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La sainteté intérieure – St. François d’Assise

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      Frères, gardons-nous donc de tout orgueil et de toute vaine gloire. Gardons-nous de la sagesse de ce monde et de la prudence égoïste. Car celui qui est esclave de ses tendances égoïstes met beaucoup de volonté et d’application à tenir des discours, mais beaucoup moins à passer aux actes: au lieu de rechercher la religion et la sainteté intérieures de l’esprit, il veut et désire une religion et une sainteté extérieures bien visibles aux yeux des hommes. C’est d’eux que le Seigneur dit: Je vous le dis en vérité, ils ont reçu leur récompense. (Mt 6, 2).

      Tous les biens, rendons-les au Seigneur Dieu Très Haut et souverain; reconnaissons que tous biens lui appartiennent; rendons-lui grâces pour tout, puisque c’est de lui que procèdent tous les biens. Lui, le Dieu Très Haut et souverain, le seul vrai Dieu, qu’il obtienne, qu’on lui rende, qu’il reçoive tous les honneurs et respects, toutes louanges et bénédictions, toute reconnaissance et toute gloire, car tout bien est à lui qui seul est bon.

S. François d’Assise (+ 1226)

 

Le temple de Dieu, c’est vous – S. Augustin d’Hippone

      La solennité qui nous réunit est la dédicace d’une maison de prière. La maison de nos prières, nous y sommes; la maison de Dieu, c’est nous-même. Si la maison de Dieu, c’est nous-mêmes, nous sommes construits en ce monde, pour être consacrés à la fin du monde. L’édifice, ou plutôt sa construction, se fait dans la peine; la dédicace se fait dans la joie.

      Ce qui se passait, quand s’élevait cet édifice, c’est ce qui se passe maintenant quand se réunissent ceux qui croient au Christ. Lorsque l’on croit, c’est comme lorsque l’on coupe du bois dans la forêt et que l’on taille des pierres dans la montagne; lorsque les croyants sont catéchisés, baptisés, formés, c’est comme s’ils étaient sciés, ajustés, rabotés par le travail des charpentiers et des bâtisseurs.

      Cependant, on ne fait la maison de Dieu que lorsque la charité vient tout assembler. Si ce bois et cette pierre n’étaient pas réunis selon un certain plan, s’ils ne s’entrelaçaient pas de façon pacifique, s’ils ne s’aimaient pas, en quelque sorte, par cet assemblage, personne ne pourrait entrer ici.

      Le Christ Seigneur, parce qu’il voulait entrer et habiter en nous, disait, comme pour former son édifice: Je vous donne un commandement nouveau, c’est que vous vous aimiez les uns les autres (Jn 13, 14).

S. Augustin d’Hippone (+430)



Dans la compagnie des saints – Jean-Paul II

      Dans une attitude de profonde adoration pour la Très Sainte Trinité, nous nous unissons à tous les saints qui célèbrent éternellement la liturgie céleste pour répéter avec eux l’action de grâce à notre Dieu, pour les merveilles qu’il a accomplies dans l’histoire du salut.

      Louange et action de grâces à Dieu pour avoir suscité dans l’Église une multitude immense de saints, que personne ne peut compter (cf. Ap 7, 9). Une multitude immense: non seulement les saints et les bienheureux que nous fêtons au cours de l’année liturgique, mais également les saints anonymes, que lui seul connaît. Des mères et des pères de famille qui, en se dévouant quotidiennement à leurs enfants, ont contribué de façon efficace à la croissance de l’Église et à l’édification de la société; des prêtres, des soeurs et des laïcs qui, comme des cierges allumés devant l’autel du Seigneur, se sont consumés dans le service envers leur prochain qui avait besoin d’aide matérielle et spirituelle; des missionnaires, hommes et femmes, qui ont tout quitté pour apporter l’annonce évangélique dans toutes les parties du monde. Et la liste pourrait se poursuivre encore.

