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Adoration Eucharistique (mp3) – Colloque Adoratio2011

GRÂCES PAROISSIALES

FRUITS DE L’ADORATION PERPÉTUELLE POUR NOUS, LA PAROISSE, L’ÉGLISE ET LE MONDE

(conférence pour le colloque Adoratio2011, juin 2011, père Florian)

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Introduction

« Loué et remercié soit à chaque instant le Très Saint et Divin Sacrement ! ». C’est avec cette prière de louange que je souhaite bénir notre Seigneur Jésus, vraiment présent dans le sacrement de son Amour. L’Eucharistie est notre vrai trésor sur terre. Rien n’est plus beau, rien n’est plus grand, rien n’est plus admirable que cette présence du Ressuscité, qui sans quitter le ciel, vient dresser sa tente parmi nous, pour nous enrichir de sa grâce et nous revêtir de sa gloire. Combien de paroisses, en se prosternant devant le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, ont non seulement expérimenté son amour qui donne sens à notre existence, mais plus encore ont fait descendre sur l’Église et le monde quelques rayons de la lumière du Christ ressuscité.

Le Saint-Père Benoît XVI, dans une catéchèse sur sainte Julienne de Cornillon a affirmé sa joie de constater « dans l’Eglise un « printemps eucharistique » : combien de personnes demeurent en silence devant le Tabernacle, pour s’entretenir dans une conversation d’amour avec Jésus ! Il est réconfortant de savoir que beaucoup de groupes de jeunes ont redécouvert la beauté de prier en adoration devant le Très-Saint-Sacrement (…). Je prie afin que ce « printemps » eucharistique se répande toujours davantage dans toutes lesparoisses » (Audience générale de Benoit XVI sur sainte Julienne de Cornillon, 17 novembre 2010).

D’une part, un nombre grandissant de paroisses enracine la vie pastorale dans l’Eucharistie célébrée, puis continuellement adorée. L’adoration devient ainsi une source inépuisable de sainteté pour les fidèles. D’autre part, comme le rappelait le bienheureux Jean-Paul II, « malheureusement, à côté de ces lumières, les ombres ne manquent pas. Il y a en effet des lieux où l’on note un abandon presque complet du culte de l’adoration eucharistique. À cela s’ajoutent, dans tel ou tel contexte ecclésial, des abus qui contribuent à obscurcir la foi droite et la doctrine catholique concernant cet admirable Sacrement. Parfois se fait jour une compréhension très réductrice du Mystère eucharistique. Privé de sa valeur sacrificielle, il est vécu comme s’il n’allait pas au-delà du sens et de la valeur d’une rencontre conviviale et fraternelle »(Jean Paul II, Lettre encyclique, ‘Ecclesia de Eucharistia’, n. 10, 2003).

Si l’adoration du Saint-Sacrement est tombée en désuétude pendant quelques décennies, c’est en partie parce que celle-ci était considérée, principalement, comme intimiste, personnelle, privée. Aujourd’hui, grâce à la contribution pastorale de Jean-Paul II et l’apport théologique de Benoît XVI, l’Eglise ne cesse de rappeler que l’adoration n’est ni une piété personnelle ni une dévotion privée, mais une prière qui élargit le cœur aux dimensions du monde. En touchant le Cœur du Christ, Dieu touche tous les cœurs des hommes. En adorant la sainte Eucharistie, « nous entrons dans ce mouvement de l’amour d’où découlent tout progrès intérieur et toute fécondité apostolique » (Jean-Paul II, Homélie à Montmartre, 1 juin 1980).

Développons quelques unes des grâces perceptibles qui découlent de cette prière contemplative. Toutefois, n’oublions pas que nous « cheminons dans la foi et non dans la vision claire » (2 Co 5, 7). Ainsi les grâces visibles découlant de l’Eucharistie sont comme la pointe de l’iceberg en comparaison des bienfaits spirituels invisibles que le Seigneur prodigue à son Église et au monde. Puisque l’Eucharistie est le mémorial de la Passion du Christ, les fruits de l’Eucharistie découlent directement de la Croix : tout en bouleversant le monde de l’intérieur, le monde visible n’a pas radicalement changé, car nous attendons « un ciel nouveau et une terre nouvelle » (Ap 21, 1).

Mais avant de parler des fruits découlant de l’adoration, rappelons l’essentiel : Le Seigneur est digne d’être adoré pour lui-même, car il est notre Créateur, notre Rédempteur, notre Sanctificateur. Paul VI écrivait : « C’est pour nous un devoir très doux d’honorer et d’adorer dans la sainte hostie, que nos yeux voient, le Verbe incarné qu’ils ne peuvent pas voir et qui, sans quitter le ciel, s’est rendu présent devant nous »(Paul VI, lettre apostolique, ‘Profession de Foi Catholique’, 1968). Adorer Dieu est donc un « doux devoir ». D’abord un « devoir », car c’est le premier commandement : « Tu adoreras ton Dieu, de tout ton cœur, de tout ton esprit, de toute ton âme, voilà le premier commandement » (Mt 22, 36). Toutefois, ce devoir est « doux », car les bienfaits pour l’âme et pour le monde sont innombrables : « Quiconque aborde le vénérable Sacrement avec une dévotion particulière et tâche d’aimer d’un cœur généreux le Christ qui nous aime infiniment, éprouve et comprend à fond, non sans joie intime ni sans fruit, le prix de la vie cachée avec le Christ en Dieu ; il sait d’expérience combien cela vaut la peine de s’entretenir avec le Christ ; rien de plus doux sur terre, rien de plus apte pour avancer dans les voies de la sainteté…» (Paul VI, Lettre encyclique, ‘Mysterium Fidei’, 1965). Même si l’adoration du Saint-Sacrement représentait une démarche pénible, ou même si aucun fruit concret n’en découlait, le Seigneur serait tout de même digne d’être adoré pour lui-même. Ce qui doit motiver notre démarche d’adoration n’est pas d’abord les bienfaits spirituels que nous allons recevoir. Adorer est un acte de justice où l’on reconnaît que Dieu est l’être premier qui donne la vie. Il est l’Alpha et l’Omega. Tout provient de lui, tout subsiste en lui et tout doit retourner à lui. Avant d’envoyer ses disciples en mission, le Christ ressuscité « leur montra ses mains et ses pieds » (Lc 24, 40) avec ses plaies glorieuses, sources de grâce pour l’humanité. Car « ce sont nos souffrances qu’il a portées, ce sont nos douleurs qu’il a supportées et dans ses blessures, nous trouvons la guérison » (Is 53 4-5). Des plaies glorieuses du Christ découlent des fruits spirituels pour l’adorateur, pour l’église et pour le monde. Cet exposé tentera de présenter quelques-unes de ces grâces reçues lorsqu’une communauté paroissiale se mobilise pour adorer le Saint-Sacrement. Les témoignages des curés illustreront cette présentation. Les trois parties aborderont les principaux fruits constatés, d’abord dans la vie des adorateurs, ensuite dans la communauté paroissiale, enfin dans l’Église et le monde. Tous ces fruits découlent du Sacrifice de Jésus sur la Croix, rendu présent dans l’Eucharistie. Ces fruits sont tous profondément liés : en renouvelant le cœur des fidèles, le Seigneur édifie la communauté. Par là, il donne à l’Église des vocations et au monde des apôtres. Chaque vie changée renouvelle l’Église et transforme le monde…

 

GRÂCES PERSONNELLES

Tout d’abord, en venant se prosterner devant le Saint-Sacrement, l’adorateur fait l’expérience de la tendresse de Dieu. Déjà, en Galilée, les foules se pressaient autour Jésus pour l’entendre et le voir accomplir des signes et des prodiges. Pensons à cette femme qui toucha Jésus par sa foi, libérant ainsi sa puissance. Jésus prend conscience de la force qui est sortie de lui et dit : « Qui m’a touché ? » (Mt 5, 30). Notre foi touche le Cœur de Jésus et libère sa puissance et son amour guérissant sur nous, notre famille et le monde entier, chaque fois que nous allons à lui au Saint-Sacrement. Dans le silence de l’adoration, nous répondons à l’invitation de Jésus qui dit aux multitudes : « Venez à moi… », vous tous qui avez soif…, vous tous qui êtes fatigués… Venez vous reposer dans un coin désert… Car de mon sein coulera des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit Saint. Au Saint-Sacrement, Jésus refait nos forces et renouvelle en nous l’espérance lorsque tout semble perdu. Jean-Paul II témoignait : « Il est bon de s’entretenir avec Lui et, penchés sur sa poitrine comme le disciple bien-aimé, d’être touchés par l’amour infini de son cœur. Si, à notre époque, le christianisme doit se distinguer surtout par « l’art de la prière », comment ne pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d’amour, devant le Christ présent dans le Saint-Sacrement ? Bien des fois, j’ai fait cette expérience et j’en ai reçu force, consolation et soutien ! » (Jean Paul II, Lettre encyclique, ‘Ecclesia de Eucharistia’, n. 25, 2003).

Pour mieux évangéliser, l’adorateur doit d’abord se laisser évangéliser. Il doit laisser l’amour miséricordieux du Christ le guérir, le libérer, l’éclairer, le relever. A la question « que fait Jésus au Saint Sacrement ? », le curé d’Ars répondait : « il nous attend ». Là, Jésus voile sa majesté pour que nous osions aller lui parler comme un ami à son ami. Il tempère l’ardeur de son Cœur pour nous faire expérimenter sa douce tendresse. Sur la Croix, Jésus transforme la haine en amour et la mort en vie. De même, dans l’Eucharistie, Jésus opère la même merveille en nous : il change le mal en bien, les ténèbres en lumière, le peur en confiance. Pauline-Marie Jaricot, cet apôtre infatigable de la charité, vivant à Lyon au XIXème siècle, résume cette transformation personnelle qui s’opère dans le cœur des adorateurs qui laissent l’Esprit changer les cœurs de pierre en cœurs de chair : « C’est au pied de vos saints tabernacles que mon cœur desséché par les plus rudes épreuves, a constamment trouvé les forces nécessaires pour en supporter la rigueur. C’est là que mes combats se sont changés en victoires, ma faiblesse en courage, mes tiédeurs en ferveur, mes incertitudes en lumières, ma tristesse en joie, mes obstacles en succès, mes désirs en volonté, mes ressentiments contre le prochain en ardente charité. Tout ce que je sais, je l’ai appris à vos pieds, Seigneur » (Pauline-Marie Jaricot, ‘L’Amour Infini dans la Divine Eucharistie’, Lyon, Impr St Joseph, 2001).

Adorer fidèlement le Saint-Sacrement est ensuite une école de ferveur spirituelle et de fidélité dans la prière. Lorsqu’une paroisse organise l’adoration perpétuelle, chaque paroissien est invité à venir régulièrement adorer une heure par semaine. Cet engagement hebdomadaire comprend plusieurs avantages : avant tout, il aide les paroissiens à rester fidèles à la prière personnelle malgré les temps d’aridité, de sécheresse spirituelle endurés. Un curé témoigne : « Les grands maîtres spirituels soulignent que tout progrès spirituel nécessite une régularité, une fidélité et une ascèse. Le rythme d’une heure d’adoration par semaine nous permet de rentrer dans un emploi du temps hebdomadaire qui convient bien à chacun. Il permet de placer Jésus avant toute activité, comme dans l’évangile de Marthe et Marie, où Jésus nous rappelle, à travers le témoignage de Marie assise aux pieds du Seigneur, qu’une seule chose est nécessaire ou à Gethsémani, quand Jésus demande à Pierre : « Simon tu dors ? Tu n’as pas eu la force de veiller une heure ? » (Mc 14, 38) » (Témoignage du père Michel Pieron, curé de Vichy, 2005).

