, avec un brin d’humour : «Sommes-nous les derniers des mohicans ?»

Les effectifs des catholiques, en France et ailleurs sont en baisse, tous les sondages le révèlent. Il y a de moins en moins de monde à l’église, mais qu’est-ce que cela signifie ? Saint Augustin (5e s.) disait déjà : «Beaucoup, qui se croient dedans, sont dehors et beaucoup qui se croient dehors, sont dedans.»

A la lumière des textes de ce 24ème dimanche du temps ordinaire, faisons le point de notre situation : La question fondamentale, posée à tout chrétien, est cette demande de Jésus : «Pour vous, qui suis-je ?» Jésus se rendait bien compte qu’Il était mal perçu par beaucoup de ses contemporains et Il fait un « sondage d’opinions ». Il se rendait compte que les foules lui prêtaient des visages divers; mais la plupart ne voyaient pas en Lui le Messie attendu par le Peuple Juif.
Si l’Église d’aujourd’hui est en perte de vitesse c’est peut être parce qu’elle n’a pas su ‘marcher derrière le Christ en portant sa croix’. Trop longtemps (et peut-être aujourd’hui encore) elle était une puissance qui imposait son autorité aux rois, aux gouvernants, aux peuples et aux fidèles. Nous, les chrétiens, pour être témoins, nous devons être ceux qui marchent derrière le Christ-serviteur en portant leur croix; être des hommes d’action qui avancent; je ne possède pas la foi, je la vis. Comme nous le dit saint Jacques dans la 2ème lecture : «Si quelqu’un prétend avoir la foi alors qu’il n’agit pas à quoi cela sert-il ? Tu prétends avoir la foi, moi je la mets en pratique… C’est par mes actes que je te montrerai ma foi.»

Cet Évangile que nous lisons régulièrement, devrait être capable d’attirer les hommes et les femmes de bonne volonté; il le fera à condition ‘Que nous le vivions le plus possible et que nous ne l’obscurcissions pas par des pratiques, des regrets, des nostalgies, des restaurations, qui lui feraient perdre de sa force d’attrait’ (Confession d’un cardinal – d’Olivier Le Gendre). L’Église n’a pas à faire de grands discours, à semer de belles paroles, ou pas uniquement, car cela peut n’être qu’une façade. Un chrétien vérifie sa foi dans ses comportements, en famille, au travail, dans la paroisse. C’est ce que font tous ces mouvements et services d’Église qui se présentent aujourd’hui. Ce sont des enfants, des jeunes, des adultes, des couples qui partagent leur foi en équipe et qui essaient de la vivre dans leurs relations quotidiennes. «C’est par leurs actes qu’ils montrent leur foi» . Et, dans notre Communauté il y a encore des témoins discrets d’une foi vivante qui s’épanouit en services généreux, qui donnent du temps, qui accueillent, aident et encouragent.

Notre époque a un besoin pressant de ces témoins d’une foi vivante, de personnes qui n’aient pas peur de reconnaître en Jésus Celui qui les fait vivre et qui leur montre le chemin, même s’il est parfois dur. Si nous étions vraiment témoins, si les chrétiens vivaient une foi authentique, les difficultés que l’Église traverse, ne seraient plus insurmontables et le christianisme ne mourrait certainement pas.

 » Pour toi, qui suis-je ? » Que vais-je répondre à cette question du Christ ?
AMEN

Abbé Bernard Scher
Communauté de Paroisses St Benoît de bouzonville

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