Jean-Paul II      



L’engagement chrétien – Georges Bernanos

      S’engager tout entier… Vous le savez, la plupart d’entre nous n’engagent dans la vie qu’une faible part, une petite part, une part ridiculement petite de leur être, comme ces avares opulents qui passaient, jadis, pour ne dépenser que le revenu de leurs revenus. Un saint ne vit pas du revenu de ses revenus, ni même seulement de ses revenus, il vit sur son capital, il engage totalement son âme. C’est d’ailleurs en quoi il diffère du sage qui sécrète sa sagesse à la manière d’un escargot sa coquille, pour y trouver un abri. Engager son âme! Non ce n’est pas là simple image littéraire. […]

      On se dit avec épouvante que des hommes sans nombre naissent, vivent et meurent sans s’être une seule fois servis de leur âme, réellement servis de leur âme, fût-ce pour offenser le Bon Dieu. Qui permet de distinguer ces malheureux? En quelle mesure n’appartenons-nous pas nous-mêmes à cette espèce? La damnation ne serait-elle pas de se découvrir trop tard, beaucoup trop tard, après la mort, une âme absolument inutilisée, encore soigneusement pliée en quatre, et gâtée comme certaines soies précieuses, faute d’usage? Quiconque se sert de son âme, si maladroitement qu’on le suppose, participe aussitôt à la vie universelle, s’accorde à son rythme immense, entre de plain-pied, du même coup, dans cette communion des saints, qui est celle de tous les hommes de bonne volonté auxquels fut promise la paix.

Georges Bernanos (+ 1948)



« Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers! » – Benoît XVI

      « Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers! ». Cela signifie: la moisson est là, mais Dieu veut se servir des hommes, afin qu’elle soit apportée dans le grenier. Dieu a besoin d’hommes. Il a besoin de personnes qui disent: Oui, je suis disposé à devenir ton ouvrier pour la moisson, je suis disposé à apporter mon aide afin que cette moisson qui mûrit dans le coeur des hommes puisse véritablement entrer dans les greniers de l’éternité et devenir communion divine éternelle de joie et d’amour. « Priez le maître des moissons! ». Cela veut dire également: nous ne pouvons pas simplement « produire » des vocations, celles-ci doivent venir de Dieu. Nous ne pouvons pas, comme c’est peut-être le cas pour d’autres professions, à travers une propagande bien ciblée, à travers, pour ainsi dire, des stratégies adaptées, simplement recruter des personnes. L’appel, partant du coeur de Dieu, doit toujours trouver la voie du coeur de l’homme. Et toutefois: précisément afin qu’il parvienne au coeur des hommes, notre collaboration est également nécessaire. Le demander au maître des moissons signifie certainement avant tout prier pour cela, secouer notre coeur et dire: « Fais-le, s’il te plaît! Réveille les hommes! Allume en eux l’enthousiasme et la joie pour l’Evangile! Fais-leur comprendre que c’est le trésor plus précieux que tous les autres trésors, et que celui qui l’a découvert doit le transmettre! ».

      Nous ébranlons le coeur de Dieu. Mais prier Dieu ne se réalise pas seulement à travers des prières; cela implique également une transformation de la parole en action, afin que de notre coeur en prière jaillisse également l’étincelle de la joie en Dieu, de la joie pour l’Evangile, et qu’elle suscite en d’autres coeurs la disponibilité à prononcer leur « oui ». En tant que personnes de prière, emplies de Sa lumière, nous atteignons les autres et, en les faisant participer à notre prière, nous les faisons entrer dans le rayon de la présence de Dieu, qui agira ensuite. Dans ce sens, nous voulons toujours prier à nouveau le maître de la moisson, secouer son coeur et, avec Dieu, toucher dans notre prière également le coeur des hommes, afin que, selon sa volonté, Il y fasse mûrir le « oui », la disponibilité; la constance, à travers toutes les confusions de l’époque, à travers la chaleur de la journée mais également l’obscurité de la nuit, de persévérer fidèlement dans le service, tirant constamment précisément de lui la conscience que, – bien que laborieux – cet effort est beau, il est utile, car il conduit à l’essentiel, c’est-à-dire à obtenir que les hommes reçoivent ce qu’ils attendent: la lumière de Dieu et l’amour de Dieu.