En s’engageant à adorer une heure par semaine, le paroissien se libère d’une démarche trop sensible ou sentimentale et passe progressivement à une adoration en ‘esprit et en vérité’, une adoration en Église et pour l’Église. On constate souvent qu’après quelques mois d’adoration, des adorateurs disent : « j’arrête l’adoration, parce que je ne ressens plus rien ». Mais Jésus rappelle que le « Père cherche des adorateurs qui adorent en esprit et en vérité » (Jn 4, 23), et non pas des adorateurs motivés uniquement par des grâces sensibles. Ainsi, une chapelle d’adoration accueillant les paroissiens à tour de rôle, constitue une véritable école de fidélité, de ferveur, où la rencontre avec Jésus devient une vraie expérience spirituelle, indépendamment des consolations ressenties… J’insiste sur l’importance de mettre en place une organisation où chaque adorateur est conscient qu’il est gardien du Saint-Sacrement. S’il ne peut se rendre à ce ‘rendez-vous d’amour’, il doit suivre une démarche simple pour trouver un remplaçant. Une équipe de responsables s’organise pour l’aider à cela. Soulignons la dimension ecclésiale de ce type d’organisation : l’adorateur prend le relais d’un autre et laissera, après son heure, la place à un nouvel adorateur. Cette chaine d’adoration incite les adorateurs à rester fidèles, car la présence de l’un encourage l’autre pendant la permutation d’heure en heure, de jour comme de nuit. En outre, il est fortement encouragé d’utiliser un ostensoir traditionnel posé dignement sur un autel, plutôt que d’utiliser un tabernacle avec des volets ou un ostensoir placé derrière une grille ou une vitre blindée… Au lieu de mettre en valeur la présence réelle et de solenniser la démarche d’adoration du Saint-Sacrement, cette forme d’exposition, d’ailleurs nullement recommandée par le magistère et qui pourtant se répand dans tant de paroisses aujourd’hui, a pour conséquence directe un désengagement des adorateurs. Cherchant une solution de facilité qui veut faire l’économie d’une organisation dont l’unique but est de favoriser la fidélité, l’adoration est alors réduite à une simple dévotion privée et non à une prière ecclésiale. Elle n’est plus une prière aux dimensions du monde où chacun veille, à tour de rôle, en Église et pour l’Église. Les adorateurs perdent ainsi le sens de la ‘garde d’honneur’ ou ‘garde d’amour’. Ils se démotiveront très vite et n’auront plus de raison de chercher un remplaçant pour remédier à leurs absences. La chaîne d’adoration sera vite discontinue et petit à petit s’étiolera jusqu’à disparaître. Enfin, une paroisse qui choisit un de ces modes d’exposition, au détriment de l’ostensoir exposé jour et nuit sur un autel, ne pose pas l’acte de foi que le Seigneur attend et par lequel il donne une grâce bien spécifique pour notre Église et notre temps ! « Soyez sans crainte, ayez seulement la foi » (Mc 5, 36).

Rendre « amour pour amour » à Jésus. Saint Pierre-Julien Eymard disait : « J’ai souvent réfléchi sur les remèdes à cette indifférence universelle qui s’empare d’une manière effrayante de tant de catholiques, et je n’en trouve qu’un : l’Eucharistie, l’amour à Jésus Eucharistique. La perte de la foi vient de la perte de l’amour ». L’Eucharistie est le don du Cœur Sacré de Jésus qui va « jusqu’au bout de l’amour » (Jn 13, 1). Jésus manifeste son Cœur aux hommes ; car, les voyant si pauvres en amour, il voulait les enrichir des trésors du Cœur de Dieu. Pour cela, il institue l’Eucharistie, invention de l’amour. Là, Jésus brûle du désir d’être aimé. Son Cœur est « une source intarissable », « une ardente fournaise » (Sainte Marguerite-Marie. Autobiographie, n. 55 et 56). Saint Eymard disait encore : « Au Saint Sacrement, il ne peut être plus aimant ! Et cependant, il n’est pas aimé. Son amour n’est pas apprécié. Il n’est même pas connu, et de très peu des siens même. Il a de bons serviteurs apostoliques, quelques pieux adorateurs de service. Mais qu’il a peu d’épouses ! Même qu’il a peu d’amis, qui le visitent par affection, qui conversent par le cœur, qui sont dévoués pour lui purement ! (Saint Pierre-Julien Eymard, Œuvres complètes, NR 44, 133). En venant adorer fidèlement, le paroissien fait une rencontre authentique dans la foi avec le Christ ressuscité. Il devient disciple de Jésus, selon son invitation : « mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29). Aujourd’hui, Jésus demeure au Saint-Sacrement non seulement pour que nous ayons le même privilège de le rencontrer dans sa personne divine, à l’instar des apôtres qui avaient l’opportunité de le côtoyer tous les jours. Mais plus encore, dans le sacrement de son Amour, Jésus attend de chacun les mêmes élans d’amour, la même affection, les mêmes sentiments, les mêmes dispositions intérieures qu’il reçut des saintes femmes de l’évangile ou des disciples se laissant former par le bon maître. Dans l’Eucharistie, Dieu se donne sans mesure. Il nous invite à la réciprocité, c’est à dire à aimer en retour, de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre force, Jésus dans sa personne divine, qui se rend corporellement présent à nous. Il est le premier pauvre, le premier qui mérite notre amour, le seul qui mérite tout notre cœur…

Comme soulignait le pape Jean-Paul II, « la présence de Jésus dans le tabernacle doit constituer comme un pôle d’attraction pour un nombre toujours plus grand d’âmes pleines d’amour pour lui et capables de rester longuement à écouter sa voix et à entendre presque les battements de son cœur » (Jean-Paul II, Lettre apostolique ‘Mane Nobiscum Domine’, n. 18, 2004). Ecouter ce cœur, c’est rechercher la volonté de Dieu. Dans l’adoration eucharistique, l’adorateur apprend à faire, non plus « sa volonté pour Dieu », mais « la volonté de Dieu ». Chacun doit vivre cette conversion de la volonté. Trop souvent, les chrétiens se dépensent généreusement dans beaucoup de services qu’ils ont choisis, mais se découragent vite, car ils ont fait leur volonté pour Dieu. Avant d’agir, il faut se mettre à genoux, pour recevoir de Dieu, non seulement sa volonté, mais aussi la force de l’accomplir avec persévérance. Plus encore, l’adorateur apprend à se décentrer de lui-même pour se centrer sur le Christ et sur sa Parole. Adorer silencieusement, c’est apprendre à dire : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » (1 S 3, 9) plutôt que « écoute Seigneur, ton serviteur parle » ! Aussi, la prière est un puissant rempart contre les tentations quotidiennes : « Priez pour ne pas entrer en tentation » (Mc 14, 37).

Les sacrements et la messe : Parmi les fruits personnels, soulignons maintenant ceux qui renouvellent les dispositions intérieures pour s’approcher dignement des sacrements et en recevoir les bienfaits. Benoît XVI rappelle le lien intrinsèque entre la messe et l’adoration eucharistique. Il écrit : « L’adoration eucharistique n’est rien d’autre que le développement explicite de la célébration eucharistique, qui est en elle-même le plus grand acte d’adoration de l’Église. Recevoir l’Eucharistie signifie se mettre en attitude d’adoration envers Celui que nous recevons. C’est ainsi, et seulement ainsi, que nous devenons un seul être avec Lui et que nous goûtons par avance, d’une certaine façon, la beauté de la liturgie céleste. L’acte d’adoration en dehors de la Messe prolonge et intensifie ce qui est réalisé durant la Célébration liturgique elle-même. En fait, ce n’est que dans l’adoration que peut mûrir un accueil profond et vrai. Et c’est bien par cet acte personnel de rencontre avec le Seigneur que mûrit ensuite la mission sociale qui est renfermée dans l’Eucharistie et qui veut briser les barrières non seulement entre le Seigneur et nous, mais aussi et surtout les barrières qui nous séparent les uns des autres »(Benoît XVI, Exhortation Apostolique, ‘Sacramentum Caritatis’, n. 66, 2007). L’expérience des paroisses adoratrices révèle qu’en adorant le Saint-Sacrement, les paroissiens apprennent non seulement à discerner, au-delà des apparences du pain, la présence réelle du Seigneur. Mais aussi, ils prennent conscience de la présence efficiente du Sacrifice de la Croix, rendue présente à chaque messe. Ainsi, en se prosternant longuement devant la sainte Hostie, les adorateurs ne pourront approcher la sainte communion sans une sainte révérence et une profonde adoration. Aussi, ils ne pourront réduire la célébration eucharistique à un simple banquet. En d’autres mots, adorer le Saint-Sacrement permet de vivre plus intensément l’Eucharistie dans toutes ses dimensions. Mgr Ruben T. Profugo, évêque de Lucena aux Philippines témoigne : « Dans mon diocèse, l’assistance à la messe s’est accrue visiblement non seulement le dimanche mais aussi pendant la semaine. Beaucoup sont revenus aux sacrements grâce à l’adoration perpétuelle eucharistique. Il y a un lien très fort entre l’adoration et la messe. L’heure d’adoration de la semaine prépare les paroissiens à vivre la messe du dimanche ou à rendre grâce pour celle qui vient d’être vécue». Le Saint-Père n’hésitait pas dire que « l’adoration n’est pas un luxe, mais une priorité » (Benoît XVI, Angélus 28 août 2005) aujourd’hui dans l’Église.

Catéchuménat : Un jeune prêtre Vietnamien qui exerçait son ministère à Singapour dans une petite paroisse raconte : « Célébrant la messe d’un dimanche de carême, je fus frappé par le nombre important de catéchumènes : quatre-vingts jeunes entre 18 et 35 ans. A la fin de la messe, ce jeune prêtre me fait visiter sa paroisse et je remarque, à côté de l’église, une petite salle climatisée, remplie de fleurs. Le Saint-Sacrement y est exposé jour et nuit, comme dans la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, et il y a toujours une quinzaine de personnes. Ce vicaire disait que le nombre de catéchumènes était lié à cette adoration. En effet, interrogeant ces jeunes qui lui demandaient le baptême, tous répondaient que depuis des mois, la nuit, ils venaient prier le Saint-Sacrement, sans très bien savoir ce qu’ils faisaient, mais ils étaient attirés par cette Présence. Oui, l’adoration attire, parce que tout homme a en lui ce désir de voir Dieu » (Mgr Patrick Chauvet, « Il est là ! L’adoration eucharistique », p. 92. Saint-Maur, Parole et Silence, 2008).

Sacrement de Réconciliation : « Ce n’est pas seulement la pénitence qui conduit à l’Eucharistie, mais c’est aussi l’Eucharistie qui mène à la pénitence » (Jean-Paul II, Lettre Apostolique, ‘Dominicae Cenae’, 1980). Comme curé d’une paroisse qui a l’adoration perpétuelle, je peux témoigner de la demande croissante du sacrement de la réconciliation comme fruit de l’adoration. La progression est non seulement quantitative, mais aussi qualitative. On ne peut rester devant le Saint-Sacrement sans que la lumière du Christ illumine profondément l’âme et éclaire la conscience…

Les divorcés remariés, qui ne peuvent avoir accès à la sainte communion, sont toutefois vivement encouragés à participer au Sacrifice de la messe et à contempler le visage du Christ dans l’adoration. Récemment, une paroissienne me disait qu’elle ne progressait pas spirituellement. Après un échange, elle avoue qu’elle est divorcée remariée et que malgré tout, elle reçoit la sainte communion. Je l’invite alors à continuer à venir fidèlement à la messe, mais sans communier. Je l’encourage aussi à adorer plus fidèlement le Saint-Sacrement. Malgré le choc et la peine éprouvée, elle est revenue quelques mois plus tard, me faire part que sa vie spirituelle a enfin trouvé un nouvel élan… Jean-Paul II écrivait : « La contemplation prolonge la communion et permet de rencontrer durablement le Christ, vrai Dieu et vrai homme, de se laisser regarder par lui et de faire l’expérience de sa présence. Quand nous le contemplons présent au Saint-Sacrement de l’autel, le Christ se fait proche de nous et plus intime à nous-mêmes : il nous donne part à sa vie divine dans une union transformante et, par l’Esprit, il nous ouvre l’accès au Père, comme il le disait lui-même à Philippe : ‘Qui m’a vu a vu le Père’ (Jn 14, 9). La contemplation, qui est aussi une communion de désir, nous associe intimement au Christ et elle associe de manière toute spéciale ceux qui sont empêchés de le recevoir » (Jean-Paul II, Lettre à Mgr Houssiau, 28 Juin 1996). Combien de divorcés remariés font aujourd’hui l’expérience de l’amour inconditionnel du Christ en adorant le Saint-Sacrement fidèlement. Par cette communion spirituelle, le Christ leur donne les grâces nécessaires pour continuer à vivre le commandement de la charité et pour s’engager dans la mission de l’Église…

 

GRÂCES PAROISSIALES

En renouvelant le cœur des paroissiens, l’adoration les pousse à s’engager davantage dans leur communauté paroissiale. Une communauté est d’abord constituée de personnes qui nourrissent leur vie baptismale par une intense vie eucharistique.

Foyer de prière : Un curé rappelle que l’adoration nourrit et fortifie la foi : « Le Seigneur a toujours exaucé les prières des adorateurs et il continue à le faire. La chapelle d’adoration est devenue un vrai ‘foyer de prière’ depuis déjà plusieurs années. Notre communauté chrétienne est comblée. Je crois que l’adoration perpétuelle eucharistique est le plus noble et pourtant le plus facile accomplissement de ma vie de prêtre. Les bienfaits sont nombreux et l’effort de ma part est minime. Ce que je peux faire de mieux pour mes paroissiens est de les aider à grandir spirituellement… L’adoration perpétuelle rend Jésus présent tout le temps, pour tous et chacun. Il est vraiment là en personne pour chacun de nous ».

