Ceux et celles que nos contemporains adulent aujourd’hui (et parfois même ils les adorent) ce sont les stars du spectacle, les vedettes du sport, les ténors du politique, et autre personnage en vue. On leur voue une sorte de culte, on recherche avidement leurs « reliques », et certains les prennent comme modèles.
Dans un autre domaine, la « piété populaire » se tourne vers tel ou tel saint ou sainte qui ont marqué leur temps, qui ont une réputation de ‘guérisseur’, ou que l’on invoque pour les causes désespérées, comme sainte Rita ou d’autres. Beaucoup de chrétiens ont leur saint favori auquel ils recourent régulièrement. Et, aujourd’hui encore, François d’Assise, Bernadette, Thérèse de Lisieux et tant d’autres, plus ou moins connus, ont un rayonnement réel pour notre monde actuel.
Il y a aussi « les saints modernes », devant lesquels nous sommes en admiration et que nous voudrions imiter à juste titre : un Jean XXIII, un abbé Pierre, une sœur Emmanuelle, et bien d’autres, parfois moins connus ou anonymes, qui se donnent entièrement aux autres.
Aujourd’hui, en cette fête de la TOUSSAINT, nous célébrons tous ces anonymes qui n’ont pas leur nom sur le calendrier, ni leur statuts dans les églises : ces parents qui se sont sacrifiés pour leurs enfants, telles personnes qui se dévouent corps et âmes pour les plus pauvres, ces gens engagés dans la société, qui se battent de toutes leurs forces contre les injustices et pour la paix. Nous connaissons tous et toutes telle personne dont nous disons : « Ca c’est un saint…. » Oui, aujourd’hui nous fêtons tous ces hommes, ces femmes qui ont mis leur vie au service de Dieu et de leurs frères, discrètement, sans se faire remarquer. Dieu a réalisé des merveilles à travers eux parce qu’ils étaient ouverts à Son Amour. Grâce à eux, nous savons que la sainteté est à la portée de tout le monde et que nous ne devons jamais désespérer de l’homme.
Une des caractéristiques importantes de la sainteté est la JOIE. Une dizaine de fois Jésus emploie ces mots « Heureux… Réjouissez-vous… » Quelqu’un disait : « Un saint triste est un triste saint », et combien c’est vrai cela ! Bien sûr, ils sont affrontés aux mêmes difficultés que nous et peut-être même à de plus grandes. Mais ils prennent au sérieux le message évangélique et ils essaient de respecter son étrange charte du bonheur, qui est à l’opposé de celui que nous propose le monde moderne : ils essaient de vivre la pauvreté du cœur dans un monde qui exalte la volonté du pouvoir et de l’avoir. Ils proposent la douceur comme antidote à la violence et aux guerres ; ils sont capables de pleurer dans un monde qui ne fait pas de sentiments ; avides de justice au milieu des magouilles de toutes sortes, dont le monde actuel est friand, ils débordent de miséricorde, alors que l’on prêche la loi de la jungle et du plus fort ; par amour, pour la justice et pour la paix, ils sont même capables de donner leur vie.
Leur bonheur n’est pas de la naïveté, ni une tranquillité béate. Ils ne restent pas là à ‘se tourner les pouces’, mais ils se donnent à fond, parce qu’ils ont trouvé la source du VRAI BONHEUR en Dieu et dans les autres. Faisons-nous partie de ceux-là ?
Si c’est le cas, si nous essayons de vivre l’une ou l’autre de ces béatitudes, nous pouvons dire que nous sommes sur le chemin vers la SAINTETÉ.
Comme nous, ceux que nous fêtons solennellement aujourd’hui, ne sont pas nés saints ; ils le sont devenus en marchant sur la route parfois ‘cahoteuse’, à la suite du Christ, au service de leurs frères et sœurs.
Où se trouve ma vraie joie ? Est-ce que je suis heureux, en sachant reconnaître et en semant autour de moi les petites joies de chaque jour ?
Que les saints et les saintes soient pour nous des amis, des guides et des soutiens qui nous conduisent vers Dieu.
AMEN.
Abbé Bernard Scher