BENOÎT XVI
Rencontre avec les Prêtres et les Diacres – Freising 14 septembre 2006



Pauvres de Jésus Christ – Père Robert Guelluy

      Être les pauvres de Jésus Christ, savoir qu’on lui doit tout, et vivre comme tenant tout de Lui. C’est savoir qu’en Jésus Christ, Dieu nous aime le premier, ne cesse à tout instant d’être celui qui nous aime le premier, celui qui en nos vies a constamment l’initiative. C’est comprendre – et de façon très concrète, dans la réalité quotidienne – que son oeuvre en nous compte bien plus que notre oeuvre à lui offrir.

      J’ai appris à dire: « Mon Dieu, j’accueille ma journée, je la reçois avec tout ce qu’elle m’apporte » bien plus que « Je vous offre ma journée ». Ce que je puis offrir n’est jamais que l’esprit de pauvreté avec lequel je reçois. Être un pauvre de Jésus Christ, c’est ne plus être propriétaire de mérites à faire valoir. Dieu nous aime librement, et non parce que nos titres l’y contraignent. Sa liberté éveille la nôtre; son don appelle notre consentement; la sainteté n’est rien d’autre que la rencontre de ces deux libertés.

      Vivre en pauvre de Jésus Christ, c’est vivre détendu. Au lieu de nous raidir pour conquérir une grandeur à la force des poignets, il nous est demandé de prendre conscience d’une affection, de nous laisser façonner par une tendresse. La fidélité aux rudes exigences que la foi en cet amour comporte se fera alors d’elle même, en quelque sorte.

Père Robert Guelluy (+ 1999)



Ce que l’Église offre – Mgr Daniel Pezeril

      L’Église de Jésus n’a rien d’autre à vous offrir que la foi, la charité et l’espérance des premiers disciples. Ceux-ci vivaient à une époque plus dure encore que la nôtre. Ils étaient de petites gens. Ils n’ont pas transformé le monde à la manière des politiques, des savants ou des philosophes. Ils ont fait bien davantage, ils lui ont annoncé le salut, parce que l’Évangile leur a appris ce qu’il y a dans le coeur de l’homme.

      Mes frères, vous êtes aujourd’hui le sel de la terre. C’est à vous de révéler, à ceux qui vous entourent et pour qui tout est fade, le goût divin de l’existence humaine. Nul ne peut vous remplacer. Vous êtes le peuple de Dieu, vous apporterez votre témoignage à la manière du peuple, sans bruit, ensemble, fraternellement.

      L’Église de Jésus vous appelle chacun à devenir des saints. C’est à ce signe d’abord que vous la reconnaîtrez. Elle vous demande d’être pauvres, miséricordieux, véridiques, purs, artisans de paix et de justice. À temps et à contretemps, elle vous rappelle que rien dans vos coeurs n’est au-dessus de l’amour de Dieu. Et elle vous dit qu’elle ne peut rien pour vous en dehors de Jésus, le Fils de Dieu fait homme, mort pour tous, ressuscité le troisième jour, dont l’Esprit nous fait revivre et qui, de toute race, de toute nation, de toute classe, nous rassemble dans le partage de son corps et de son sang, avant qu’il ne revienne à la fin du monde.

      Telle est l’Église aujourd’hui

Mgr Daniel Pezeril (+ 1998)



Ne pas juger – B. Charles de Foucauld

      Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés; ne condamnez pas […]. Pardonnez et Dieu vous pardonnera […]. Ne regardez pas la paille de votre frère mais votre poutre (Lc 6, 37.42).

Tous ces commandements sont des commandements de charité et ils ne peuvent vous étonner si vous comprenez bien une fois pour toutes que tous les hommes ne font ensemble qu’une seule et même famille dont Dieu est le Père commun, créateur, conservateur, Père de tous de la même manière: il aime tous les hommes incomparablement plus que le père le plus tendre n’aime ses enfants… et il veut que parmi ces fils et ces filles tous sans exception si tendrement aimés règne cette concorde, cet amour, cette tendresse, au besoin cette indulgence et cette douceur toujours prête à céder. Gardez toujours toutes ces prescriptions et ayez au fond de l’âme gravé profondément ce principe, d’où toutes découlent, que tous les hommes sont vraiment, véritablement frères en Dieu, leur Père commun, et qu’il veut qu’ils se regardent, s’aiment, se traitent en tout comme les frères les plus tendres.

B. Charles De Foucauld