Fondement spirituel et fécondité : Il arrive que les paroisses ressemblent à des terres arides dans lesquelles il est difficile de lancer des projets pastoraux nouveaux ou de renouveler ceux qui existent. Par l’adoration continue, Jésus déverse son Esprit sur tous les mouvements de la paroisse, comme des fleuves d’eau vive se déversant de son divin Cœur (cf Jn 7, 37-39). Cette eau vivifie la communauté paroissiale, la rendant plus disponible à la mission, donnant ainsi aux activités pastorales une plus grande fécondité. Aussi, à l’inverse de la girouette qui change sans cesse de direction, par l’adoration, la paroisse est ancrée sur le Christ, le Bon Pasteur des âmes, qui bénit et donne la fécondité aux initiatives pastorales, malgré les changements inévitables de curés, de paroissiens, de mouvements… Jésus célébré et adoré est le Roc sur lequel la paroisse repose… De son Cœur transpercé qui palpite au Saint-Sacrement, jaillit l’Esprit qui arrose spirituellement la terre de la paroisse pour que celle-ci puisse produire des fruits abondants de conversions, d’engagements, de charité…

Grâces d’unité, de charité : Un curé témoigne : « La paroisse St Louis-St Blaise expérimente des grâces de charité puisées dans l’adoration eucharistique : des liens se tissent ou se resserrent, les paroissiens sont plus attentifs les uns aux autres, plus solidaires. Jésus au Saint-Sacrement bouleverse le cœur de la paroisse et l’ouvre peu à peu à la mission que nous sommes en train de mettre en route. Grâce à cette chaîne de prière ininterrompue, tous les groupes de la paroisse se trouvent rassemblés dans la prière. Dans l’exercice de mon ministère, je sais qu’à chaque instant, un paroissien prie pour la paroisse et son curé. Lors du premier anniversaire de l’adoration perpétuelle, nous étions plus de deux cents à assister à la conférence. C’est dire combien les paroissiens ont à cœur de faire corps autour de Jésus-Eucharistie. Je suis touché de cette fidélité de mes paroissiens à leur engagement dans la prière. Elle est tellement belle ! » (Témoignage du père Michel Pieron, curé de Vichy, 2005). Jésus disait : « Je suis la vigne, vous êtes les sarments, si vous demeurez en moi et moi en vous, vous porterez beaucoup de fruit, mais hors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5). Ainsi, toute fécondité pastorale trouve sa source dans l’union de la communauté avec le Christ. Puisque l’Eucharistie est le sacrement de la communion avec Dieu et avec le prochain, plus nous vivons de l’Eucharistie, plus notre communion avec le Christ est authentique et par conséquence plus notre charité envers le prochain est concrète.

Bien que la messe soit le premier lieu de rassemblement paroissial, il arrive toutefois que des paroissiens fréquentent uniquement ‘leur messe’ du dimanche (messes des familles, messe des jeunes, messes basses…), ce qui ne favorise pas toujours l’unité et la communion. Par contre, si en plus de la messe, l’adoration permanente est proposée, de nouveaux liens spirituels se créent entre les adorateurs qui se succèdent ou se remplacent. On remarque que les paroissiens de sensibilités spirituelles différentes, qui ne se rencontrent pas à la messe, se lient d’amitié grâce à la chaîne d’adoration… Oui, « l’Eucharistie édifie l’Église et l’Église fait l’Eucharistie » (Jean-Paul II, lettre encyclique ‘Ecclesia de Eucharistia’, n. 26, 2003).

Vocations : En vivant de l’Eucharistie, celui qui se met au service de l’Évangile chemine dans l’amour de Dieu et du prochain. Il contribue ainsi à construire l’Église comme communion. L’amour eucharistique motive et fonde l’activité vocationnelle de toute l‘Église. « Dans l’intimité de l’Eucharistie, certains découvrent qu’ils sont appelés au ministère de l’Autel, d’autres à contempler la beauté et la profondeur de ce mystère, d’autres à faire retomber cet élan d’amour sur les pauvres et les faibles, et d’autres encore à en recueillir la puissance transformante dans les réalités et les gestes de la vie quotidienne. Chaque croyant trouve dans l’Eucharistie non seulement la clé d’interprétation de son existence mais le courage pour la réaliser afin qu’il puisse construire, dans la diversité des charismes et des vocations, l’unique Corps du Christ dans l’histoire » (Jean-Paul II, lettre aux prêtres, Jeudi Saint 2000). Tant d’évêques témoignent que les vocations sacerdotales dans leur diocèse ont abondé depuis qu’ils ont instauré l’adoration continue.

Adoration et charité : Mère Teresa de Calcutta témoigne : « Ce n’est pas avant 1973, année où nous avons commencé l’heure sainte quotidienne, que notre communauté s’est mise à croître et à fleurir ». La bienheureuse distingue trois grâces puisées dans l’adoration eucharistique. Tout d’abord, elle apprend à aimer ses sœurs de l’amour même qui découle de l’Eucharistie. Ensuite, le fait de reconnaître Jésus sous les apparences du pain l’aide à mieux reconnaître le Christ dans le plus pauvre. Enfin l’adoration lui permet de donner aux personnes qu’elle sert, non plus ce qu’elle est ou possède, mais Jésus qui vit en elle. Dans une lettre, elle écrit : « Chaque jour, nous exposons le Saint-Sacrement, et nous nous sommes aperçues d’un changement dans notre vie. Nous avons ressenti un amour plus profond pour le Christ à travers le masque affligeant des pauvres. Nous avons pu mieux nous connaître et mieux connaître le pauvre comme témoignage concret de Dieu. Depuis que nous avons commencé cette adoration du Saint-Sacrement, nous n’avons pas diminué notre travail, nous y consacrons autant de temps qu’auparavant, mais avec plus de compréhension. Les gens nous acceptent mieux. Ils ont faim de Dieu. Ils n’ont plus besoin de nous, mais de Jésus ». « L’Heure Sainte devant l’Eucharistie doit nous conduire à l’heure sainte avec les pauvres ». Dans ce sens, plusieurs paroisses en France ont organisé un centre d’accueil, d’écoute ou d’entraide en lien direct avec la chapelle d’adoration eucharistique. Par exemple, la paroisse St Patrick à Londres offre un service d’écoute téléphonique permanent. Les écoutant restent en prière devant le Saint-Sacrement dans une chapelle spécialement aménagée pour cela. Jean-Paul II écrivait : « La proximité avec le Christ, dans le silence de la contemplation, n’éloigne pas de nos contemporains mais, au contraire, elle nous rend attentifs et ouverts aux joies et aux détresses des hommes, et elle élargit le cœur aux dimensions du monde. Elle nous rend solidaire de nos frères en humanité, particulièrement des plus petits, qui sont les bien-aimés du Seigneur » (Jean-Paul II, Lettre à Mgr Houssiau, 28 Juin 1996) .

Maternité spirituelle : Pour susciter des saintes vocations religieuses et sacerdotales, la congrégation du Clergé encourage la pratique de l’adoration continue dans les diocèses. Le cardinal Hummes écrivait qu’aujourd’hui, l’urgence se fait jour d’ « un mouvement de prière qui place en son centre l’Adoration eucharistique continue sur la durée de vingt-quatre heures, de manière que de tout angle de la terre, s’élève toujours à Dieu une prière d’adoration, d’action de grâce, de demande et de réparation, avec le but principal de susciter un nombre suffisant de saintes vocations au sacerdoce et, également, d’accompagner spirituellement au niveau du Corps mystique -, avec une sorte de maternité spirituelle ceux qui sont déjà appelés au sacerdoce ministériel… » (Lettre du Cardinal Hummes, préfet de la congrégation pour le Clergé, 8 décembre 2007). Une paroisse qui adore jour et nuit le Saint-Sacrement obtient des grâces de maternité spirituelle. Elle ‘enfante’ pour l’Eglise de saintes vocations sacerdotales et religieuses et obtient pour eux des grâces de sanctification. Par l’adoration continue, la paroisse devient l’épouse qui s’unit à l’époux, Jésus dans l’hostie. L’Eucharistie est le banquet de noces où le Christ donne à son Église les vocations dont elle a besoin pour annoncer le salut à toutes les nations. Oui, les vocations sacerdotales s’obtiennent à genoux, devant le Seigneur dans l’Eucharistie.

Adoration et évangélisation : Dans l’évangile, « Jésus gravit la montagne et il appelle à lui ceux qu’il voulait. Ils vinrent à lui, et il en institua Douze pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher » (Mc 3, 13-14). Ici, l’adoration, c’est le ‘venir à lui’. L’évangélisation, c’est le ‘être envoyé vers’. Avant ‘d’aller vers’ les autres au nom de Jésus, il faut d’abord ‘venir à’ Jésus. Evangéliser sans adorer, c’est du prosélytisme. Adorer sans évangéliser, c’est de l’évasion. Dans son encyclique sur l’Eucharistie, Jean-Paul II rappelle que « tout engagement vers la sainteté, toute action visant à l’accomplissement de la mission de l’Église, toute mise en œuvre de plans pastoraux, doit puiser dans le mystère eucharistique la force nécessaire et s’orienter vers lui comme vers le sommet. Dans l’Eucharistie, nous avons Jésus, nous avons son sacrifice rédempteur, nous avons sa résurrection, nous avons le don de l’Esprit Saint, nous avons l’adoration, l’obéissance et l’amour envers le Père. Si nous négligions l’Eucharistie, comment pourrions-nous porter remède à notre indigence » (Jean-Paul II, Lettre encyclique ‘Ecclesia de Eucharistia’, n. 60, 2003).

Nous constatons avec joie qu’aujourd’hui tant de paroisses s’engagent avec ardeur dans la « Nouvelle Evangélisation » ! Mais attention au risque de copier certains groupes évangélistes dans leurs méthodes d’évangélisation ! Sans remettre en cause une certaine efficacité de leurs pratiques, n’oublions pas que, pour nous Catholiques, la source de la vie divine et donc de la fécondité apostolique, se trouve dans le sacrement de l’Eucharistie ! Je n’annonce pas l’évangile individuellement, ou uniquement avec mes propres forces ou mes talents personnels, mais c’est au nom de l’Église, avec la puissance de l’Eucharistie et l’intercession de Marie ! Aujourd’hui, il arrive que certaines méthodes d’évangélisation dans les paroisses catholiques, bien que s’en remettant à l’adoration eucharistique, aient tendance à instrumentaliser cette pratique, de sorte que l’adoration ne soit pas d’abord un acte gratuit offert à Dieu. Mais l’adoration se réduit à une recherche de quelques grâces utiles pour agir plus efficacement. Contre ce risque, le bienheureux Charles de Foucault reste un modèle qui nous invite à entrer dans la pauvreté eucharistique. Il remet au Seigneur la fécondité de sa vie spirituelle, n’attendant rien en retour de son adoration, si ce n’est une charité plus grande pour Dieu et son prochain.

Voici le témoignage du curé qui m’a précédé à Sanary, le P. Bertrand Lorentz : « Déjà 5 ans que notre paroisse vit de l’adoration perpétuelle. Quel magnifique cadeau pour une paroisse ! C’est la plus grande grâce qui soit parce que Jésus est aimé au Saint-Sacrement. Heure après heure, jeunes et adultes de la paroisse viennent à la source de l’amour et repartent dans leur journée, remplis de force, de joie et de paix. L’adoration sur notre paroisse a permis de développer ce grand courant de prière et de donner à beaucoup la persévérance dans la fidélité. De plus, comment penser évangéliser si nous ne commençons pas par nous mettre à genoux ? Adoration et évangélisation sont deux mots qui riment ensemble. C’est pourquoi l’adoration et les cellules paroissiales d’évangélisation mises en place sur notre paroisse forment un couple inséparable ».

Adoration et guérison : « Le soleil de justice brillera avec la guérison dans ses rayons » (Ml 3, 20). Jésus dans l’Eucharistie n’illumine pas uniquement les individus, mais aussi les groupes, les mouvements qui viennent adorer ensemble pour grandir en zèle et en ardeur annoncer l’Évangile. Don Macchioni, pour les cellules paroissiales affirmait : « La communauté qui ne sait pas faire ce choix (de l’adoration) dans la foi ne pourra jamais voir de fruits durables, qu’il s’agisse d’une croissance spirituelle ou de l’augmentation du nombre de ses membres, et exposera ses initiatives pour louables qu’elles soient, à un échec. Nous ne répéterons jamais assez que ce choix pastoral doit précéder et alimenter tous les autres. La louange et l’adoration forment un rempart extraordinaire contre les tentations auxquelles une communauté qui grandit se trouve confrontée. Quiconque aura passé son heure d’adoration au service de la communauté et à prier avec amour pour les frères qu’il est en train d’évangéliser, en sortira revivifié ayant obtenu la vision même de Jésus sur les circonstances qui l’entourent. En outre, il sera peu à peu guéri de ses blessures intérieures, parce qu’il aura fait l’expérience de l’amour de Dieu et continuera à la faire » (Don Giuseppe Macchioni, ‘Evangéliser en Paroisse’, p. 76, Ed des Béatitudes, 2009).

Adoration dans le milieu rural : Lorsqu’une paroisse est constituée de nombreux clochers, l’adoration sans interruption est difficile à réaliser. Toutefois, la chaine d’adoration peut être prolongée, devenant ainsi une grande source de grâces pour les paroissiens qui n’ont pas la messe chaque semaine dans leur clocher ou qui ne peuvent se déplacer. Beaucoup de paroisses s’organisent ainsi : les clochers principaux sont choisis pour devenir des lieux d’adoration. Chaque communauté locale s’engage à assurer une plage horaire hebdomadaire d’adoration. Le tout est organisé de sorte que lorsque l’adoration se termine sur un clocher, un autre clocher prend le relais. Et ainsi de suite… De cette manière, le Saint-Sacrement est toujours adoré dans un lieu. On fortifie ainsi l’unité de la paroisse avec ses nombreux clochers. Aussi, on ‘fait vivre’ les différents clochers en les ouvrant chaque semaine pendant quelques heures pour l’adoration. « Ma maison sera une maison de prière » (Jn 2, 17) et non un musée ni un lieu ouvert seulement pour une messe mensuelle…

Aussi, plusieurs curés témoignent que la chapelle d’adoration ouverte jour et nuit a permis d’éviter des profanations ou des dégradations. Les exemples sont nombreux où un adorateur, priant devant le Saint-Sacrement, a pu empêcher une intrusion dans l’église ou des profanations. Voici quelques lignes du Télégramme, revue laïque de Bretagne, récemment parue : « Ils voulaient ‘défendre’ des ‘valeurs anticléricales’ en s’en prenant à l’église Saint-Pie-X à Vannes. Ils devront finalement méditer leurs gestes d’ici le 1er juin prochain, date de leur comparution devant le tribunal correctionnel de Vannes… À l’issue d’une soirée bien arrosée passée chez l’un d’eux, trois étudiants et un employé ont pris la direction de l’église, le siège d’une des paroisses de Vannes. Équipés d’une bombe de peinture rouge, ils auraient dégradé l’édifice d’une dizaine de tags par le biais d’insultes. La police les a interpellés vers 1h30 du matin, alors qu’ils se dirigeaient vers le centre-ville… Ce sont des fidèles pratiquant «l’adoration perpétuelle» dans une chapelle de cette église qui ont averti la police des méfaits en cours à l’extérieur de l’édifice… »(letelegramme.com, Morbihan, 6 avril 2011).

 

GRÂCES POUR L’ÉGLISE ET LE MONDE

 
Jean-Paul II écrivait : « Pour évangéliser le monde, il faut des experts en célébration, en adoration et en contemplation de l’Eucharistie…» (Jean-Paul II, Journée Mondiale pour les missions, 2004). Par l’adoration, les paroissiens font l’expérience de l’amour de Dieu. Cela les pousse à s’engager dans leur communauté paroissiale, qui leur donne l’Eucharistie. Dans leur mission, ils sont à la fois portés par l’Eglise et ils intercèdent pour le monde. En d’autres mots, leur adoration devient trinitaire : en adorant le Fils, celui-ci les conduit au Père. Dans cette dynamique, ils reçoivent une nouvelle effusion d’Esprit Saint qui les pousse à s’engager dans l’Église et le monde.

Conscience sociale : En laissant l’Esprit agir, le culte rendu à la divine Eucharistie pousse véritablement l’âme à développer un amour social, par lequel le bien commun est préféré au bien particulier. Pour Paul VI, « l’Eucharistie est d’une efficacité suprême pour la transformation du monde en un monde de justice, de sainteté et de paix » (Paul IV, discours du Saint Père pour l’inauguration des œuvres sociales eucharistiques internationales à Dos Hermanas).

Réparer les fautes du monde. Jésus présente son Cœur à sainte Marguerite-Marie, tantôt comme un soleil d’amour divin, tantôt entouré d’une couronne d’épines. Il est d’une part embrasé d’amour pour les hommes. D’autre part, il est offensé par leur ingratitude. Cette double considération doit nous mouvoir d’une part à rendre amour pour amour à l’amour du Cœur de Jésus et d’autre part, à lui offrir une compensation pour l’offense qui lui est faite. Réparer, ou consoler le Cœur de Jésus, c’est aimer Jésus de tout son cœur pour ceux qui le rejettent ou l’ignorent. A Paray-le-Monial, Jésus rappelle que ce même Cœur de chair palpite aujourd’hui au Saint-Sacrement, pour nous qui n’avons pas vécu avec lui il y a 2000 ans. « Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour » (Sainte Marguerite-Marie. Autobiographie, n. 55 et 56). Marguerite-Marie passera tout le temps dont elle dispose pour aimer passionnément Cœur au Saint-Sacrement, en réparation de ceux qui ne le connaissent pas, l’ignorent ou le méprisent. Jean-Paul II écrit : « L’animation et l’approfondissement du culte eucharistique sont une preuve du renouveau authentique que le Concile s’est fixé comme but, et ils en sont le point central. L’Eglise et le monde ont un grand besoin de culte eucharistique. Jésus nous attend dans ce sacrement d’amour. Ne mesurons pas notre temps pour aller le rencontrer dans l’adoration, dans la contemplation pleine de foi et prête à réparer les grandes fautes et les grands délits du monde. Que notre adoration ne cesse jamais » (Jean-Paul II, Lettre Apostolique, ‘Dominicae Cenae’, 1980).

Moteur spirituel : Voici le témoignage d’un adorateur nocturne texan : De même que sur un bateau de croisière, chacun ressent nuit et jour le moteurpropulsant le bateau vers l’avant, de même lorsqu’une paroisse vit la grâce de l’adoration perpétuelle, à chaque heure du jour et de la nuit, un paroissien s’unit au Cœur de Jésus dans l’Eucharistie, véritable moteur spirituel de la paroisse. Alors ce Cœur déverse en abondance sa lumière et sa miséricorde divine sur l’Église et le monde…

Jean-Paul II présente l’adoration comme un service éminent pour l’humanité : « Par l’adoration, le chrétien contribue mystérieusement à la transformation radicale du monde et à la germination de l’Évangile. Toute personne qui prie le Sauveur entraîne à sa suite le monde entier et l’élève à Dieu. Ceux qui se tiennent devant le Seigneur remplissent donc un service éminent ; ils présentent au Christ tous ceux qui ne Le connaissent pas ou ceux qui sont loin de Lui ; ils veillent devant Lui, en leur nom… » (Jean-Paul II, Lettre à Mgr Houssiau, 28 Juin 1996). Ainsi, en adorant le Saint-Sacrement, nous représentons la personne de notre famille, de notre paroisse, de notre monde qui a le plus besoin de la miséricorde divine. Celle-ci reçoit les grâces nécessaires pour revenir à Dieu le Père. En Exode 17, lorsque le peuple d’Israël luttait contre les Amalécites, Moïse intercédait devant Dieu en élevant les mains pour demander la victoire à Dieu. Comme ses bras s’alourdissaient, il a demandé l’aide d’Aaron et d’Hur pour maintenir ses bras élevés vers Dieu. Et le Seigneur a donné la victoire complète à son peuple… Nous aussi, par l’adoration perpétuelle, un adorateur est toujours présent devant le Seigneur, dans une chaine ininterrompue de prière et d’intercession. Et le cœur des paroissiens est sans cesse levé vers Dieu. Et Dieu donne la victoire à son peuple, son Eglise. Il envoie sa miséricorde, sa paix et sa lumière qui chassent les ténèbres de notre cœur et du monde. Aussi, en Is 62, 4, il est écrit : « sur tes remparts, Jérusalem, j’ai posté des veilleurs, de jour et de nuit, jamais ils ne se tairont ». Lorsqu’une paroisse organise l’adoration continue, les « veilleurs » sont les adorateurs sur les « remparts » qui ne se « taisent jamais ». En d’autres mots, par leur prière incessante, ils sont comme suspendus entre ciel et terre et font descendre sur l’humanité les écluses de la miséricorde divine. Au tabernacle, Jésus laisse à son Église sa grande adoration du Père. Il veut nous y associer. L’adorateur est placé sur les fractures de l’humanité. Sa supplication embrasse toutes les situations où l’homme a perdu sa dignité, son intégrité, sa ressemblance avec le Père. L’adoration évangélise en déversant les grâces de la Rédemption, par l’Église, sur toutes les situations où l’homme ne répond plus à sa vocation d’enfant du Père.

Rayonnement Eucharistique : Charles Foucauld adorait le Saint-Sacrement en pays touareg. Il écrivait : « Cœur Sacré de Jésus, rayonnez du fond de ce tabernacle sur ce peuple qui vous entoure sans vous connaître. Eclairez, dirigez, sauvez ces âmes que vous aimez ». La chapelle d’adoration est un phare qui éclaire, unit, protège la paroisse et la ville. « De son tabernacle, Jésus rayonnera sur ces contrées et attirera à Lui des adorateurs… Ma présence fait-elle quelque bien ici ? Si elle n’en fait pas, la présence du Saint-Sacrement en fait certainement beaucoup : Jésus ne peut être en un lieu sans rayonner ».

Avortement : Mère Teresa de Calcutta écrivait : « Si les gens passaient une heure par semaine en adoration eucharistique, l’avortement cesserait ». En effet, l’adoration perpétuelle eucharistique, c’est un petit coin du ciel sur la terre : Jésus y est adoré ici-bas sans interruption, comme au ciel où les saints et les anges l’adorent sans cesse. La vie divine se répand abondamment dans les cœurs, protégeant ainsi toute vie humaine, de sa conception à sa fin naturelle.

Paix, ordre, sécurité : Jésus, s’adressant à sainte Faustine déclarait : « L’humanité ne trouvera pas la Paix tant qu’elle ne se tournera pas avec confiance vers ma Miséricorde » (Faustine Kowalska, ‘Petit Journal’, n. 300). Plus loin, nous lisons : « Le trône de la Miséricorde, c’est le Tabernacle » (Faustine Kowalska, ‘Petit Journal’, n. 1484). Ainsi, il ne peut y avoir de paix véritable dans les cœurs, les familles et le monde sans se tourner davantage vers l’Eucharistie célébrée et adorée. Mgr Ruben Profugo, évêque de Lucena, aux Philippines, témoignait : « L’adoration perpétuelle eucharistique a protégé mon diocèse de la violence qui menaçait de le déchirer. Aussi bien les prêtres que les laïcs attribuent à l’adoration perpétuelle eucharistique non seulement la protection du diocèse contre le communisme, mais aussi l’instauration de la paix et de l’ordre ». Le curé de Las Vegas écrivait à son tour : « Nous avions de la prostitution devant notre église; on y vendait de la drogue. Lorsque nous avons commencé l’adoration perpétuelle eucharistique, tout cela a cessé. Quand notre Seigneur au Saint-Sacrement est exposé sur l’autel, la criminalité a sensiblement diminué dans la région. J’en suis convaincu » . Mgr Josefino S. Ramirez, vicaire général et chancelier, archidiocèse de Manille aux Philippines, écrit : « L’adoration perpétuelle eucharistique est le ‘plan de paix’ de Notre-Dame. Je suis absolument convaincu que c’est par cette adoration que la paix viendra sur notre pays et sur le monde. Quand nous ferons sur la terre ce qui est fait au ciel, c’est-à-dire, adorer Dieu perpétuellement, alors nous verrons ‘la terre nouvelle et les cieux nouveaux’. Le seul nom, la seule puissance, le seul amour qui apporteront la paix éternelle sur la face de la terre, ce sont le Nom, la Puissance et l’Amour de Jésus au Saint-Sacrement ». C’est l’amour de Dieu pour l’homme qui a créé le monde. Ce sera l’amour de l’homme pour le Fils de Dieu au Saint-Sacrement qui recréera le monde et fera venir la nouvelle création promise par Dieu. Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est uni lui-même à tout homme de telle sorte que, « par son pouvoir de soumettre toutes choses à lui-même » (Ph 3, 21), « le monde créé est destiné à être assumé dans l’Eucharistie » (Jean-Paul II, Lettre encyclique ‘Lumen Orientale’, n. 11, 1995) où tout et chacun sera rendu parfait dans le feu d’amour divin !

Concluons avec les paroles de saint Pierre-Julien Eymard qui déjà au XIXème siècle rappelait l’urgence de l’adoration eucharistique pour renouveler nos paroisses et notre monde : « Aujourd’hui, l’exposition solennelle de Jésus sacramentel est la grâce et le besoin de notre époque. Elle est la grâce souveraine. L’exposition est l’arme puissante de l’Église et du fidèle… Nous ne craignons pas de l’affirmer : le culte de l’exposition du Très-Saint-Sacrement est le besoin de notre temps… Ce culte est nécessaire pour sauver la société. La société se meurt parce qu’elle n’a plus de centre de vérité et de charité, mais elle renaîtra pleine de vigueur quand tous ses membres viendront se réunir autour de la vie, à Jésus dans l’Eucharistie. Remontez à la source, à Jésus. Surtout à Jésus dans son Eucharistie… Qu’on le sache bien, une civilisation grandit ou décroît en fonction de son culte pour la divine Eucharistie. C’est là la vie et la mesure de sa foi, de sa charité, de sa vertu. Qu’il arrive donc ce règne de l’Eucharistie ! Assez longtemps l’impiété et l’ingratitude ont régné sur terre. Que ton règne vienne ». Benoît XVI nous montre le chemin à suivre : « Si notre Église devient authentiquement eucharistique, elle sera une Église missionnaire. Nous aussi, nous devons pouvoir dire à nos frères avec conviction : « Ce que nous avons contemplé, ce que nous avons entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous » (1 Jn 1, 3) » (Benoit XVI, Exhortation Apostolique, ‘Sacramentum Caritatis’, n. 84, 2007).

 

Nouvelle évangélisation : ‘l’urgence d’une conscience missionnaire’

Semaine Missionnaire
Semaine Missionnaire

L’Assemblée plénière des présidents des Conférences épiscopales d’Europe se poursuit à Tirana en Albanie jusqu’au dimanche 2 octobre. Le thème de la nouvelle évangélisation a été choisi pour cette Assemblée qui fête cette année son 40ème anniversaire.
Le président du Conseil Pontifical pour la Nouvelle Évangélisation Mgr Rino Fisichella a prononcé à cette occasion un discours dans lequel il a souligné que la sécularisation représentait un défi positif pour les chrétiens, appelés à porter un message d’espérance à l’humanité en crise :

(cliquez sur le lien ci-après pour écouter son intervention)

Nouvelle Evangelisation Mgr Rino Fisichella (audio mp3)

Radio Vatican



Jugement Dernier – Sermon de St Jean-Marie VIANNEY

SERMONS

DU SAINT SERVITEUR DE DIEU,

JEAN -BAPTISTE -MARIE VIANNEY

CURÉ D’ARS

1er DIMANCHE DE L’AVENT
(PREMIER SERMON)

Sur le JUGEMENT DERNIER

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Tunc videbunt Filium hominis venientem cum potestate magna et majestate.
Alors ils verront venir le Fils de l’homme avec une grande puissance et une majesté terrible, environné des anges et des saints.
(S. Luc, XXI, 27.)

Ce n’est plus, mes frères, un Dieu revêtu de nos infirmités ; caché dans l’obscurité d’une pauvre étable, couché dans une crèche, rassasié d’opprobres, accablé sous le pesant fardeau de sa croix ; c’est un Dieu revêtu de tout l’éclat de sa puissance et de sa majesté, qui fait annoncer sa venue par les prodiges les plus effrayants, c’est-à-dire, par l’éclipse du soleil et de la lune, par la chute des étoiles, et par un entier bouleversement de la nature. Ce n’est plus un Sauveur qui vient avec la douceur d’un agneau, pour être jugé par les hommes et les racheter ; c’est un Juge justement irrité, qui juge les hommes dans toute la rigueur de sa justice. Ce n’est plus un Pasteur charitable qui vient chercher ses brebis égarées, et les pardonner ; c’est un Dieu vengeur qui vient séparer pour jamais les pécheurs des justes, accabler les méchants de sa plus terrible vengeance, et ensevelir les justes dans un torrent de douceurs. Moment terrible, moment épouvantable, moment malheureux, quand arriveras-tu ? Hélas ! peut-être que, dans quelques matins, nous entendrons les avant-coureurs de ce Juge si redoutable au pécheur. Ô vous, pécheurs, sortez du tombeau de vos péchés, venez au tribunal de Dieu, venez vous instruire de la manière dont le pécheur sera traité. L’impie, dans ce monde, semble vouloir méconnaître la puissance de Dieu, en voyant les pécheurs sans punition ; il va même jusqu’à dire : Non, non, il n’y a ni Dieu ni enfer ; ou bien : Dieu ne fait pas attention à ce qui se passe sur la terre. Mais, attendons le jugement, et, en ce grand jour, Dieu manifestera sa puissance et montrera à toutes les nations qu’il a tout vu et tout compté.
Quelle différence, mes frères, de ces merveilles à celles qu’il opéra en créant le monde ! Que les eaux, dit le Seigneur, arrosent, fertilisent la terre ; et, dès l’instant même, les eaux couvrirent la terre et lui donnèrent la fécondité. Mais, quand il viendra pour détruire le monde, il commandera à la mer de franchir ses bornes avec une impétuosité épouvantable, et elle engloutira tout l’univers dans sa fureur. Lorsque Dieu créa le ciel, il ordonna aux étoiles de s’attacher au firmament ; à sa voix, le soleil éclaira le jour, et la lune présida à la nuit ; mais dans ce dernier Jour, le soleil s’obscurcira, et la lune et les étoiles ne donneront plus de lumière ; tous ces astres merveilleux tomberont avec un fracard épouvantable.
Quelle différence, M.F. ! Dieu en créant le monde employa six jours ; mais pour le détruire, un clin d’œil suffira. Pour créer l’univers et tout ce qu’il renferme, Dieu n’appela aucun spectateur de tant de merveilles ; mais pour le détruire, tous les peuples seront en présence, toutes les nations confesseront qu’il y a un Dieu et qu’il est puissant. Venez, rieurs impies, venez, incrédules raffinés, venez apprendre ou reconnaître s’il y a un Dieu, s’il a vu toutes vos actions, et s’il est tout-puissant ! Ô mon Dieu ! que le pécheur changera de langage dans ce moment ! que de regrets ! Oh ! que de repentir d’avoir laissé passer un temps si précieux ! Mais ce n’est plus temps, tout est fini pour le pécheur, tout est désespéré ! Oh ! que ce moment sera terrible ! Saint Luc nous dit que les hommes sécheront de frayeur sur la plante de leurs pieds, en pensant aux malheurs qui leur sont préparés. Hélas ! M.F., l’on peut bien sécher de crainte et mourir de frayeur, dans l’attente d’un malheur infiniment moins grand que n’est celui dont le pécheur est menacé, et qui très certainement lui arrivera, s’il continue à vivre dans le péché.
Dans ce moment, M.F., que je me dispose à vous parler du jugement, où nous paraîtrons tous, pour rendre compte de tout, du bien et du mal que nous aurons fait, pour y recevoir notre sentence définitive pour le ciel ou pour l’enfer : si déjà un ange venait vous annoncer de la part de Dieu que, dans vingt-quatre heures, tout l’univers sera réduit en feu par une pluie de feu et de soufre, que vous commenciez à entendre les tonnerres gronder, les fureurs des tempêtes renverser vos maisons, les éclairs tellement multipliés que l’univers ne fût plus qu’un globe de feu, et que l’enfer vomit déjà tous ses réprouvés dont les cris et les hurlements se feraient entendre vers les coins du monde ; que le seul moyen d’éviter tous ces malheurs fût de quitter le péché et de faire pénitence ; pourriez-vous, M.F., entendre tous ces hommes sans verser des torrents de larmes et crier miséricorde ? Ne vous verrait-on pas vous jeter au pied des autels pour demander miséricorde ? Ô aveuglement, ô malheur incompréhensible de l’homme pécheur ! les maux que vous annonce votre pasteur sont encore infiniment plus épouvantables et dignes d’arracher vos larmes, de déchirer vos cœurs. Hélas ! ces vérités si terribles vont être autant de sentences qui prononceront votre condamnation éternelle. Mais le plus grand de tous les malheurs est que vous y soyez insensibles, et que vous continuiez à vivre dans le péché ; et que vous ne reconnaissiez votre folie que dans le moment où vous n’avez plus de remèdes. Encore un moment, et ce pécheur, qui vivait tranquille dans le péché, sera jugé et condamné ; encore un instant, et, il emportera ses regrets dans l’éternité. Oui, M.F., nous serons jugés, rien de si certain ; oui, nous serons jugés sans miséricorde ; oui, nous regretterons éternellement d’avoir péché.

I – Nous lisons dans l’Écriture sainte, M.F., que toutes les fois que Dieu a voulu envoyer quelque fléau au monde ou à son Église, il a toujours fait précéder quelque signe pour commencer à jeter la terreur dans les cœurs, et pour les porter à fléchir sa justice. Voulant faire périr l’univers par un déluge, l’arche de Noé, qui resta cent ans pour se bâtir, fut un signe pour porter les hommes à la pénitence, sans quoi ils devaient tous périr. L’historien Josèphe nous dit qu’avant la destruction de la ville de Jérusalem, il parut pendant longtemps une comète en forme de coutelas qui jetait la consternation dans le monde. Chacun disait : Hélas ! que veut dire ce signe ? peut-être c’est quelque grand malheur que Dieu va nous envoyer. La lune demeura huit nuits sans donner de lumière ; les gens semblaient déjà ne plus pouvoir vivre. Tout à coup, il parut un homme inconnu, qui, pendant trois ans, ne faisait autre chose que crier par les rues de Jérusalem, le jour et la nuit : Malheur à Jérusalem ! Malheur à Jérusalem !… On le prend, on le bat de verges pour l’empêcher de crier : rien ne l’arrête. Au bout de trois ans, il s’écrie : Ah ! malheur à Jérusalem ; ah ! malheur à moi ! Une pierre lancée par une machine lui tombe dessus et l’écrase à l’instant même. Alors, tous les maux dont cet inconnu avait menacé Jérusalem tombèrent sur elle. La famine fut si grande, que les mères allaient jusqu’à égorger leurs enfants pour s’en servir de nourriture. Les habitants, sans savoir pourquoi, s’égorgeaient les uns les autres ; la ville fut prise et comme anéantie ; les rues et les places étaient toutes couvertes de cadavres ; le sang coulait comme des rivières ; le peu de ceux qui sauvèrent leur vie fut vendu comme des esclaves.
Mais, comme le jour du jugement sera le jour le plus terrible et le plus effrayant qui ait jamais été, il sera précédé de signes si effrayants qu’ils jetteront la terreur jusqu’au fond des abîmes. Notre-Seigneur nous dit que, dans ce moment malheureux pour le pécheur, le soleil ne donnera plus de lumière, que la lune sera semblable à une masse de sang, et que les étoiles tomberont du ciel. L’air sera tellement rempli d’éclairs qu’il sera tout en feu, et l’on entendra les tonnerres dont le bruit sera si grand que les hommes sécheront de frayeur sur la plante de leurs pieds. Les vents seront si impétueux que rien ne pourra leur résister. Les arbres et les maisons seront entraînés dans les chaos de la mer1 ; la mer elle-même sera tellement agitée par les tempêtes, que ses flots s’élèveront jusqu’à quatre coudées au-dessus des plus hautes montagnes, et ils descendront si bas, que l’on verra les horreurs de l’enfer ; toutes les créatures, même inanimées, sembleront vouloir s’anéantir pour éviter la présence de leur Créateur, en voyant combien les crimes des hommes ont souillé et défiguré la terre. Les eaux des mers et des fleuves bouillonneront comme des huiles dans les brasiers ; les arbres et les plantes vomiront des torrents de sang ; les tremblements de terre seront si grands que l’on verra la terre s’ouvrir de toutes parts ; la plupart des arbres et des bêtes seront abîmés, les hommes qui resteront seront comme des insensés ; les rochers, les montagnes s’écrouleront avec une fureur épouvantable. Après toutes ces horreurs, le feu sera allumé aux quatre coins du monde, mais, un feu si violent qu’il brûlera les pierres, les rochers et la terre, comme un brin de paille qui est jeté dans une fournaise. Tout l’univers sera réduit en cendres ; il faut que cette terre, qui a été souillée par tant de crimes, soit purifiée par le feu qui sera allumé par la colère du Seigneur, par la colère d’un Dieu justement irrité.
Après, M.F., que cette terre couverte de tant de crimes aura été purifiée, Dieu enverra ses anges qui sonneront de la trompette aux quatre coins du monde, et qui diront à tous les morts : Levez-vous, morts, sortez de vos tombeaux, venez et paraissez au jugement. Alors tous les morts, bons et mauvais, justes et pécheurs, reprendront les mêmes formes qu’ils avaient autrefois, la mer vomira tous les cadavres qui sont renfermés dans ses chaos, la terre rejettera tous les corps ensevelis depuis tant de siècles dans son sein. Après cette révolution, toutes les âmes des saints descendront du ciel, toutes rayonnantes de gloire ; chaque âme s’approchera de son corps en lui donnant mille et mille bénédictions : Venez, lui dira-t-elle, venez, le compagnon de mes souffrances ; si vous avez travaillé à plaire à Dieu, si vous avez fait consister votre bonheur dans les souffrances et les combats, oh ! que de biens nous sont réservés ! Il y a plus de mille ans que je jouis de ce bonheur ; oh ! quelle joie pour moi de venir vous annoncer tant de biens qui nous sont préparés pour l’éternité ! Venez, bénis yeux, qui tant de fois vous êtes fermés à l’aspect des objets impurs, par crainte de perdre la grâce de votre Dieu, venez dans le ciel où vous ne verrez que des beautés que l’on ne verrait jamais en ce monde. Venez, mes oreilles, qui avez eu horreur des paroles et des discours impurs et calomniateurs ; venez, et vous entendrez dans le ciel cette musique céleste, qui vous jettera dans un ravissement continuel. Venez, mes pieds et mes mains, qui, tant de fois, vous êtes employés à soulager les malheureux ; allons passer notre éternité dans ce beau ciel où nous verrons notre aimable et charitable Sauveur qui nous a tant aimés. Ah ! nous y verrons Celui qui tant de fois est venu reposer dans notre cœur. Ah ! nous y verrons cette main, encore teinte du sang de notre divin Sauveur, par laquelle il nous a mérité tant de joie. Enfin, le corps et l’âme, des saints se donneront mille et mille bénédictions, et cela pendant toute l’éternité.
Après que tous les saints auront repris leurs corps tout rayonnants de gloire, tous là, selon les bonnes œuvres et les pénitences qu’ils auront faites, attendront avec plaisir le moment où Dieu va dévoiler à la face de tout l’univers toutes les larmes, toutes les pénitences, tout le bien qu’ils auront accompli pendant leur vie, sans même en laisser une seule, ni un seul, déjà tous heureux du bonheur de Dieu même. Attendez, leur dira Jésus-Christ lui-même, attendez, je veux que tout l’univers voie combien vous avez travaillé avec plaisir. Les pécheurs endurcis, les incrédules disaient que j’étais indifférent à tout ce que vous faisiez pour moi ; mais je vais leur montrer aujourd’hui que j’ai vu et compté toutes les larmes que vous versiez dans le fond des déserts ; je vais leur montrer aujourd’hui que j’étais à côté de vous sur les échafauds. Venez tous, et paraissez devant ces pécheurs qui m’ont méprisé et outragé, qui ont osé nier que j’existais, que je les voyais. Venez, mes enfants, venez, mes bien-aimés, et vous verrez combien j’ai été bon, combien mon amour a été grand pour vous.
Contemplons, M.F., un instant, ce nombre infini d’âmes justes rentrant dans leurs corps qu’elles rendent semblables à de beaux soleils. Vous verrez tous ces martyrs, la palme à la main. Voyez-vous toutes ces vierges, la couronne de la virginité sur la tête ? Voyez-vous tous ces apôtres, tous ces prêtres ? Autant ils ont sauvé d’âmes, autant de rayons de gloire dont ils sont embellis. M.F., tous diront à Marie, cette Mère-Vierge : Allons rejoindre Celui qui est dans le ciel pour donner un nouvel éclat à vos beautés.
Mais non, un moment de patience ; vous avez été méprisés, calomniés et persécutés des méchants, il est juste, avant votre entrée dans ce royaume éternel, que les pécheurs viennent vous faire amende honorable.

II. – Mais, terrible et effrayante révolution ! j’entends la même trompette qui crie aux réprouvés de sortir des enfers. Venez, pécheurs, bourreaux et tyrans, dira Dieu qui voulait tous vous sauver, venez, paraissez au tribunal du Fils de l’homme ; de celui dont vous avez si souvent osé vous persuader qu’il ne vous voyait, ni ne vous entendait ! venez et paraissez, car tout ce que vous avez jamais commis sera manifesté en face de tout l’univers. Alors l’ange criera : Abîmes des enfers, ouvrez vos portes ! vomissez tous ces réprouvés ! leur juge les appelle. Ah ! terrible moment ! toutes ces malheureuses âmes réprouvées, horribles comme des démons, sortiront des abîmes, iront, comme des désespérés, chercher leurs corps. Ah ! cruel moment ! dans l’instant où l’âme entrera dans son corps, ce corps éprouvera toutes les rigueurs de l’enfer. Ah ! ce maudit corps, ces maudites âmes se donneront mille et mille malédictions. Ah ! maudit corps, dira l’âme à son corps qui l’a roulée et traînée dans la fange de ses impuretés il y a déjà plus de mille ans que je souffre et que je brûle dans les enfers. Venez, maudits yeux, qui tant de fois avez pris plaisir à faire des regards déshonnêtes sur vous ou sur d’autres, venez en enfer pour y contempler les monstres les plus horribles. Venez, maudites oreilles, qui avez pris tant de plaisir à ces paroles, à ces discours impurs, venez éternellement entendre les cris, les hurlements et les rugissements des démons. Venez, maudite langue et maudite bouche, qui tant de fois avez donné des baisers impurs et qui n’avez rien épargné pour contenter votre sensualité et votre gourmandise ; venez en enfer, où vous n’aurez que le fiel des dragons pour nourriture. Viens, maudit corps, que j’ai tant cherché à contenter ; viens, tu seras étendu, pendant l’éternité, dans un étang de feu et de soufre, allumé par la puissance et la colère de Dieu ! Ah ! qui pourra comprendre et nous raconter les malédictions que le corps et l’âme vont se vomir pendant toute l’éternité ?
Oui, M.F., voilà tous les justes et les réprouvés qui ont repris leur ancienne forme, c’est-à-dire, leurs corps tels que nous les voyons maintenant, qui attendent leur juge ; mais un juge juste et sans compassion, pour récompenser ou punir, selon le bien et le mal que nous aurons fait. Le voilà qui arrive, assis sur un trône, éclatant de gloire, environné de tous les anges, et l’étendard de sa croix marchant devant lui. Les damnés voyant leur juge ; ah ! que dis-je ? voyant celui qu’ils n’ont vu crucifié que pour leur procurer le bonheur du paradis, et qui, malgré lui se sont damnés : Montagnes, s’écrieront-ils, écrasez-nous, arrachez-nous de la face de notre juge ; rochers, tombez sur nous ; ah ! de grâce, précipitez-nous dès maintenant dans les enfers ! – Non, non, pécheur : avance et viens rendre compte de toute ta vie. Avance, malheureux ; qui as tant méprisé un Dieu si bon ! – Ah ! mon juge, mon père, mon créateur, où sont mon père, ma mère qui m’ont damné ? ah ! je veux les voir ; ah ! je veux leur demander le ciel qu’ils m’ont laissé perdre. Mon père et ma mère, c’est vous qui m’avez damné ; c’est vous qui êtes cause de mon malheur. – Non, non, avance vers le tribunal de ton Dieu, tout est perdu pour toi. – Ah ! mon juge, s’écriera cette jeune fille…, où est ce libertin qui m’a ravi le ciel ? – Non, non, avance : il n’y a plus de recours, tu es damnée ! plus d’espérance pour toi : oui, tu es perdue ; oui, tout est perdu, puisque tu as perdu ton âme et ton Dieu. Ah ! qui pourra comprendre le malheur d’un damné qui verra vis-à-vis de lui, c’est-à-dire, du côté des saints, un père ou une mère tout rayonnants de gloire et adjugés pour le ciel ; et se verra, lui, réservé pour l’enfer ! Montagnes, diront ces réprouvés, arrachez-vous ; ah ! de grâce, tombez-nous dessus ! Ah ! portes des abîmes, ouvrez-vous pour nous cacher ! – Non, pécheur, tu as toujours méprisé mes commandements ; mais c’est aujourd’hui que je veux te montrer que je suis ton maître. Parais devant moi avec tous tes crimes dont ta vie n’est qu’un tissu. Ah ! c’est alors, nous dit le prophète Ézéchiel, que le Seigneur prendra cette grande feuille miraculeuse, où sont écrits et consignés tous les crimes des hommes. Combien de péchés qui n’ont jamais paru aux yeux de l’univers et qui vont paraître ! Ah ! tremblez, vous qui, peut-être depuis quinze ou vingt ans, avez accumulé péchés sur péchés ! Ah ! malheur à vous !
Alors Jésus-Christ, le livre des consciences à la main, appellera tous les pécheurs pour les convaincre de tous les péchés qu’ils auront commis pendant toute leur vie, d’un ton de tonnerre épouvantable : Venez, impudiques, leur dira-t-il, approchez et lisez jour par jour ; voilà toutes ces pensées qui ont sali votre imagination, tous ces désirs honteux qui ont corrompu votre cœur ; lisez, et comptez vos adultères ; voilà le lieu, le moment où vous les avez commis ; voilà la personne avec laquelle vous avez péché. Lisez toutes vos mollesses et vos lubricités, lisez et comptez combien vous avez perdu d’âmes qui m’avaient coûté si cher. Il y avait plus de mille ans que votre corps était pourri et votre âme en enfer, que votre libertinage entraînait encore des âmes en enfer. Voyez cette femme que vous avez perdue ; voyez ce mari, ces enfants et ces voisins ! tous demandent vengeance, tous vous accusent que vous les avez perdus et disent que sans vous ils seraient pour le ciel. Venez, filles mondaines, instruments de Satan, venez et lisez tous ces soins et ces temps que vous avez employés à vous parer ; comptez le nombre de mauvaises pensées et de mauvais désirs que vous avez donnés à ceux qui vous ont vues. Voyez-vous toutes les âmes qui crient que c’est vous qui les avez perdues. Venez, médisants, semeurs de faux rapports, venez et lisez, voilà où sont marquées toutes vos médisances, vos railleries et vos noirceurs ; voilà toutes les divisions que vous avez occasionnées ; voilà tous les troubles que vous avez fait naître, toutes les pertes et tous les maux dont votre maudite langue a été la première cause. Allez, malheureux ; entendre en enfer les cris et les hurlements épouvantables des démons. Venez, maudits avares, lisez, et comptez cet argent et ces biens périssables auxquels vous avez attaché votre cœur, au mépris de votre Dieu, et pour lesquels vous avez sacrifié votre âme. Avez-vous oublié votre dureté pour les pauvres ? Le voilà, votre argent, et comptez-le ; voilà votre or et votre argent, demandez-leur maintenant du secours, dites-leur qu’ils vous tirent d’entre mes mains. Allez, maudits, crier famine dans les enfers. Venez, vindicatifs, lisez et voyez tout ce que vous avez fait pour nuire à vôtre prochain ; comptez toutes ces injustices, comptez toutes ces pensées de haine et de vengeance que vous avez nourries dans votre cœur ; allez, malheureux, en enfer. Vous avez été rebelles : mes ministres vous ont mille fois dit que si vous n’aimiez pas votre prochain comme vous-mêmes, il n’y avait point de pardon pour vous. Retirez-vous de moi, maudits, allez aux enfers, où vous serez les victimes de ma colère éternelle ; où vous apprendrez que la vengeance appartient à Dieu seul. Viens, viens, ivrogne, regarde : voilà jusqu’à un verre le vin, jusqu’à un morceau le pain que tu as arraché de la bouche de ta femme et de tes enfants ; voilà tous tes excès, les reconnais-tu ? Sont-ce bien les tiens, ou, ceux de ton voisin ? Voilà le nombre de nuits, de jours que tu as passés dans les cabarets, les dimanches et les fêtes, voilà, jusqu’à une seule, les paroles déshonnêtes que tu as dites dans ton ivresse ; voilà tous les jurements, toutes les imprécations que tu as vomies ; voilà tous les scandales que tu as donnés à ta femme, à tes enfants et à tes voisins. Oui, j’ai tout écrit et tout compté. Va, malheureux, t’enivrer dans les enfers du fiel de ma colère. Venez, marchands, ouvriers, de quelque état que vous soyez ; venez, rendez-moi compte jusqu’à une obole, de tout ce que vous avez acheté et vendu ; venez, examinons ensemble si vos mesures et vos comptes sont conformes aux miens ? Voilà, marchands, le jour où vous avez trompé cet enfant ;
voilà ce jour où vous avez fait payer deux fois la même chose. Venez, profanateurs des sacrements, voilà tous vos sacrilèges, toutes vos hypocrisies. Venez, pères et mères, rendez-moi compte de ces âmes que je vous ai confiées ; rendez-moi compte de tout ce qu’ont fait vos enfants, vos domestiques ; voilà toutes les fois que vous leur avez donné la permission pour aller dans des lieux et des compagnies où ils ont péché. Voilà toutes les mauvaises pensées et les mauvais désirs que votre fille a donnés ; voilà tous les embrassements et autres actions infâmes ; voilà toutes ces paroles impures que votre fils a prononcées. Mais, Seigneur, diront les pères et mères, je ne le lui ai pas commandé. N’importe, leur dira leur juge, les péchés de tes enfants sont les tiens2. Où sont les vertus que tu leur as fait pratiquer ? Où sont les bons exemples que tu leur as donnés ? Où les bonnes œuvres que tu leur as fait faire ? Hélas ! que vont devenir ces pères et mères qui voient que leurs enfants, les uns s’en vont danser, les autres dans les jeux et les cabarets, et qui vivent tranquilles ? O mon Dieu, quel aveuglement ! Oh ! que de crimes dont ils vont se voir accablés dans ces terribles moments ! Oh ! que de péchés cachés qui vont être manifestés à la face de tout l’univers ! Oh ! abîmes profonds des enfers, ouvrez-vous pour engloutir ces foules de réprou­vés qui n’ont vécu que pour outrager Dieu et se damner. Alors, me direz-vous, toutes les bonnes œuvres que nous avons faites ne nous serviront donc de rien ? Ces jeûnes, ces pénitences, ces aumônes, ces communions ; ces confessions seront donc sans récompense ? Non, vous dira Jésus-Christ, toutes vos prières n’étaient que routine, vos jeûnes qu’hypocrisie, vos aumônes que vaine gloire ; votre travail n’avait point d’autre but que l’avarice et la cupidité ; vos souffrances n’étaient accompagnées que de plaintes et de murmures ; dans ce que vous faisiez, je n’étais pour rien. D’ailleurs je vous ai récompensés par des biens temporels, j’ai béni votre travail ; j’ai donné la fertilité à vos champs, enrichi vos enfants ; le peu de bien que vous avez fait, je vous en ai donné toute la récompense que vous pouviez en attendre. Mais, vous dira-t-il, vos péchés vivent encore, ils vivront éternellement devant moi ; allez, maudits, au feu éternel préparé pour tous ceux qui m’ont méprisé pendant leur vie.
Sentence terrible, mais infiniment juste. Quoi de plus juste ? Un pécheur qui, toute sa vie, n’a fait que se rouler dans le crime, malgré les grâces que le bon Dieu lui présentait sans cesse pour en sortir ! Voyez-vous ces impies qui se raillaient de leur pasteur, qui méprisaient la parole de vie, qui tournaient en ridicule ce que leur pasteur leur disait ? Voyez-vous ces pécheurs qui se faisaient gloire de n’avoir point de religion, qui raillaient ceux qui la pratiquaient ? Les voyez-vous, ces mauvais chrétiens qui avaient si souvent à la bouche ces horribles blasphèmes, qui disaient qu’ils trouvaient encore le pain bien bon et qu’ils n’avaient pas besoin de la confession ? Voyez-vous ces incrédules qui nous disaient que, quand nous étions morts, tout était fini ? Voyez-vous leur désespoir, les entendez-vous avouer leur impiété ? Les entendez-vous crier miséricorde ? Mais tout est fini, vous n’avez plus que l’enfer pour partage. Voyez-vous cet orgueilleux qui raillait et méprisait tout le monde ? Le voyez-vous abîmé dans son cœur, condamné pour une éternité sous les pieds des démons ? Voyez-vous cet incrédule qui disait qu’il n’y a ni Dieu, ni enfer ? Le voyez-vous avouer à la face de tout l’univers qu’il y a un Dieu qui le juge et un enfer où il va être précipité pour ne jamais en sortir ? Il est vrai que Dieu donnera la liberté à tous les pécheurs de donner leurs raisons et leurs excuses pour se justifier, s’ils le peuvent. Mais, hélas ! que pourra dire un criminel qui ne voit en lui-même que crime et ingratitude ? Hélas ! tout ce que pourra dire un pécheur dans ce moment malheureux ne servira qu’à montrer davantage son impiété et son ingratitude.

III. – Voici sans doute, M.F., ce qu’il y aura de plus effrayant dans ce terrible moment, ce sera quand nous verrons que Dieu n’a rien épargné pour nous sauver, qu’il nous a fait part des mérites infinis de sa mort sur la croix, qu’il nous a fait naître dans le sein de son Église, qu’il nous a donné des pasteurs pour nous montrer et nous enseigner tout ce que nous devions faire pour être heureux. Il nous a donné les sacrements pour nous faire recouvrer son amitié toutes les fois que nous l’avions perdue ; il n’a point mis de bornes au nombre des péchés, qu’il voulait nous pardonner ; si notre retour était sincère, nous étions sûrs de notre pardon. Il nous a attendus nombre d’années, quoique nous ne vivions que pour l’outrager ; il ne voulait pas nous perdre, mais plutôt il voulait absolument nous sauver ; et nous n’avons pas voulu ! C’est nous-mêmes qui le forçons par nos péchés de porter une sentence de réprobation éternelle : Allez, maudits enfants, allez trouver celui que vous avez imité : pour moi, je ne vous reconnais pas, sinon pour vous écraser de toutes les fureurs de ma colère éternelle.
Venez, nous dit le Seigneur par un de ses prophètes, venez, hommes, femmes, riches et pauvres, pécheurs, qui que vous soyez, de quelque état et condition que vous soyez, dites tous ensemble, dites vos raisons et moi je dirai les miennes. Entrons en jugement, pesons tout au poids du sanctuaire. Ah ! terrible moment pour un pécheur qui, de quelque côté qu’il considère sa vie, ne voit que péché et point de bien ! Mon Dieu ! que va-t-il, devenir ! Dans ce monde, le pécheur a toujours quelque excuse à alléguer à tous les péchés qu’il a commis ; il porte même son orgueil jusqu’au tribunal de la pénitence, où il ne devrait paraître que pour s’accuser lui-même et se condamner. Les uns prétextent l’ignorance ; les autres, les tentations trop violentes ; enfin d’autres, les occasions et les mauvais exemples : voilà tous les jours, les raisons que donnent les pécheurs pour cacher la noirceur de leurs crimes. Venez, pécheurs orgueilleux, voyons si vos excuses seront bien reçues au jour du jugement, et expliquez-vous avec celui qui, le flambeau à la main, a tout vu, tout compté, tout pesé.
Vous ne saviez pas, dites-vous, que cela était un péché ! Ah ! malheureux, vous dira Jésus-Christ, si vous étiez né parmi les nations idolâtres qui n’ont jamais entendu parler du vrai Dieu, vous pourriez encore un peu vous excuser sur votre ignorance ; mais vous, chrétien, qui avez eu le bonheur de naître dans le sein de mon Église, d’être élevé au centre de la lumière, vous à qui l’on a si souvent parlé de votre bonheur éternel ! Dès votre enfance, on vous apprenait tout ce qu’il fallait faire pour vous le procurer ; vous que jamais l’on ne cessa d’instruire, d’exhorter et de reprendre, vous osez vous excuser sur votre ignorance ! Ah ! malheureux, si vous viviez dans l’ignorance, c’était bien parce que vous n’aviez pas voulu vous instruire ; c’était bien parce que vous n’aviez pas voulu profiter des instructions ou que vous les aviez fuies. Allez, malheu­reux ! allez, vos excuses vous rendent encore plus digne de malédictions ! Allez, maudit enfant, dans les enfers, y brûler avec votre ignorance.
Mais, dira un autre, mes passions étaient bien vives, et ma faiblesse était bien grande. – Mais, leur dira le Seigneur, puisque Dieu était si bon que de vous faire connaître votre faiblesse, et que vos pasteurs vous disaient qu’il fallait continuellement veiller sur vous-même, vous mortifier, si vous vouliez dompter vos passions, pourquoi faisiez-vous donc tout le contraire ? Pourquoi preniez-vous tant de soins de contenter votre corps et de chercher vos plaisirs ? Dieu vous faisait connaître votre faiblesse, et vous tombiez à chaque instant : pourquoi n’aviez-vous donc pas recours à Dieu pour lui demander sa grâce ? Pourquoi n’écoutiez-vous pas vos pasteurs, qui ne cessaient de vous exhorter à demander les grâces et les forces dont vous aviez besoin pour vaincre le démon ? Pourquoi avez-vous eu tant d’indifférence et de mépris pour les sacrements, où vous aviez tant de grâce, tant de force, pour faire le bien et éviter le mal ? Pourquoi avez-vous donc si souvent méprisé la parole de Dieu, qui vous aurait guidé dans le chemin que vous deviez prendre pour aller à lui ? Ah ! pécheurs ingrats et aveugles, tous ces biens étaient à votre disposition, vous pouviez vous en servir comme tant d’autres. Qu’avez-vous fait pour vous empêcher de tomber dans le péché ? Si vous avez prié et n’avez pas obtenu, c’est que vous n’avez prié que par routine ou habitude. Allez, malheureux ! plus vous aviez connu votre faiblesse, plus vous deviez avoir recours à Dieu qui vous aurait soutenu et aidé à opérer votre salut. Allez, maudit, vous n’en êtes que plus criminel.
Mais, il y a tant d’occasion de pécher, dira encore un autre. – Mon ami, je connais trois sortes d’occasions qui peuvent nous porter au péché. Tous les états ont leurs dangers et offrent de ces occasions. Je dis qu’il y en a trois sortes : celles où nous sommes nécessairement exposés par les devoirs de notre état, celles que nous rencontrons sans les chercher, et celles où nous nous engageons sans nécessité. Si celles où nous nous engageons sans nécessité ne nous serviront point d’excuses, ne cherchons pas à excuser un péché par un autre péché. Vous avez entendu chanter une mauvaise chanson, dites-vous ; vous avez entendu une médisance ou une calomnie : et pourquoi êtes-vous allé dans cette maison ou cette compagnie ? Pourquoi fréquentez-vous ces personnes sans religion ? Ne savez-vous pas que celui qui s’expose au danger est coupable et y périra ? Celui qui tombe sans s’exposer se relève aussitôt, et sa chute le rend encore plus vigilant et plus sage. Mais ne voyez-vous pas que Dieu qui nous a promis son secours dans nos tentations, ne nous l’a pas promis lorsque nous avons la témérité de nous exposer de nous-mêmes ? Allez, malheureux, vous avez cherché vous-même à vous perdre ; vous méritez l’enfer qui est réservé aux pécheurs comme vous.
Mais, me direz-vous, l’on a continuellement de mauvais exemples devant les yeux. – Vous avez de mauvais exemples, quelle frivole excuse ! Si vous en avez de mauvais, n’en avez-vous pas aussi de bons ? Pourquoi n’avez-vous pas plutôt suivi les bons que les mauvais ? Lorsque vous voyiez aller cette jeune fille à l’église, à la table sainte, pourquoi ne la suiviez-vous pas plutôt que celle qui allait aux danses ? Lorsque ce jeune homme venait à l’église pour y adorer Jésus-Christ dans son saint tabernacle, pourquoi n’avez-vous pas plutôt suivi ses traces que celles de celui qui allait au cabaret ? Dites plutôt, pécheur, que vous avez mieux aimé suivre la voie large qui vous a conduit dans ce malheur où vous vous trou­vez, que le chemin que le Fils de Dieu a tracé lui-même. La vraie cause de vos chutes et de votre réprobation ne sont donc ni des mauvais exemples, ni des occasions, ni de vos faiblesses, ni des grâces qui vous manquaient ; mais seulement des mauvaises dispositions de votre cœur que vous n’avez pas voulu réprimer. Si vous avez fait le mal, c’est parce que vous l’avez bien voulu. Votre perte vient donc uniquement de vous.
Mais, me direz-vous, l’on nous avait toujours dit que Dieu était bon. – Il est vrai qu’il est bon ; mais il est juste : sa bonté et sa miséricorde sont passées pour vous ; il n’y a plus que sa justice et sa vengeance. Hélas ! M.F., nous qui avons tant de répugnance pour nous confesser, si, cinq minutes avant ce grand jour, Dieu nous donnait des prêtres, pour leur confesser nos péchés, afin qu’ils fussent effacés, ah ! avec quel empressement n’en profi­terions-nous pas ? Ce qui ne nous sera point accordé en ce moment de désespoir. Le roi Bogoris fut bien plus sage que nous : ayant été instruit par un missionnaire de la religion catholique, il était retenu encore par les faux plaisirs du monde. Par un effet de la providence de Dieu, un peintre chrétien, à qui il avait donné commission de peindre dans son palais la chasse la plus terrible aux bêtes farouches, lui peignit au contraire le jugement dernier, le monde tout en feu, Jésus-Christ au milieu des tonnerres et des éclairs, l’enfer déjà ouvert pour engloutir les damnés, avec des figures si épouvantables que le roi resta immo­bile. Revenu à lui-même, il se rappela ce que le mission­naire lui avait dit qu’il fallait faire pour éviter les horreurs de ce moment-là, où le pécheur ne peut avoir que le déses­poir pour partage ; et, renonçant de suite à tous ses plaisirs, il passa le reste de sa vie dans la pénitence et les larmes.
Hélas ! M.F., si ce prince ne s’était pas converti, il serait également mort, il aurait quitté tous ses biens et ses plaisirs, il est vrai, un peu plus tard ; mais, lui mort, depuis bien des siècles ses biens auraient passé à d’autres. Il serait en enfer, et brûlerait pour jamais, tandis qu’il est dans le ciel pour une éternité, qu’il est content en attendant le grand jour du jugement, de voir que tous ses péchés lui sont pardonnés, et qu’ils ne reparaîtront jamais, ni aux yeux de Dieu, ni aux yeux des hommes.
Ce fut cette pensée bien méditée par saint Jérôme, qui le porta à tant de rigueurs sur son corps et à tant verser de larmes. Ah ! s’écriait-il dans sa solitude, il me semble que j’entends à chaque instant cette trompette qui doit réveiller tous les morts, m’appeler au tribunal de mon Juge. Cette même pensée faisait trembler un David sur son trône, un Augustin au milieu de ses plaisirs, malgré tous les efforts qu’il faisait pour l’étouffer. Il disait de temps en temps à son ami Alipe : Ah ! cher ami, un jour viendra que nous paraîtrons tous devant le tribunal de Dieu, pour y recevoir la récompense du bien ou le châtiment du mal que nous aurons fait pendant notre vie ; quittons, mon cher ami, lui disait-il, la route du crime pour celle qu’ont suivie tous les saints. Préparons-nous à ce jour dès l’heure présente.
Saint Jean Climaque nous rapporte qu’un solitaire quitta son monastère pour passer dans un autre et y faire plus de pénitence. La première nuit, il fut cité au tribunal de Dieu qui lui montra qu’il était redevable envers sa justice de cent livres d’or. Hélas ! Seigneur, s’écria-t-il, que vais-je faire pour les acquitter ? Il demeura trois ans dans ce monastère, où Dieu permit qu’il fût méprisé et maltraité de tous les autres, au point qu’il semblait que personne ne pouvait le souffrir. Notre-Seigneur lui apparut une deuxième fois en lui disant qu’il n’avait encore acquitté qu’un quart de sa dette. Ah ! Seigneur, s’écria-il, que faut-il donc que je fasse pour me justifier ? Il contrefit le fou pendant treize ans, faisant tout ce que l’on voulait ; on le traitait durement comme une bête de somme. Le bon Dieu lui apparut une troisième fois en lui disant qu’il en avait acquitté la moitié. Ah ! Seigneur, répondit-il, puisque je l’ai voulu, je dois souffrir pour payer votre justice. Ah ! mon Dieu ! n’attendez pas, pour punir mes péchés, après le jugement.
Saint Jean Climaque nous rapporte un autre trait qui fait frémir. Il y avait, nous dit-il, un solitaire qui, depuis quarante ans, pleurait ses péchés au fond d’un bois. La veille de sa mort, tout à coup, hors de lui-même, ouvrant les yeux, regardant à droite et à gauche de son lit, comme s’il eût vu quelqu’un qui lui demandait compte de sa vie, il répondait d’une voix tremblante : Oui, j’ai commis ce péché, mais je l’ai confessé et j’en ai fait pénitence pen­dant tant d’années ; jusqu’à ce que le bon Dieu m’ait pardonné. – Tu as commis aussi ce péché, lui disait cette voix. – Non, lui répondit le solitaire, je ne l’ai pas commis. Avant de mourir on l’entendit crier : Mon Dieu, mon Dieu, ôtez, ôtez, s’il vous plaît, mes péchés de devant mes yeux, je ne peux plus y tenir. Hélas ! qu’allons-nous devenir, si le démon reproche même les péchés que nous n’avons pas commis3, nous qui sommes tout couverts de péchés, et n’avons point fait de pénitence ? Hélas ! à quoi nous attendre pour ce terrible moment ? Si les saints sont à peine rassurés, qu’allons-nous devenir ?
Que devons-nous conclure, de tout cela, M.F. ? Le voici : c’est qu’il ne faut jamais perdre de vue que nous serons jugés un jour sans miséricorde, et que tous nos péchés paraîtront aux yeux de tout l’univers ; et, qu’après ce jugement, si nous nous trouvons dans ces péchés, nous irons les pleurer dans les enfers sans pouvoir ni les effacer, ni les oublier. Oh ! que nous sommes aveugles, mes frères, si nous ne profitons du peu de temps qui nous reste à vivre pour nous assurer le ciel ! Si nous sommes pécheurs, nous avons dans cette vie l’espérance du pardon ; au lieu que, si nous attendons alors, il n’y aura plus de ressources. Crions du fond de l’âme : Mon Dieu !. faites-moi la grâce de ne jamais perdre le souvenir de ce moment terrible, surtout lorsque je serai tenté, pour ne pas me laisser succomber ; afin qu’en ce jour nous entendions ces douces paroles sortir de la bouche du Sauveur : « Venez, les bénis de mon Père, posséder le royaume qui vous est préparé depuis le commencement du monde. »

St Jean-Marie VIANNEY (+1859) curé d’Ars.



Bible audio mp3 – Ancien Testament – Les livres prophétiques

Bible catholique Crampon, en audio, mp3 et ogg.

Afin de faciliter le téléchargement du groupe de livres de l’Ancien Testament intitulé: « Les livres prophétiques », des zips ont été mis à votre disposition sur www.mission-web.com

Vous pouvez au choix télécharger les livres entiers et/ou les livres chapitre par chapitre.

Bonne écoute 🙂



Livre audio mp3: Histoire d’une âme – Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus

Écoutez et téléchargez gratuitement le livre audio (mp3):

« Histoire d’une âme » de Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus (Lisieux)

depuis cette page:

http://www.mission-web.com/livres.php?contenu=livres/histoire_ame

D’autres livres sont à venir. Vous pouvez donner des suggestions de livres à mettre à disposition. Ces livres doivent être dans le domaine public et disponibles au format texte.



Le cercle du monde – Dorothée de Gaza

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      Plus on est uni au prochain, plus on est uni à Dieu. Pour que vous compreniez le sens de cette parole, je vais vous donner une image tirée des Pères.

Supposez un cercle tracé sur la terre, c’est-à-dire une ligne tirée en rond avec un compas, et un centre. On appelle précisément centre le milieu du cercle. Appliquez votre esprit à ce que je vous dis. Imaginez que ce cercle, c’est le monde; le centre, Dieu; et les rayons, les différentes voies ou manières de vivre des hommes.

Quand les saints, désirant approcher de Dieu, marchent vers le milieu du cercle, dans la mesure où ils pénètrent à l’intérieur, ils se rapprochent les uns des autres; et plus ils se rapprochent les uns des autres, plus ils s’approchent de Dieu. Et vous comprenez qu’il en est de même en sens inverse, quand on se détourne de Dieu pour se retirer vers l’extérieur: il est évident alors que, plus on s’éloigne de Dieu, plus on s’éloigne les uns des autres, et que plus on s’éloigne les uns des autres, plus on s’éloigne aussi de Dieu. Telle est la nature de la charité.

DOROTHÉE DE GAZA (+ VIè s.), moine de Gaza



Les chrétiens dans le monde – extrait de la Lettre à Diognète

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      Les chrétiens dans le monde – Extrait de la Lettre à Diognète (elle date de la fin du II è siècle)

« Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes. Car ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils n’emploient pas quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier. Leur doctrine n’a pas été découverte par l’imagination ou par les rêveries d’esprits inquiets; ils ne se font pas, comme tant d’autres, les champions d’une doctrine d’origine humaine.

Ils habitent les cités grecques et les cités barbares suivant le destin de chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et le reste de l’existence, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur manière de vivre. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie leur est une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils prennent place à une table commune, mais qui n’est pas une table ordinaire.

Ils sont dans la chair, mais ils ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre est plus parfaite que les lois. Ils aiment tout le monde, et tout le monde les persécute. On ne les connaît pas, mais on les condamne ; on les tue et c’est ainsi qu’ils trouvent la vie. Ils sont pauvres et font beaucoup de riches. Ils manquent de tout et ils tout en abondance. On les méprise et, dans ce mépris, ils trouvent leur gloire. On les calomnie, et ils y trouvent leur justification. On les insulte, et ils bénissent. On les outrage, et ils honorent. Alors qu’ils font le bien, on les punit comme des malfaiteurs. Tandis qu’on les châtie, ils se réjouissent comme s’ils naissaient à la vie. Les Juifs leur font la guerre comme à des étrangers, et les Grecs les persécutent ; ceux qui les détestent ne peuvent pas dire la cause de leur hostilité.

En un mot, ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. L’âme est répandue dans tous les membres du corps comme les chrétiens dans les cités du monde. L’âme habite dans le corps, et pourtant elle n’appartient pas au corps, comme les chrétiens habitent dans le monde, mais n’appartiennent pas au monde. L’âme invisible est retenue prisonnière dans le corps visible; ainsi les chrétiens : on les voit vivre dans le monde, mais le culte qu’ils rendent à Dieu demeure invisible. La chair déteste l’âme et lui fait la guerre, sans que celle-ci lui ai fait de tort, mais parce qu’elle l’empêche de jouir des plaisirs ; de même que le monde déteste les chrétiens, sans que ceux-ci lui aient fait de tort, mais parce qu’ils s’opposent à ses plaisirs.

L’âme aime cette chair qui la déteste, ainsi que ses membres, comme les chrétiens aiment ceux qui les détestent. L’âme est enfermée dans le corps, mais c’est elle qui maintient le corps; et les chrétiens sont comme détenus dans la prison du monde, mais c’est eux qui maintiennent le monde. L’âme immortelle campe dans une tente mortelle: ainsi les chrétiens campent-ils dans le monde corruptible, en attendant l’incorruptibilité du ciel. L’âme devient meilleure en se mortifiant par la faim et la soif; et les chrétiens, persécutés, se multiplient de jour en jour. Le poste que Dieu leur a fixé est si beau qu’il ne leur est pas permis de le déserter. »

De la Lettre à Diognète, nn. 5-6 (Funk, 1, 317-321)
source:http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010522_diogneto_fr.html

Prière

Dieu qui aime l’innocence et la fais recouvrer, oriente vers toi le cœur de tes fidèles: tu les as libérés des ténèbres de l’incroyance, fais qu’ils n’abandonnent jamais la lumière de ta vérité. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen

Préparé par le Département de Théologie Spirituelle de
L’Université Pontificale de la Sainte-Croix



Fond et forme de la vie chrétienne – St Augustin

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      La force de salut, c’est d’avoir la racine de la charité, la vertu de piété, non pas seulement la forme extérieure de la vie chrétienne. Cette forme est bonne, elle est sainte, mais que vaut-elle si elle ne tient pas à la racine?
      Le sarment coupé n’est-il pas jeté au feu? Aie la forme de la vie chrétienne, mais à la racine. Garde la charité.

St Augustin (+430) Père de l’Église



Voyants ou Christ? – St Jean de la Croix

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      Saint Jean de la Croix (docteur de l’Église Catholique), nous enseigne ceci dans son livre « La montée du Carmel » au chapitre XX:

« Dès lors qu’il nous a donné son Fils, qui est sa Parole, il n’a pas d’autre parole à nous donner. Il nous a tout dit à la fois et d’un seul coup en cette seule Parole; il n’a donc plus à nous parler. […]

Voilà pourquoi celui qui voudrait maintenant l’interroger, ou désirerait une vision ou une révélation, non seulement ferait une folie, mais ferait injure à Dieu, en ne jetant pas les yeux uniquement sur le Christ, sans chercher autre chose ou quelque nouveauté. Dieu pourrait en effet lui répondre de la sorte: Si je t’ai déjà tout dit dans ma parole, qui est mon Fils, je n’ai maintenant plus rien à te révéler ou à te répondre qui soit plus que lui. Fixe ton regard uniquement sur lui; c’est en lui que j’ai tout déposé, paroles et révélations; en lui tu trouveras même plus que tu ne demandes et que tu ne désires. Tu me demandes des paroles, des révélations ou des visions, en un mot des choses particulières; mais si tu fixes les yeux sur lui, tu trouveras tout cela d’une façon complète, parce qu’il est toute ma parole, toute ma réponse, toute ma vision, toute ma révélation. Or, je te l’ai déjà dit, répondu, manifesté, révélé, quand je te l’ai donné pour frère, pour maître, pour compagnon, pour rançon, pour récompense.[…]

Celui qui voudrait recevoir encore par la voie surnaturelle certaines communications surnaturelles semblerait accuser Dieu de ne pas nous avoir donné en son Fils tout ce qui nous était nécessaire, comme nous l’avons dit. Supposé même qu’il agisse ainsi tout en ayant la foi, et en croyant ses enseignements, il manifeste un esprit de curiosité et l’imperfection de sa foi. Ce n’est donc point de cette curiosité qu’il faut attendre un enseignement doctrinal ou une communication par voie surnaturelle.[…]

Ainsi donc nous devons nous guider en tout d’après la doctrine du Christ Notre-Seigneur, fait Homme pour nous, de son Église, de ses ministres qui nous parlent d’une manière humaine et visible. Par cette voie nous trouverons le remède à nos ignorances et à nos faiblesses spirituelles; par cette voie nous trouverons des secours abondants pour tous nos besoins. Tout ce qui sort de cette voie ou s’en écarte, non seulement est de la curiosité, mais encore une grande présomption. On ne doit rien croire de ce qui vient par voie surnaturelle, si ce n’est, je le répète, l’enseignement de Jésus-Christ fait Homme, et celui de ses ministres qui sont hommes aussi. Cela est tellement vrai que saint Paul a dit: « Si quelque ange du ciel venait vous évangéliser autrement que nous, hommes, nous vous avons évangélisé, qu’il soit maudit et excommunié (Gal. I, 8). »

Il est donc vrai que nous devons toujours nous en tenir à ce que le Christ nous a enseigné. Tout le reste n’est rien; et nous ne devons pas le croire s’il n’est pas conforme à son enseignement. »

St Jean de la Croix (+1591) Docteur de l’Église.